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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

OUSMANE TANOR DIENG, SECRETAIRE GENERAL DU PARTI SOCIALISTE : « Toute division à Benno favorisera Wade»

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OUSMANE TANOR DIENG, SECRETAIRE GENERAL DU PARTI SOCIALISTE : « Toute division à Benno favorisera Wade»
Le secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, absent du pays depuis quelques semaines, analyse dans cette interview réalisée hier les contours des grands débats de l’heure : l’horizon 2012, le couplage des élections, les batailles intestines au sein de Benno Siggil Senegaal (Bss), l’héritage de la gestion socialiste en 2000. Il évoque aussi, par le truchement de sa tournée qui l’a mené en France et en Côte d’Ivoire, la question (politiquement tabou) des financements des partis politiques.

Depuis quelques semaines, vous êtes plus souvent hors du Sénégal. Qu’est-ce qui explique ces voyages, alors que le débat fait rage au Sénégal autour de questions politiques comme le mandat du Président, le couplage des élections ou encore la crise dans le secteur de l’électricité ?

Effectivement, ces dernières semaines, et même ces derniers mois, j’ai effectué avec des responsables du parti plusieurs déplacements dans un certain nombre de pays d’Amérique, d’Europe et d’Afrique. J’ai en particulier été à New York et à Washington. En Europe, j’ai dernièrement pu me rendre à Paris à plusieurs reprises, à Madrid, Barcelone, Berlin et Bruxelles. Là, je rentre d’Abidjan où j’ai passé quelques jours. Ces voyages fréquents  correspondent à une séquence particulière de mon agenda politique et des activités du parti.

D’abord en tant que secrétaire général du Parti socialiste, je vais à la rencontre de nos militants et de nos compatriotes établis à l’étranger pour échanger avec eux et recueillir leurs opinions sur la situation nationale et sur les perspectives qu’il faut imprimer à la marche de notre pays. Et je dois dire que j’ai senti des Sénégalais interpellés, concernés et inquiets de l’état désastreux de notre pays mais aussi engagés et déterminés à mettre un terme aux dérives du régime d’Abdoulaye Wade.

Ensuite, dans le cadre des activités internationales du Parti socialiste et de mon mandat de vice-président de l’Internationale socialiste et président de son Comité Afrique, je rencontre les responsables des instances internationales et des partis membres de l’Internationale socialiste pour échanger sur notre coopération, sur la situation actuelle du monde.

Mais vous savez, je ne me rends pas seulement qu’à l’étranger. Au Sénégal même, j’ai effectué des tournées  au cours des douze derniers mois dans neuf des quatorze régions du Sénégal et à chaque fois, j’ai pu passer plusieurs jours pour visiter jusqu’aux coins les plus reculés de chaque département. S’agissant de Dakar, je m’étais déjà rendu dans beaucoup de communes d’arrondissement et le mois de ramadan m’a permis de poursuivre les visites de proximité, surtout en direction de nos compatriotes vivant dans les banlieues et livrés aux  affres des inondations.

Vous avez rencontré Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste. Quel a été l’objet de vos discussions ? On a l’impression que vous avez le même problème. Le Parti socialiste du Sénégal avec Me Abdoulaye Wade et celui de France avec Nicolas Sarkozy. Que vous inspire cette situation similaire ?

Vous avez raison ! J’ai eu l’opportunité de rencontrer notre camarade Martine Aubry, leader des socialistes de France, avec qui j’ai eu des échanges sur nos expériences nationales respectives et sur la démarche de nos partis. Mais bien sûr nous avons aussi discuté sur les perspectives de 2012 qui, comme chacun le sait, est une année électorale décisive pour les socialistes tant au Sénégal qu’en France. À ce sujet et sans devoir dévoiler la teneur de nos discussions, je peux vous dire que nous avons convenu de raffermir nos relations anciennes et privilégiées empreintes de fraternité et de solidarité et nous avons aussi décidé de nous prêter aide et assistance mutuelles en renforçant les liens de coopération entre nos deux partis amis. Et dans le cadre justement de cette coopération, nos amis du Parti socialiste français ont bien voulu mettre un siège fonctionnel à la disposition de nos camarades de Paris pour les besoins de leurs activités et des échéances à venir.

Cependant, malgré les griefs réels que nos camarades français peuvent avoir contre Nicolas Sarkozy et qui ne sont pas infondés, je me garderai d’assimiler celui-ci à Abdoulaye Wade. À mon sens, très peu d’hommes politiques sont tombés aussi bas que celui-là dans l’échelle des contre-indications républicaines et des contre-valeurs démocratiques. Et de fait, pour trouver une comparaison plus juste, il faudrait peut-être regarder du côté de son ami, le Président Robert Mugabe au Zimbabwe ou de l’ancien Président du Niger, Mamadou Tandja. Non content d’avoir fait du Sénégal une république bananière par une série de modifications constitutionnelles intempestives comme la création en procédure d’urgence de la vice-présidence laissée vacante ou l’instauration d’un Sénat avec un Président nommé par décret, il veut maintenant faire du Sénégal une dynastie ubuesque où il ne voit personne digne de lui succéder que son fils à qui il a déjà confié presque la moitié des responsabilités gouvernementales. Il se trouve même beaucoup de gens pour penser que ce dernier exerce déjà la réalité du pouvoir d’Etat.

