Le Président Wade en conférence de presse : «Les Sénégalais m’ont élu pour défendre leurs intérêts et ceux de l’Afrique»

Le Président Abdoulaye Wade a rencontré la presse nationale et étrangère hier après-midi pour traiter des thèmes de la coopération Asie-Afrique, Afrique-Occident : évaluation et perspectives ; financement des grandes infrastructures (routes, chemins de fer, ponts, etc.) et «the Wade formula» ou la formule Wade : Pétrole contre pauvreté en Afrique.

Dans son introduction préliminaire, le Président Wade fait le tour de la coopération entre l’Afrique et l’Occident en indiquant qu’elle a duré pas moins de 75 ans, mais le bilan n’est pas pour autant brillant. Pourtant « l’Afrique a beaucoup apporté à l’Occident et a même participé dans toutes les grandes batailles qu’il a menés à travers les âges », a révélé Me Wade. A l’opposé, la coopération bien que récente entre l’Afrique et l’Asie et qui concerne essentiellement des pays comme le Japon, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud a pris un départ fulgurant et une orientation équilibrée. A cet égard, le Président Wade a souligné que certains cas sont exemplaires notamment la coopération entre le Sénégal et l’Inde qui se caractérise par la rapidité et l’efficacité. Pour le chef de l’Etat, l’exemple des Industries chimiques du Sénégal (Ics) ne saurait illustrer cette exemplarité dans la mesure où le Sénégal avait mal négocié le projet au départ. « Nous avons pu, fort heureusement, limiter les dégâts et nous nous attelons dorénavant à redresser la barre pour remettre la société sur les rails », a déclaré Me Wade. Autre exemple de coopération satisfaisant est le cas de la Chine dont l’irruption sur la scène internationale a bouleversé certaines donnes. Pour Me Wade, la Chine intéresse beaucoup de chefs d’Etat du Continent. « Pour preuve, nous étions 46 chefs d’Etat et de gouvernement à assister au sommet Sino-africain, tenu au début de ce mois à Beijing », « Pendant ce temps, poursuit le chef de l’Etat, j’ouvrais à Dakar dans la solitude une rencontre africaine avec les investisseurs !», s’est exclamé Me Wade. Le Président Wade a énuméré les innombrables domaines de coopération identifiés par la Chine pour aider l’Afrique à se prendre en charge. Pour dire que le chef de l’Etat semble magnifier la coopération Afrique-Asie qui donne déjà beaucoup de signes de satisfaction.

Pour le financement des grandes infrastructures en Afrique, le chef de l’Etat réaffirme sa conviction selon laquelle « on ne saurait développer un pays en laissant de côté les infrastructures ». Me Wade a un peu caricaturé, l’option des premiers partenaires de l’Afrique qui avaient plutôt tendance à « nous confiner dans la lutte contre les épidémies » et d’ajouter « il est certes important d’éradiquer les épidémies, mais on ne peut pas se consacrer en permanence et uniquement à cette tâche ». Le concepteur du plan Oméga et co-promoteur du Nepad, a toujours considéré que les infrastructures occupent une place prioritaire dans le développement du Continent. Pour Me Wade, le déficit des infrastructures est à la base de certains blocages dont l’Afrique est aujourd’hui confrontée. En sa qualité de coordonnateur des Infrastructures auprès de ses pairs, Wade estime que l’échec du Nepad vient du fait que notre Continent souffre d’un problème de ressources humaines compétentes. « La politisation à outrance du choix des managers conduit souvent vers des échecs programmés. Il est temps de mettre en avant la compétence, l’expertise et la technicité », martèle le chef de l’Etat. Il a également déploré le fait qu’il faille mettre deux à trois jours pour joindre au téléphone un ami au Nigeria ou en Gambie.

Abordant, « Wade formula » ou les enjeux de la création du fonds pour le financement de la lutte contre la Pauvreté et le développement du Continent africain, le Président Wade a réitéré sa préoccupation quant au problème récurrent du pétrole. En effet, le Président Wade a montré combien la spéculation sur le prix du carburant grève les budgets des pays en développement au point de les obliger à réduire les parts consacrées à l’éducation et à la santé. De près de 10 dollars en 1998, le prix du baril de pétrole a dépassé le seuil de 70 dollars en 2006. « A ce rythme », constate le chef de l’Etat, « certains pays non producteurs de pétrole ne pourront plus faire face à leurs dépenses prioritaires ». Pour arrêter cette hémorragie, le Président Wade préconise la formule de Wade qui consiste à mettre sur pied un fonds qui serait financé grâce aux apports des compagnies pétrolières qui tirent des surprofits sur le commerce de l’or noir et des pays producteurs de pétrole qui engrangent des rentes sur ce produit. Cette formule a déjà fait l’objet d’un débat le 31 octobre 2006 au Center for strategic international studies de Washington, où le Président Wade a exposé ses idées devant un parterre d’éminents professeurs et de chercheurs. Des membres du Congrès, des représentants de la Maison blanche, du Département d’Etat et des représentants des compagnies pétrolières ainsi que des mathématiciens et des représentants d’Ong. Le document de travail issu de cet échange de haut niveau est également discuté via le site web dans l’adresse suivante :www.thewadeformula.com où chaque internaute pourra participer au débat.