LE CHEF DE L’ÉTAT SUR LA REQUÊTE DE L’OPPOSITION : « Nous appliquerons ce que le Conseil d’État aura décidé »

Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, a déclaré hier que le gouvernement appliquera ce que le Conseil d’État aura décidé sur la requête de l’opposition désapprouvant le nombre de postes de députés à pourvoir sur la liste nationale lors des élections du 25 février 2007. Il s’exprimait au terme d’une visite effectuée au ministère de l’Intérieur et des collectivités locales. Me Wade a saisi cette occasion pour rejeter toute idée des élections.

Le chef de l’État s’est voulu catégorique : les élections auront lieu le 25 février 2007. Mieux, souligne-t-il, la distribution des cartes est en train de se faire à un taux satisfaisant. Se prononçant sur la requête du Parti socialiste et de la Ld/Mpt dénonçant auprès du Conseil d’État le nombre de postes de député à pourvoir sur la liste nationale, il déclare : “ dans une République, chaque pouvoir fait son travail. Nous, nous faisons notre travail ”. Il poursuit : “ mais la constitution dit : si vous n’êtes pas content, vous allez au Conseil d’État. Le Conseil d’État fait son travail. Nous, on ne s’en occupe plus. Nous attendons la sentence. Ce qu’il aura décidé, nous l’appliquerons ”.

Me Wade considère que “ jusque-là, il n’y a pas de problèmes, ” avant de souligner : “ nous connaissons les griefs évoqués par l’opposition. Je suis juriste, mais je ne vais pas vous donner mon avis ”. Sur un autre registre, le président de la République a exprimé sa satisfaction sur les changements apportés “ dans l’aménagement des bâtiments pour rendre le ministère de l’Intérieur plus convivial ”

Revenant sur le nouveau système électoral, il a rappelé l’expérience des autres élections, marquées, selon lui, par des divergences sur le fichier. “ C’est tout cela qui m’a amené à un moment où j’étais devenu quelqu’un de très acquis au numérique à envisager justement le système numérique ”, déclare-t-il. C’est pourquoi, ajoute le chef de l’État, “ malgré le coût, je me suis engagé dans l’opération ”. Et Me Wade de revenir sur son dernier voyage en Allemagne : “ Quand j’ai été reçu par la chancelière d’Allemagne, je lui ai dit que nous avions maintenant un système d’enregistrement du fichier électoral numérisé, elle m’a dit : qui a fait ça ? Je lui dis De la Rue, elle me dit : ça, ce sont les meilleurs ”. Ainsi, Me Wade souligne avoir pris l’une ou la plus grande société du monde qui a la confiance de l’Angleterre et des États-Unis pour le nouveau système électoral. “ C’est un système que tout le monde peut comprendre. Le numérique n’est pas très compliqué. C’est la fiabilité et la transparence ”, indique-t-il. Me Wade poursuit : “ je crois que si les gens comprennent bien ce que nous avons dit depuis le départ, c’est qu’on peut s’inscrire plusieurs fois, mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas avoir plusieurs cartes. Avec les données biométriques, on élimine toutes les autres inscriptions ”.

Selon le chef de l’État, le fichier a la fiabilité à travers le temps. “ Nous avons dépensé beaucoup d’argent. Ainsi, pour les prochaines élections, nous n’aurons plus de dépenses aussi importantes. Les cartes restent valables ”, se réjouit-il. De l’avis du chef de l’État, “ il n’est pas possible qu’il y ait truquage. Ça n’a même pas de sens. N’importe qui peut regarder le fichier dans Internet ”.

C’est pourquoi Me Wade s’est réjoui du travail réalisé par l’État. “ Je pense que le gouvernement du Sénégal a bien fait. Quand je l’explique à certains chefs d’État africains, ils me disent que c’est extraordinaire ”, déclare-t-il, avant de marteler : “ il faut de l’audace pour faire certaines choses. Ces cartes, c’est la sécurité maximale. On a fait une bonne dépense pour nous et pour les générations futures ”.

Les temps forts d’une visite

Vêtu d’un grand boubou marron, le chef de l’État est accueilli au boulevard de la République par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Me Ousmane Ngom, accompagné du Directeur de la sûreté nationale, Léopold Diouf. Après une revue des troupes et l’exécution de l’hymne national, l’hôte du département de l’Intérieur prend place dans la salle de conférence du ministère, au quatrième étage.

“ C’est un honneur et un privilège pour nous de vous accueillir ”, lance le ministre de l’Intérieur qui donne le signal à ses hommes pour la présentation d’un film d’une dizaine de minutes intitulé : le nouveau système électoral, un saut dans la modernité. Ce documentaire retrace les étapes qui ont marqué la refonte totale du fichier et la décision de mettre en place des cartes d’identité et d’électeur numérisées.

La délégation est accueillie à la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf). Devant de grandes machines, des hommes et des femmes sont à pied d’œuvre dans une salle située au rez-de-chaussée. Sur l’écran de certaines machines apparaissent des cartes numérisées. Dans une autre salle, sont placés les engins de biométrie. Il y a un dispositif de conservation particulière de ces machines avec notamment une forte climatisation, selon le Directeur de la Daf, Abibe Fall.