Ce n’est plus un mystère. L’And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) est en train de négocier son retour au gouvernement. La confirmation nous a été faite hier à Paris par Landing Savané qui, contrairement à ce que l’on pense, est le principal instigateur de cette démarche. Le Secrétaire général des Follistes a également fait une révélation de taille : s’il refusait d’entrer dans les gouvernements socialistes, ce n’est pas parce qu’il n’en voulait pas, mais parce que Diouf n’avait pas satisfait sa condition.
Au moment où la presse se délecte d'une nouvelle alliance entre l'Aj/Pads et le Pds, nous avons pu recueillir le sentiment du principal concerné, Landing Savané, en l'occurrence. C'est par hasard que nous avons croisé le chemin du chef des follistes, en plein cœur de Paris. Le secrétaire général de l'Aj est présentement en vacances à Paris . Une pause pour se faire des idées avant son retour très attendu au pays où la perspective d'un nouveau flirt avec les libéraux commencerait à diviser son parti ? En tout cas, M. Savané s'est laissé aller à des confidences. Ainsi sans langue de bois, Landing Savané a ainsi confirmé, "ce que tout le monde sait déjà à cause de vous les journalistes" : les tractations en cours avec le président Abdoulaye Wade, en vue d'un nouveau compagnonnage politique.
"C'est vrai, il y a des contacts, on discute, maintenant on va voir ce que cela va donner", reconnaît-il, tout souriant. Et faisant allusion aux leaders de l'opposition que certains soupçonnent de rencontrer secrètement le chef de l'Etat, le folliste poursuit sans détour : "Nous on ne cache rien, on dit tout ce qu'on fait. Là où d’autres ne disent pas tout ce qu'ils font et tous ceux qu'ils voient". Pour expliquer la démarche en cours de son parti, l'ancien ministre d'État réchauffe sa vieille idée d'un gouvernement d'union nationale "pour l'intérêt du Sénégal". En se posant comme le trait d'union entre le régime libéral et l'opposition, ou comme l'homme qui veut réconcilier les "héros" de l'alternance en 2000 : "Je suis un facilitateur national".
Sur son air décontracté et enthousiaste, Landing Savané semble ainsi montrer qu'il est au cœur de ces retrouvailles qui pointent à l'horizon. Il prend ainsi à contre-pied les membres de son Secrétariat exécutif permanent et les observateurs qui soupçonnent Mamadou Diop Decroix de vouloir "sacrifier" le parti pour la simple raison de retrouver un strapontin ministériel. Maintenant il n'y a plus de mystère dans la stratégie de Landing Savané, surtout la forme que prendra cette nouvelle alliance, au moment où le Pds travaille sur sa refondation ? Sur cette question, notre interlocuteur est resté évasif. "On a pris en compte toutes les perspectives possibles, on était conscient que le Pds voulait se refonder quand on a commencé à discuter", avance-t-il. Sans vouloir s'attarder sur ce point qui égratigne plus d'un observateur.
« Je ne veux pas que mon pays tombe dans la main des gens tapis dans l’ombre »
Peut-on en déduire que Landing pourrait aller jusqu’à fondre l’Aj dans la future version du parti de Me Abdoulaye Wade ? On ne peut se priver d’avancer cette question. D’autant plus que le folliste en chef a clairement laissé entendre que sa démarche est une démarche tactique. Une démarche encouragée surtout par la perspective d’une recomposition politique avec le départ de Wade et l’usure de l’opposition : « Le pays est dans une situation difficile, le président est vieux et il est appelé à partir, et l’opposition est dans le désarroi.
Et moi je ne veux pas que mon pays tombe dans la main de gens tapis dans l’ombre » (sic). En clair, Landing Savané n’a pas renoncé à être le quatrième président du Sénégal. Il veut ainsi revenir dans la course à la succession. Même s’il ne veut pas épiloguer sur cette question d’actualité. À propos, il lance : « Je ne veux même pas entrer dans ce débat de succession de Wade parce que c’est un débat interne au Pds ». Avant d’enchaîner : « Je ne m’intéresse pas à la succession de Wade au Pds, je m’intéresse à mon rôle au niveau du Sénégal ». Toutefois, le camarade de Diop Decroix souligne que si «les Sénégalais choisissent Karim Wade de façon régulière et démocratique, personne ne peut s’opposer à ça».
En retraite volontaire par rapport à la direction du parti depuis sa défaite de février, Landing Savané affirme en outre qu’il n’a pas revu le président Wade depuis qu’il s’est présenté contre lui à la présidentielle. Il a cependant reconnu que les contacts ont toujours existé par le biais d’«intermédiaires». Une confidence non moins croustillante de cette rencontre hasardeuse restera sans doute cette révélation de Landing Savané. Lorsqu’on lui demande s’il était toujours favorable à un gouvernement d’union nationale, il confie : « Je suis favorable parce que moi, même à l’époque d’Abdou Diouf j’ai toujours prôné un gouvernement d’union nationale ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce que je refusais systématiquement d’y entrer que je n’en voulais pas.
Au moment où les autres partis (Pds, Pit, Ld/Mpt : ndlr) entraient dans les gouvernements socialistes sans condition, nous on exigeait au préalable que l’on discute sur un programme commun ; comme on l’a fait en 2000 avec nos alliés de l’alternance, même si tout n’a pas été appliqué par la suite. Mais, comme Diouf refusait notre condition, nous aussi on refusait d’entrer dans le gouvernement».Et pourtant aux yeux des militants de Aj et des observateurs politiques, c’est justement ces refus successifs de siéger dans un gouvernement socialiste qui ont forgé une part de la «crédibilité» d’And-Jëf, valant ainsi à son leader la réputation d’«homme honnête, intègre». Qu’en sera-t-il réellement si, dans les tout prochains jours, Landing Savané revenait aux côté de son « maître » protecteur pour, selon une certaine opinion, « des intérêts plutôt personnels que nationaux »?
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