La convocation de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci) par l’Assemblée nationale a fait sortir tous les loups du bois. L’institution parlementaire venait de commettre un crime de lèse-majesté, constaté et relevé par l’Exécutif (voir Le Quotidien n° 1446 du lundi 29 octobre 2007) ; il fallait que le fautif soit sanctionné. Et la personne morale de l’Assemblée nationale, son président Macky Sall, était toute désignée. Surtout que sur le plan politique, il peut gêner moralement l’ascension de certains, s’il n’est pas «effacé». A tel point que certains n’ont pas hésité à franchir le pas pour, tout simplement, le menacer de… mort.
Des attaques politiques par-ci, des conseils à la démission par-là, Macky Sall, président de l’Assemblée nationale n’est nullement épargné ces derniers temps. Mais le must, c’est que, dans le lot de ces différentes interventions le visant, il y a eu des menaces de… mort. Et cela l’entourage de Macky Sall le gère depuis une semaine, de concert avec les forces de sécurité. En effet, une plainte contre X a été déposée à la Division des investigations criminelles (Dic) avec tous les éléments remis par l’ancien Premier ministre et toujours actuel n°2 du Pds.
C’est mardi dernier, peu après 22 heures que Macky Sall reçoit la première menace sous forme de Sms. Aussitôt après, l’un des membres de son personnel de sécurité reçoit lui aussi un Sms. Le lendemain, mercredi, c’est vers minuit que le même scénario se reproduit. Cette fois-ci encore, c’est Macky Sall et toujours le même élément de sécurité.
Le contenu des messages se veut sans équivoque. Et c’est en substance que l’un de nos interlocuteurs en fait le résumé : «Le message a été très clair. Il demande à Macky Sall de f… la paix à Karim Wade, sinon ils vont lui faire la peau, lui et sa famille.» Et c’est pratiquement des Sms au même contenu qui ont été envoyés à l’élément de sécurité. «Mais cette fois-ci, ils ont pris le soin de lui préciser de dire à son patron de faire attention et de se tenir à carreau. Ce qui veut dire qu’ils savaient qu’ils s’adressaient à un subalterne de Macky Sall.»
Mais le contenu des messages ne s’est pas limité seulement à des menaces. En effet, après recoupements, il s’est avéré que les auteurs de ces menaces se sont caressés dans le sens du poil en se présentant «comme des professionnels et qu’ils auraient déjà un plan bien ficelé. Par conséquent, il ne leur reste plus qu’à passer à l’acte». Histoire de faire monter l’adrénaline du côté de Macky Sall et de son entourage. Dans le camp du président de l’Assemblée nationale, certains restent zen et évoquent une sorte de guerre psychologique par le biais de l’intimidation ; d’autres, par contre, en sont tout retournés de colère. La raison de leur colère est liée à l’origine de ces messages. Pour ces hommes de Macky Sall, «ceux qui sont derrière tout cela sont des personnalités de la République car, les menaces ont été envoyées sur le portable privé du président de l’Assemblée nationale. Un numéro disponible seulement pour certaines personnalités de la République car, tous les membres de son entourage professionnel ne l’ont pas». Mieux, certains de nos interlocuteurs demeurent convaincus que ce sont des gens qui agissent avec la garantie d’une certaine impunité. Ils fondent leur conviction sur le fait que «tout le monde sait que l’envoi de Sms laisse apparaître un numéro de téléphone.
Ce qui veut dire que ces gens ne veulent pas se cacher. Maintenant la police a toutes les coordonnées téléphoniques, à elle de remonter la filière». Et avec la nouvelle numérotation téléphonique entrée en vigueur depuis le 7 octobre dernier, il est aisé de se rendre compte que les numéros d’envoi, au nombre de deux, sont de Tigo. Au-delà de cette spécification, il faut souligner que les deux numéros ont aussi en commun les trois premiers chiffres. D’ailleurs, nous avons tenté à plusieurs reprises de prendre contact avec les détenteurs de ces numéros. En vain. Car, invariablement, nos appels ont été renvoyés aux boîtes vocales.
Pour l’heure, si du côté de Macky Sall on refuse d’entrer dans la spéculation en indexant certaines personnes, il n’en demeure pas moins qu’après le dépôt d’une plainte contre X, le président de l’Assemblée nationale a pris le soin d’aviser le président de la République et non moins secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) de tout cela. Une démarche que certains de nos interlocuteurs réfutent en soutenant quand même que Macky Sall a programmé de le faire. Face à tout cela, le président de l’Assemblée nationale conseille à ses proches de rester imperturbables et de vaquer à leurs occupations.
0 Commentaires
Participer à la Discussion