Le Sénégal recevra bien les 20 millions d’euros annoncés urbi et orbi par ses autorités, soit l’équivalent de 13 milliards de francs Cfa. Initialement prévue intégralement pour le plan Reva pour lutter contre l’émigration clandestine, une bonne partie de cette somme a néanmoins été réorientée vers des secteurs autres que l’agriculture.
La barque de la coopération espagnole avec le Sénégal semble, enfin, arriver à bon port, avec la courte visite officielle de Jose Luis Zapatero. Le président du gouvernement du royaume d’Espagne, après s’être fait déblayer le terrain de l’émigration locale par plusieurs de ses ministres, pendant plusieurs semaines, est venu finaliser avec les autorités sénégalaises plusieurs accords de coopération avec notre pays. Au cours d’une conférence de presse, tenue hier, au Palais de la République conjointement avec le Président Abdoulaye Wade, le Premier ministre ibérique a confirmé l’engagement de son pays à aider le Sénégal à hauteur de 20 millions d’euros.
Toutefois, cette somme qui équivaut aux 13 milliards de francs Cfa, longtemps annoncée par les autorités, n’est plus seulement destinée au financement du plan Retour des émigrés vers l’agriculture (Réva), comme le président sénégalais et certains de ses proches l’ont fait croire en pleine crise des embarcations prenant la direction des Iles Canaries, avec leurs lots de catastrophes humaines. Zapatero s’est voulu catégorique. «Je voudrais vous donner un chiffre : les 20 millions d’euros dont une partie est non remboursable, sont consacrés essentiellement à des aspects sociaux» dont l’éducation, la santé, la formation pour l’emploi et, bien évidemment, «il y en a aussi pour le plan de Retour vers l’agriculture».
Plusieurs accords de coopération ont été signés entre les deux pays, notamment sur «l’émigration légale, le trafic des êtres humains, la criminalité transfrontalière, le rapatriement et la réinsertion des émigrés clandestins…». Sur ce dernier point qui a fait l’objet d’étroites négociations entre les deux parties, des incertitudes demeurent. En visite à Saint-Louis en début de semaine, le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, avait annoncé la disponibilité de l’Espagne à offrir «4 000 visas» à la jeunesse sénégalaise «d’ici la fin de l’année 2008». Mais, le président du gouvernement espagnol n’a pas été aussi précis, tant sur le chiffre que sur l’échéance, lors de sa conférence de presse d’hier matin. Mais, d’après d’autres sources, c’est le chef de la diplomatie espagnole, qui s’est chargé de confirmer ce que Me Ousmane Ngom disait. Miguel Angel Moratinos, qui faisait partie de la délégation espagnole, est même allé plus loin. «D’ici 2008, 4 000 visas seront fournis aux Sénégalais (…) Je précise que ce chiffre n’est pas fermé. Je ne veux pas trop m’avancer, car il est possible d’en attribuer plus (de 4 000).»
Particulièrement «social», Jose Luis Zapatero a justifié l’intervention espagnole au Sénégal. «Nous sommes (…) dans un pays dont le Pib par tête d’habitant fait trois fois moins celui de l’Union européenne, 60 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et l’espérance de vie est de 53 ans. C’est un pays qui mérite toute l’aide nécessaire pour faire justice (…) Nous sommes là pour apporter toute l’aide sociale.»
Destination favorite des jeunes Africains, l’Espagne a vécu une année d’enfer avec le débarquement, sur ses côtes, de dizaines de milliers de clandestins déroutés par la fermeture des zones de passages de Ceuta et Melilla, deux enclaves marocaines qu’elle contrôle. Des milliers de Séné-galais, qui ont pris la mer à bord d’embarcations de fortune. Après un accord entre Dakar et Madrid, près de 5 000 d’entre eux ont été rapatriés à Saint-Louis (nord du Sénégal) à bord de vols charters affrétés par les autorités espagnoles. <11>[email protected]
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