Une nouvelle opposition (Idrissa Seck), née des flancs du Pds, évolue aux côtés de l’opposition « classique » issue d’une mésalliance (Afp, Ld/Mpt et Pit) ou remise du traumatisme de la défaite du 19 mars 2000 dans une autre mesure (Ps). Ici, le « tout sauf Wade » ne fonctionne pas comme cela avait été le cas contre le président Abdou Diouf. La Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) ne croit plus au messie (intention prêtée à l’ancien Premier ministre), mais plutôt en un programme consensuel de gouvernement en cas de victoire. Chronique d’une marche sous surveillance réciproque vers l’incontournable émergence d’un leadership.
Le « tout sauf Diouf » a été le socle des alliances jugées contre-nature (communistes, socio-démocrates, libéraux, etc.) en février-mars 2000. Cette formule, proche du « tout ou rien », a produit une présidentielle ressemblant à un vote référendaire contre le candidat-président socialiste. Si pour le « tout sauf Diouf »… tous se sont retrouvés, il y a bientôt sept ans, cela risquera de ne point être le cas dans quatre mois. Pourtant, Idrissa Seck, qui a ouvert un front capital dans une trajectoire politique faite d’une rupture fondatrice avec son ancien mentor, y comptait beaucoup. Quelques maladresses ont changé l’opération de séduction en direction de la Coalition populaire pour l’alternative en vraie offre publique d’acquisition. Sur ce terrain, le candidat issu des flancs du Parti démocratique sénégalais (Pds) fait face à un marquage à la culotte, sur le terrain de la production des idées et dans des styles différents. Dans cette opposition plus ou moins feutrée, le démenti du Professeur Abdoulaye Bathily fait exception, à travers la clarté de l’approche. Le 6 septembre dernier, l’ancien Premier ministre avait annoncé être « en discussion avec Ousmane Tanor Dieng, comme avec les autres leaders de l’opposition, Amath Dansokho, Moustapha Niasse, Landing Savané, Abdoulaye Bathily ».
Se concentrer sur le pays
Ces échanges, selon Idrissa Seck, préfiguraient « un rassemblement pour se concentrer sur le pays ». Le nom de « Rewmi » était choisi pour cette coalition. C’était aussi l’appellation du parti qui devait naître sur les cendres du Front pour le Progrès et la Justice (Fpj). Réplique du Pr. Bathily dans les colonnes de Wal Fadjri quotidien : « Il n’y a aucun plan de redressement national (allusion faite au Programme de redressement national d’Idrissa Seck) qui vaille sinon celui de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa)… Je ne peux pas répondre sur autre chose ». Le leader de la Ld/Mpt affirmera être « fidèle dans (ses) alliances ». Invité de l’émission « Le Grand jury » de la Radio Futurs Médias, il y a une dizaine de jours, le Premier secrétaire du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, a dit que l’opposition a une carte à jouer « avec Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Moustapha Niasse, Madior Diouf, moi-même, etc. » Tout en ne fermant pas la porte à Idrissa Seck (« Nous allons le recevoir et voir ce qu’il est possible de faire ensemble ») M. Dieng pense que la Cpa a les profils adéquats pour mettre en place un programme alternatif. L’option préconisée par M. Dieng rejoint les préoccupations de Moustapha Niasse et d’Abdoulaye Bathily : « Nous ne croyons plus au messie… » Le leader de l’Alliance des Forces du Progrès (Afp) s’était démarqué, dès la libération de M. Seck, de toute manœuvre tendant à conduire l’ancien chef du Gouvernement de Rebeuss au palais de la République, avec la Cpa comme doux marchepied. « C’est toujours le Pds contre le Pds », avait estimé M. Niasse.
Une telle déclaration fermait la parenthèse de la lutte pour la libération de M. Seck au nom de la « défense de la liberté ». Le principe appliqué par l’opposition était simple : toute querelle qui affaiblit le parti au pouvoir est la bienvenue. Mais, à sa libération, Idrissa Seck agace : il ignore la Cpa qui s’est fait entendre au cours de son incarcération. La suite révèle que cela n’était pas un simple oubli. L’ex-numéro un du numéro un remet cela au cours de sa déclaration de candidature, le 4 avril dernier. Il appelle tout bonnement l’opposition à rejoindre son combat ! Puis, il y a quelques semaines, de retour d’un séjour à l’hôtel Saint James de Paris, il snobe la partie la plus représentative de l’opposition sénégalaise. Et aujourd’hui, la Cpa le fait « poireauter » en guise de suite jusque-là réservée à sa demande d’audience. Leader d’Aj/Pads, Landing Savané précise le contenu d’une rencontre qui s’est déroulée à la demande de son ancien allié dans la majorité présidentielle : ancrage dans le camp de Me Wade et fin de non recevoir à la Coalition Alternance 2007.
Pas à pas, une rivalité sourde
C’est que la Coalition populaire pour l’alternative, dans un style nettement différent du néo-converti à l’opposition, n’a pas voulu se laisser déborder par M. Seck. Il y a quelques coïncidences. Menacée d’être débordée par les initiatives politiques de l’ancien Premier ministre au mois d’avril dernier, avec notamment l’annonce du programme de redressement national, la Cpa a concentré ses efforts sur un programme alternatif. Un point de presse a même été organisé… pour en donner les grandes lignes. Ce n’est pas encore prêt ! Les autres sorties du nouveau candidat, marquées par les menaces de déballage et des revendications d’actionnariat principal au Pds, font chorus avec d’insistantes récriminations de la Cpa sur la fiabilité du fichier électoral, la suppression du second tour de la présidentielle, l’élimination du quart bloquant, etc. Constat : pendant qu’Idrissa Seck convoite l’appareil politique de son désormais ex-parti, Ousmane Tanor Dieng, Niasse et Bathily se battent pour le dispositif électoral qui pourrait porter l’un d’eux au palais de la République au cas où leur alliance n’attraperait pas une mauvaise grippe. Ce dernier trio représente le faisceau de candidatures de la Cpa, selon Moustapha Fall « Ché », leader de l’Action patriotique de libération (Apl) et Amath Dansokho, Secrétaire général du Pit. Celui-là même qui a annoncé des défections massives au Pds vers le parti d’Idrissa Seck ! Qui c’est qui a parlé ? M. Dansokho de la Cpa, un futur allié de M. Seck ou l’architecte d’un pont politique entre l’ancien Premier ministre et les leaders de l’opposition ?
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