En plus de porter la bataille pour s’assurer un second mandat, Pape Diop joue aussi son avenir politique le 22 mars prochain. L’issue du scrutin devrait déterminer le sort qui lui sera réservé par un système libéral prêt à le liquider, au nom d’un rêve de Karim Wade.
La bataille de Dakar entre la Coalition Sopi 2009 et Benno Siggil Sénégal fait rage. L’enjeu de la capitale est tellement énorme que les listes concurrentes se livrent à une bataille acharnée pour la contrôler. D’ailleurs, l’opposition a déjà annoncé la couleur en manifestant sa volonté de démarrer la fragilisation du pouvoir de Me Wade par une victoire à Dakar. En effet, c’est ce qui explique l’ardeur du maire Pape Diop qui ne ménage aucun effort pour conserver Dakar dans le giron libéral. L’exercice n’est pas sans présenter des risques en ce sens que des effets collatéraux d’une éventuelle raclée libérale dans la capitale se feront sentir chez le maire sortant, placé sur la ligne de mire. En effet, l’on commence déjà à vouloir lui porter le chapeau en cas de défaite au soir du 22 mars prochain. Cette situation n’est pas sans susciter des inquiétudes dans l’entourage du président du Sénat sur qui «est exercée une pression morale intense». Déjà, dans certains cercles du pouvoir, une seule chose est constante dans les esprits et dans les démarches : «Si Dakar tombe, Pape Diop irait directement en retraite politique.» L’on explique cette position radicale par un constat : «La défaite du Pds à Dakar signifie que la machine politique de Pape Diop ne fonctionne pas. Ce qui serait contraire aux promesses de victoire qu’il a toujours faites au Président Wade.» D’où, d’ailleurs, «son renforcement sur le plan politique, au détriment de Macky Sall». La logique libérale est sans appel vis-à-vis du maire sortant, car de hauts responsables livrent la conclusion qui sera tirée d’une éventuelle mauvaise surprise, dimanche prochain. «On lui collera directement la responsabilité de la défaite», avancent des sources dignes de foi.
Accusé de tous les péchés d’Israël
Déjà, l’on semble préparer les arguments pour justifier l’envoi futur de Pape Diop à l’échafaud politique. Les griefs, loin d’être convaincants, tournent autour de jugements plus ou moins fallacieux : «C’est un maire éloigné de ses hommes», «un maire qui n’écoute que les libéraux», «il est trop occupé à construire des immeubles au lieu de gérer les problèmes des administrés», «il ne sait pas communiquer», «c’est un produit d’Idrissa Seck»… D’ailleurs, Pape Diop, lui-même, semble savoir à quoi s’en tenir car, quelques-uns de ses proches jurent que «les huées, qui l’ont accompagné durant sa campagne, pourraient ne pas être du seul fait des militants et responsables identifiés de Benno Siggil Senegaal». En effet, l’on soupçonne «de vouloir la tête de Pape Diop». Autant dire que les mesures conservatoires ont été prises en cas de défaite, dont la rapide liquidation du Sénat dont le maintien n’agrée pas trop les bailleurs de fonds. Mais, qu’arriverait-il si Pape Diop réussit à maintenir Dakar dans le giron libéral ? «Il aura bien mouillé le maillot pour Karim Wade», pourtant inscrit quatrième à Dakar sur la proportionnelle de la Coalition Sopi 2009, derrière l’actuel maire de Dakar, Kader Sow et Marie Pierre Sarr. «Ces derniers nommés ont réussi la prouesse de se rendre invisibles». Par stratégie politique ? Nos sources croient plutôt à «un deal». «On les inscrit sur la liste pour qu’ils restent invisibles». En cas de victoire, «c’est Karim qui va tout récupérer, parce qu’il aura sauvé le début de campagne électorale désastreux de Pape Diop. Tout le mérite lui reviendrait, et il a réussi, ces derniers jours, à lui faire ombrage», font remarquer des sources. Non sans ajouter que des libéraux et des membres de Sopi 2009 soupçonnent «Pape Diop de faire son propre jeu en lieu et place de Karim Wade à qui il montre, pourtant, une fidélité en public».
0 Commentaires
Participer à la Discussion