Pour les besoins de la cérémonie de remise du prix Houphouët Boigny au président Wade, de nombreux militants de la majorité avaient effectué le déplacement de Paris. Certains d'entre eux auraient disparu dans la nature, selon Moustapha Fall ‘Ché’ qui portait hier la parole de la Cpa. Et d'accuser Wade d'avoir ainsi favorisé l'émigration clandestine.
‘Tous ceux qui sont partis à Paris avec des passeports diplomatiques ou de service perçoivent des perdiems d'un million au minimum’. Evaluant hier, au sortir de la réunion de la Cpa tenue au domicile d'Amath Dansokho, le coût pour le contribuable sénégalais du prix de la paix remis mardi au président de la République, Moustapha Fall ‘Ché’ en a fait la révélation. Et le porte-parole du jour de la Coalition populaire pour l'alternative de constater que ‘c'est presque tout le Sénégal qu'on a déplacé en France avec tout ce que cela comporte en terme de dépense en milliards’. Et ce n'est pas tout car, révèle ‘Che’, ‘Wade a décaissé 30 millions pour le meeting’ du Pds prévu le 20 mai en Normandie.
Parlant toujours de coût, Moustapha Fall ‘Ché’ a affirmé que Me Wade est en train de favoriser l'émigration clandestine avec des milliers de Sénégalais qui ont été convoyés à Paris pour les besoins de la remise du Prix de la paix. ‘Il est sûr et certain que tous ceux qui sont partis, ne vont pas revenir. Ils vont disparaître et ça commence. Il paraît que des talibés de je ne sais quel marabout ont disparu dans la nature’. Ce qui fait dire au porte-parole du jour des leaders de la Cpa que ‘la médaille de Wade a fait plus de mal que de bien’. D'autant que la Coalition populaire pour l'alternative campe sur sa position : le président Abdoulaye Wade ne mérite pas le prix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix. Les nombreux discours laudatifs prononcés à l'endroit du chef de l'Etat dans la salle de l'Unesco n'y font rien. Mieux, les leaders de la Cpa affirment que la médaille de la paix va désormais perdre son éclat avec Abdoulaye Wade. ‘Il (Me Wade : Ndlr) a banalisé les médailles. A partir d'aujourd'hui, cette médaille de la paix n'a plus de valeur. Si Wade peut l'avoir, n'importe qui peut se dire qu'il peut l'avoir. Cette médaille, on l'a décernée à plusieurs personnes et ça n'a jamais soulevé autant de contestations, autant de rejet. Parce qu'effectivement, Wade ne mérite pas cette médaille. Il est loin de la mériter’, a déclaré Moustapha Fall ‘Che’.
Pour les leaders de la Cpa, le président Wade, depuis son arrivée au pouvoir, ne pose que des actes de prestige pour son nom en lieu et place des actes de développement pour le pays. ‘Il fait tout pour que son nom reste au Sénégal et voilà pourquoi il se livre à cette chasse aux médailles. Il y a même une dame nommée ministre conseiller qui est commise rien que pour chercher des médailles à travers le monde’.
Faisant le bilan des manifestations tenues à Dakar et à Paris pour contester le prix décerné au chef de l'Etat, la Cpa dit avoir atteint l'objectif visé. ‘Le but des manifestations était de dénoncer le pouvoir, dénoncer Abdoulaye Wade et le prix complaisant qu'on lui a donné. Ce prix qui ne reflète pas la réalité de la démocratie au Sénégal. Il ne réflète pas, non plus, la démocratie dans ses (Me Wade : Ndlr) actes aussi bien dans son parti qu'au niveau du pays et même à l'extérieur. Les camarades de Paris ont manifesté. Et c'est parce qu'ils ont fait beaucoup de bruits, beaucoup de brouillages que les médias occidentaux ont pris l'affaire en main et ont relayé tout ce que les camarades de Paris ont fait’.
Quid de l'absence de certains leaders à Paris ? Le porte-parole du jour indique que c'est la Cpa de Paris qui était la maîtresse d'œuvre des manifestations. ‘On n'était que des invités. L'idéal était que tous les leaders aillent là-bas, mais pour y aller, il fallait avoir le temps. Beaucoup de leaders étaient pris : Moustapha Niasse était aux Etats-Unis, Tanor était pris par son programme à Dakar. En bref, pour plusieurs raisons, beaucoup de leaders n'ont pas pu se rendre à Paris. Mais, cela n'enlève en rien la solennité de la manifestation’, martèle Moustapha Fall ‘Che’, non sans démentir les rumeurs faisant état de la pression supposée d'Abdou Diouf sur certains leaders.
Pour justifier ces manifestations que certains ont considérées comme une manière de vouloir régler les problèmes du Sénégal à l'étranger, le porte-parole des leaders de la Cpa évoque la manifestation de l'opposant Wade au palais Bourbon en 1998. ‘A l'époque, Me Wade avait payé les billets à tout le monde pour aller chahuter Abdou Diouf qui devait s'adresser aux parlementaires Français. C'était plus sérieux que cette médaille. Et Diouf en avait pris un sacré coup. Il était démoralisé. De toutes façons, c'est l'article 50 de la Constitution qui nous consacre opposants, donc nous devons faire notre travail d'opposants’. Et les leaders de la Cpa n'entendent plus reculer dans leur combat contre le pouvoir. ‘On va maintenir le cap. Il faut harceler le pouvoir, continuer la dénonciation parce que certains médias occidentaux qui n'avaient pas une vision claire du président Wade, sont édifiés. D'autres qui le prenaient pour un messie, l'ont démystifié. Il n'y a plus de mythe autour de la personnalité de Wade’, affirme le porte-parole des leaders de la Cpa.
La Cpa dit, par ailleurs, ne pas être ébranlée par les discours laudateurs de certaines personnalités présentes dans la salle de l'Unesco lors de la remise du Prix Houphouët Boigny. Pour Moustapha Fall ‘Che’ et ses camarades, ‘tout ce qu'on a raconté là-bas ne nous émeut pas. Les gens ont raconté des histoires sur Wade. Ils savent que c'est de la démagogie. Ce qu'ont dit Chirac, Abdou Diouf ou Henri Kissinger ne nous intéresse pas. Notre interlocuteur, c'est le peuple sénégalais’. D'ailleurs, en fait de discours, le porte-parole des leaders estime que Kissinger est mal placé pour distribuer des louanges ou décerner un prix de la paix à quelqu'un. ‘Kissinger confond paix et guerre.
Toute sa carrière diplomatique, il n'a fait que semer la guerre partout en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient. Kissinger, c'était l'homme des guerres. Il croit que ceux qui créent des histoires chez eux comme Wade, c'est ça la paix et c'est à ces gens qu'il faut donner le prix’.
Après la bataille de Paris, la Cpa envisage d'organiser, le 25 mai prochain, une conférence publique à Dakar sur le processus électoral. Ce sera ensuite un meeting national le 3 juin à Kaolack.
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