Le duel qui oppose Idrissa Seck à son ex-mentor, Me Abdoulaye Wade est loin d’être terminé. Bien au contraire depuis deux mois, elle semble pointer résolument vers son point culminant. Avec tous les dangers drainés par cette confrontation sans merci. Aujourd’hui, plus qu’hier, la fameuse sentence du journaliste Abdou Latif Coulibaly (qui déclarait au tout début du déclenchement des hostilités que ça allait saigner) est d’actualité. La déseckisation se poursuit. Même si par ailleurs, d’autres actes sont posés du côté du pouvoir relativement par exemple au cas Modou Diagne Fada, supposé proche d’Idrissa Seck, mais en passe d’être réhabilité.
Les évènements ces dernières semaines ont comme subi un coup d’accélérateur. Point de trêve malgré la réception du prix Houphouët Boigny par le Président Wade. Dix jours avant, le 6 mai exactement, le maire de Bambey Pape Diouf se faisait condamner à deux ans avec sursis. Une « peine-piège » puisqu’en cas de recours, toute condamnation définitive, égale ou excédant 6 mois de prison sonnerait immédiatement l’illégibilité de l’ex-ministre de la Pêche. Le coup des partisans d’Assane Diagne, le cheval de Troie envoyé à Bambey pour freiner les ardeurs de ce partisan déclaré d’Idrissa Seck, a-t-il porté ses fruits ? L’opinion a en tout cas eu du mal à avaler cette scène autour d’un simple puits dont les photos publiées par le journal l’As démontre à souhait le déséquilibre entre l’armada répressive et l’insignifiance du bien public « détruit ». Une opinion qui a donc vite fait de penser à une opération politique menée pour affaiblir le maire de Thiès dans une de ses zones où il pèse. L’épisode de Bambey a été précédé par un évènement symboliquement plus important. Cheikh Béthio Thioune, après une audience avec le Président Wade affiche son soutien sans faille à ce dernier. Pour le manifester, il tient un meeting à Thiès, le fief d’Idrissa Seck et mobilise tous les disciples à la Promenade des Thiessois, réputé être un sanctuaire des pro-Idy. Un meeting qui verra la présence du secrétaire général national adjoint du Pds, Macky Sall, par ailleurs Premier ministre. Ce dernier, dopé par la forte mobilisation réussie par Cheikh Béthio Thioune, dira « Je suis très confiant et réconforté... le phénomène Cheikh Béthio Thioune est -en plus de l’aspect religieux - sociétal. Nous nous réjouissons de son compagnonnage dans notre combat ". le Cheikh aura juste besoin de réaffirmer son engagement aux côtés des libéraux : « Me Wade est notre candidat », a-t-il en effet déclaré. Cheikh Béthio Thioune est dans l’équipe et l’on pourra s’en servir comme cheval de Troie chaque fois que les libéraux auront besoin de mobiliser dans la très rebelle capitale du Rail où même le Président a essuyé des jets de pierre. En plein dans la politique, il devient donc une cible. Ce n’est pas pour lui que le Porte-parole d’Idrissa Seck, Omar Sarr dira à son propos : « laissez Cheikh Béthio Thioune justifier son perdiem ». Des propos qui viennent comme pour installer davantage la confusion dans la tête de ceux qui ne s’expliquaient pas les raisons du subit engagement de l’homme dans la politique. En fait, derrière ces déclarations et autres pics, une véritable guerre des tranchées. Qui avait certes atteint un point culminant avec l’arrestation d’Idrissa Seck le 23 juillet 2004, mais qui n’en continue pas de plus belle malgré sa libération qui est plutôt le fait de pressions étrangères. Les évènements de ces dernières 48 heures prouvent amplement que la trêve n’est pas encore à l’ordre du jour. Non pas seulement à cause de l’éviction somme toute attendue de Nguirane Ndiaye à la Vice-présidence de l’Assemblée nationale et son remplacement par Khoureychi Thiam, mais bien à cause des derniers affrontements entre partisans de Mamoune Niasse et ceux de Macky Sall. En effet, un des alliés les plus solides du maire de Thiès, le leader du Rassemblement du peuple, Serigne Mamoune Niasse, va, avec détermination, à l’assaut du bastion du Premier ministre et numéro deux du Parti démocratique sénégalais (Pds) Macky Sall. Peut-on manquer de faire le rapprochement avec l’entrée en scène Cheikh Béthio Thioune à Thiès où il croise le fer avec le maire de la ville ? Certainement pas. Mamoune Niasse n’hésite d’ailleurs pas asseoir cette lecture lorsqu’il déclare que le maire de la ville est minoritaire à Fatick. Et qu’il va le battre dans son fief aux prochaines élections. Abdoulaye Wade a trouvé une formule pour engager un « enturbanné » dans la politique, Idrissa Seck a son Mamoune Niasse dont la plupart des militants sont plus des « taalibés » (disciples) de la maison confrérique « niassène » que de citoyens portés par le projet politique de Mamoune Niasse. Une différence majeure, Cheikh Béthio Thioune peut bénéficier de la parapluie souvent sélectif de la justice sénégalaise (la plainte déposée contre ses taalibés après l’agression du journaliste de la Rfm, Pape Cheikh Fall n’a connu aucune suite), que Mamoune Niasse, dont les hommes ont été déférés au parquet hier.
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