La Raddho tire la sonnette d'alarme : Le Sénégal est au bord du gouffre

A quoi ressemble aujourd'hui le Sénégal ? C'est la question que s'est certainement posée la Raddho qui compare la situation actuelle à celle de la Côte d'Ivoire à la fin du règne d'Houphouët-Boigny.

Le tableau que dresse la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho) sur la situation politique, économique et sociale du pays est loin d'être reluisant. A cinq mois des élections législatives et présidentielle, la classe politique sénégalaise, selon la Raddho, ‘donne l'image de celle de la Côte d'Ivoire à la fin du règne de Houphouët-Boigny. Car la Côte d'Ivoire de l'époque comme le Sénégal d'aujourd'hui se trouvait dans une situation de fin de cycle, de fin d'époque mal négociée. Depuis lors, la Côte d'Ivoire vit une longue, douloureuse et tragique transition’. Alioune Tine et ses camarades estiment que le Sénégal a ouvert une transition depuis l'alternance de 2000, mais il la méconnaît. ‘Il est temps d'en prendre conscience pour éviter au Sénégal la tragédie ivoirienne. Pour la refondation de la République, il faut négocier le pacte républicain afin d'éviter l'irréparable’, avertit la Raddho.

Le blocage du dialogue politique n'est pas pour arranger les choses. Pour la Raddho, la classe politique comme le pouvoir en ressentent ‘l'indispensable nécessité, mais au finish, l'on s'arrange pour en compromettre la mise en œuvre’. Ce qui amène la Raddho à inviter la classe politique à cesser ‘le jeu du ‘qui perd gagne’ pour aller résolumment vers un sursaut national salutaire. Le président de la République fait des appels récurrents au dialogue national qui sont immédiatement sabotés par ses collaborateurs qui soumettent certains leaders de l'opposition à des harcèlements juridiques inutiles et inopportuns’.

Dans ce blocage, l'opposition n'est pas exempte de reproches aux yeux de la Raddho. Elle a également sa part de responsabilité dans le blocage du dialogue national ‘du fait de la protection abusive qu'elle peut apporter à des alliés turbulents’. Alioune Tine et ses camarades de se demander : ‘Comment, objectivement, pense-t-elle vider le précontentieux électoral qu'elle dénonce dans la presse ou tout simplement les arrestations qu'elle condamne si elle ne s'asseoit pas avec le pouvoir pour trouver une solution aux questions nationales qui menacent la République ‘ ? Et tout cela, ajoute A.Tine, à cinq mois des élections législatives et présidentielle ‘où de nouveaux contentieux électoraux vont s'ajouter à ceux qui existent avec le débat sur le cautionnement des élections’. Quel que soit le côté où l'on se trouve, constate la Raddho, ‘on ne voit nulle part poindre le sursaut national indispensable pour faire face à la grave situation que traverse le Sénégal aujourd'hui’.

Sur le plan économique et social, cette situation ‘grave’ est marquée par les coupures d'électricité fréquentes de la Senelec qui ont porté de ‘graves préjudices’ aux entreprises, aux Pme, aux services et aux foyers des Sénégalais et qui viennent de faire l'objet d'une ‘mesure radicale’ : La réquisition par l'Etat des stocks de combustibles. ‘L'impact économique et social de cette mesure et les différentes connotations qu'elle charrie dont l'état de guerre ou de banqueroute sont imprévisibles, notamment sur le plan international’, affirme la Raddho pour s'en désoler.