Le maire de Thiès, sur les ondes de la Radio France Internationale (Rfi), a laissé entendre qu’il était disposé à se ranger derrière l’opposition en cas de deuxième tour lors des prochaines échéances électorales. Mais, vu la personnalité de l’homme mais aussi les relations heurtées qu’il entretient avec certains membres de cette classe politique, on est tenté de croire que derrière cette volonté manifestée par Idrissa Seck se cache une intention inavouée de semer les graines de l’implosion du camp de Bathily et Cie pour se frayer un raccourci vers le pouvoir.
« Je suis en discussion avec Ousmane Tanor Dieng, comme avec les autres leaders de l’opposition, Amath Dansokho, Moustapha Niasse, Landing Savané et Abdoulaye Bathily car il faut un rassemblement pour se concentrer sur le pays. (…). Je suis tout à fait disposé à m’aligner derrière celui que les suffrages auront désigné, au premier tour, comme étant le meilleur profil dans l’opposition ». Ces propos tenus par l’ex Premier ministre ont sûrement fait sourire, et à juste titre, plus d’un Sénégalais. En effet, il suffit de connaître l’homme Seck et de jeter un regard sur son parcours politique pour douter sérieusement de la franchise d’une telle promesse. Cet homme imbu de sa personne n’a-t-il pas trahi son « père » dans le seul but d’accéder au trône ? Ce narcissique n’a-t-il pas mis sur la place publique des secrets de l’Etat pour jeter le discrédit sur le chef de l’Etat et ainsi réaliser son destin de n° 1 ? Comment peut-on croire qu’un tel homme, qui dit à qui veut l’entendre qu’il ne milite que pour le chiffre « 1 » puisse se positionner derrière un quelconque responsable politique. En réalité, le dessein poursuivi par Idy ne serait-il pas de diviser le camp de l’opposition pour mieux se positionner sur la scène politique nationale ? Cette dernière question se pose d’autant plus que tout le monde sait que Idy n’est pas en odeur de sainteté avec certains des ténors de l’opposition. C’est le cas, par exemple, de Moustapha Niasse de l’Alliance des Forces du Progrès (Afp) dont le fauteuil de Premier ministre a été scié par le maire de Thiès.
D’ailleurs, au cours de sa rentrée politique qui a eu lieu jeudi dernier, le secrétaire général du Parti des Travailleurs et du Peuple (Ptp), Me El Hadji Diouf, n’a pas manqué de rappeler que juste un mois après la nomination du secrétaire général de l’Afp au poste de chef de Gouvernement, le maire de Thiès a commencé à se positionner comme son rival. Et Me Diouf d’indiquer que l’édile de la ville de Thiès disait alors, à qui veut l’entendre, qu’il était en compétition avec Niasse et qu’il allait le battre. Comment peut-on imaginer que Idy, après avoir tenu de tels propos, puisse accepter de se ranger derrière Niasse. De la même manière, on voit mal comment Idy pourrait travailler avec Abdoulaye Bathily de la Ligue Démocratique/Mouvement pour le travail (Ld/Mpt). D’ailleurs, ce dernier semble bien avoir flairé le coup fourré que l’ancien n° 2 du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) semble leur préparer. En effet, dans la presse de ce week-end, le chef de file de la Ld/Mpt aurait laissé entendre qu’il n’avait aucun commentaire à faire par rapport aux propos du maire de Thiès. Mieux encore, le « jallarbiste » en chef aurait indiqué que sa formation politique n’avait aucun contact avec celle du premier magistrat de la ville de Thiès. « Pour être clair, je vous dis que nous n’avons pas eu de discussion avec Idrissa Seck. D’ailleurs, il y a longtemps que nous n’avons pas échangé avec lui » aurait-il lâché. Ce démenti cinglant par rapport aux propos de Idy laisse croire que l’idée selon laquelle « Ndiomborton » serait en train de faire dans la ruse pour semer le doute et la suspicion dans le camp de l’opposition est à prendre au sérieux. Reste maintenant à savoir si Niasse et ses camarades le laisseront faire. Rien n’est moins sûr. Et le chargé de la communication de la formation socialiste, Abdoulaye Wilane, donne déjà le ton en martelant que Idy n’est pas leur allié. « Nous sommes ses adversaires politiques. (…). Il est impensable et inimaginable que le Ps se range derrière qui que ce soit. On ne peut pas avoir combattu le Pds et nous mettre derrière lui (Idrissa Seck) ». Voilà qui est clair. D’ailleurs, que peut-on espérer d’une alliance entre Idy et l’opposition. Pas grand-chose à notre avis. Pour cause, même s’il arrivait que l’alliance Idy-opposition vienne à bout de la mouvance présidentielle, ce qui est peu probable, les Sénégalais seraient encore loin d’être sortis de l’auberge. En effet, d’autres équations et non des moindres vont encore se poser.
Comment se fera le partage du pouvoir ? Comment des hommes qui n’ont pas la même vision des choses pourront-ils conjuguer leurs efforts pour favoriser le bien-être des populations ? Un mariage politique entre le maire de la cité du rail et l’opposition ne donnera-t-il pas forcément naissance à un enfant non viable, un mort-né ? Ce sont là autant de questions que l’on se pose et qui nous confortent davantage dans notre certitude qu’en se rapprochant des adversaires politiques de Me Wade, Idy s’inscrit moins dans la logique d’apporter un quelconque soutien à ces derniers que dans celle de réaliser son souhait ardent de présider aux destinées de notre cher Sénégal. Une entreprise que Me El Hadji Diouf n’est pas du tout disposé à faciliter, lui qui appelle ses compatriotes à barrer la route à Idrissa Seck qu’il qualifie, entre autres, de « voleur », de « dictateur », d’«escroc politique » et d’« ennemi n° 1 du pays ».
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