A beau vouloir endosser l’initiative des négociations entre son leader et le Président Wade, le «progressiste» Bécaye Sène n’a jamais réussi à laver Moustapha Niasse de tout soupçon. L’éclatement de cette affaire déflorée par le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Pape Samba Mboup, a secoué le landernau politique, mais surtout la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) à laquelle appartient le secrétaire général de l’Afp, présenté à cet effet comme «pion» de Me Wade. A des moments phares des négociations sur le schéma d’investiture à adopter à la Cpa, l’affaire des négociations entre Wade et Niasse n’aura contribué qu’à rajouter de la suspicion au sein de l’ancien cadre majoritaire de l’opposition et de participer à sa scission.
Comme arguments de son refus à porter Moustapha Niasse à la tête de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa), en direction du scrutin présidentiel de février prochain, un leader de l’opposition, sous le sceau de l’anonymat, avait avancé ce qui suit : «Jamais Niasse n’a pu nous convaincre vraiment de la non-tenue de négociations entre Wade et lui. Les explications apportées à la suite des révélations du chef de cabinet de Wade ne l’ont vraiment pas lavé du soupçon nourri pas les Sénégalais.» La classe politique et l’opinion éprouvent toujours un doute sur la tenue ou non de tractations entre Me Abdoulaye Wade et Moustapha Niasse. Et au vu de la «légèreté» des arguments apportés par le camp progressiste contre les accusations de Pape Samba Mboup, les observateurs politiques des plus profanes sont restés sur leur faim. La soif de preuves prouvant le contraire des révélations de Pape Samba Mboup reste tout aussi pressant. Bécaye Sène de l’Afp a beau «endosser le coup», il n’a réellement pas réussi à laver son leader de tout soupçon.
Quelque part, dans le subconscient du Sénégalais, demeurent encore toutes fraîches les révélations du Directeur de cabinet de Me Wade. Et les mots y retentissent toujours : «C’est Moustapha Niasse qui en avait fait la demande. Le chef de l’Etat n’a pas été demandeur.» Pape Samba Mboup doit être un sacré comédien, si ces révélations sont fausses, tellement il a paru convaincant. Lors sa conférence de presse-déballage, diffusé en grande pompe par les médias (publics surtout), l’homme a narré au détail près les différentes séquences d’une comédie de mauvais augure. Et dans une très inconfortable position de dindons de la farce, des alliés politiques du fils de Madiabel ne se sont pas empêchés de radicaliser leur position : «Nous ne pouvons prendre le risque de faire de lui le candidat unique de la Cpa, puisque, au cas où Wade sortirait des preuves réelles de ces pourparlers tenus sur le dos des Sénégalais, il sera grillé et nous aussi en même temps que lui. Ce n’est pas prudent.» L’éclatement de la Cpa en deux pôles est présenté comme conséquence directe d’une prise de responsabilités de la part de certaines formations politiques soupçonneuses par rapport à Niasse. Et pourtant, prenant prétexte de sa conférence politique tenue à New-York en novembre dernier, le leader de l’Afp, pour couper l’herbe sous le pied de ses présumés détracteurs, s’est lancé dans une tentative de persuasion. L’homme politique nie toute tractation sur une entrée au gouvernement de l’alternance ou encore une promesse de faire de lui un vice-président de la République ou un Premier ministre. Il lance depuis New York : «Je ne soutiendrai plus Wade. Même au 17e tour, je ne le soutiendrai pas.» Des mots qui ont très vite fait le tour du monde, mais sans réussir à atteindre vraiment l’objectif de persuasion escompté par son émetteur. En effet, au lendemain de la division de la Cpa en deux pôles, Barthélemy Dias, sans citer Niasse nommément, fera allusion à un leader de l’opposition qui est allé «répondre à l’appel du président de la République sans consulter la Cpa». Un «pion du Président Wade» qui aurait pour mission de retarder la rencontre entre Idrissa Seck et les responsables de la Cpa.
Le débat sur l’obstination du leader «progressiste» à prendre les commandes de la Cpa dans le cadre d’une candidature unique à la présidentielle a aussi resurgi de plus belle avec sa bipolarisation. Barthélemy Dias, leader de Convergence socialiste, ne fait pas dans la langue de bois : «Quand je vois quelqu’un insister coûte que coûte pour voir la Cpa avoir un candidat unique à la présidentielle, et qui va un peu loin en demandant d’être candidat unique, alors que si on demande sur la base de quels critères, il est incapable d’en donner, cela veut tout dire». Au yeux de cette faction de «l’ancienne» grande Cpa, une coalition avec Idrissa Seck, l’ex-fils spirituel reconverti en ennemi juré de son ancien «père d’emprunt», semble plus rassurante, surtout au regard de la putréfaction de ses relations avec l’homme à abattre, Me Wade du Pds. La nouvelle coalition baptisée Jamm Ji regroupant Idrissa Seck, président de Rewmi, Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Ps et Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ld/Mpt confirme cette thèse.
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