Vous vous êtes aussi rendu en Côte d’Ivoire où l’on se prépare à aller aux urnes. Ce déplacement peut-il être considéré comme un coup de pouce que vous donnez à Gbagbo, vu les relations que vous entretenez ?

Vous savez que les relations amicales et fraternelles que j’entretiens avec le Président Laurent Gbagbo sont anciennes et remontent à une époque où nous étions nous-mêmes au pouvoir avec le Président Abdou Diouf et lui dans l’opposition dans son pays. Ces relations de qualité se poursuivent aujourd’hui tant au niveau personnel qu’au sein de notre organisation commune qu’est l’Internationale socialiste.

Vous savez aussi que la Côte d’Ivoire, pays ami du Sénégal, vient de traverser une période difficile de son histoire, mais grâce au génie de son peuple, au patriotisme, à la lucidité et à la générosité de sa classe politique et au courage de son Président, Laurent Gbagbo, des pas significatifs ont été réalisés dans la voie de la paix. Elle s’offre avec les élections prévues pour la fin du mois d’octobre une chance pour renouer avec la paix civile et la stabilité politique. Dans ces conditions, il aurait été anormal que je n’aille pas au bord de la Lagune Ebrié pour encourager le Président Gbagbo et le peuple ivoirien, pour leur témoigner notre solidarité et pour leur dire ma confiance en l’avenir de ce pays auquel nous sommes attachés pour le symbole qu’il incarne dans une Afrique décidée à relever les défis.

Vous savez, ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire ne peut laisser personne indifférent. En particulier, au Sénégal nous avons la crise casamançaise qui perdure et à propos de laquelle Abdoulaye Wade semble avoir abdiqué, incapable qu’il est de lui trouver une solution. C’est comme si, après une période d’esbroufe, il reconnaît maintenant son impuissance à régler définitivement cette crise (…).

On vous a soupçonné, dans le passé, d’avoir bénéficié de soutiens financiers de Laurent Gbagbo, par exemple lors de la dernière présidentielle. Que répondez-vous aujourd’hui à ces allégations ? Et dites-nous un peu d’où le Ps tire ses ressources pour financer ses activités, son déploiement ?

Je vous ai déjà dit les relations de qualité que j’entretiens avec le Président Gbagbo. Ce sont des  relations de camaraderie, d’amitié et de fraternité empreintes de dignité et de respect. Je ne sais pas où les gens vont chercher les choses qu’ils racontent et je suis presque sûr qu’eux-mêmes ne le savent pas. Peut-être qu’eux-mêmes étant coutumiers de tels faits, ils finissent par croire que tout le monde fait comme eux. Sans doute donc voient-ils midi à leur porte et croient-ils qu’il est midi partout. Mais croyez bien que je ne suis pas homme à solliciter ni à accepter un soutien qui pourrait aliéner mes convictions personnelles et ma liberté de jugement ou qui serait illégal.

Cela dit, le Parti socialiste finance ses activités en toute transparence par des moyens légaux qui sont prévus dans nos statuts et qu’il est loisible à chacun de consulter. Et je peux vous dire que ces moyens sont essentiellement constitués des cotisations des membres, du produit de la vente régulière des cartes, sans oublier évidemment les contributions volontaires de ses militants, dont moi-même au premier chef en ma qualité de secrétaire général.

Au total, il s’agit de moyens modestes, mais je peux vous dire que nous avons les moyens de notre politique, des moyens qui nous permettent de mener dignement nos activités politiques sans recourir à aucun sou illicite. Ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est peut-être le lieu de revenir ici sur le problème du financement des partis politiques selon des critères objectifs et des modalités à définir par voie consensuelle. C’est, à mon sens, le seul moyen d’assainir la question et de lever ce genre de suspicions.

Evidemment, il ne faut pas compter sur le régime actuel pour légiférer dans ce domaine et il faudra probablement attendre sa chute inéluctable pour que les forces victorieuses du Benno portées par les conclusions consensuelles dégagées par les Assises nationales puissent y parvenir.

L’actualité politique au Sénégal reste marquée par le débat sur le mandat du Président. On a l’impression que ce débat n’accroche plus le Parti socialiste. Vous avez sans doute capitulé sur cette question ?

Bien au contraire. Le Parti socialiste pris individuellement mais aussi agissant avec ses alliés et la société civile a déjà énoncé ce qui est sa doctrine dans cette affaire après avoir pris l’avis de constitutionnalistes émérites de notre pays. La candidature d’Abdoulaye Wade est politiquement immorale et juridiquement inconstitutionnelle et lui-même l’a publiquement avoué, même s’il vient, comme à l’accoutumée, de se dédire avec une formule qui en dit long sur le malaise que provoque cette question pour lui et son camp.

Maintenant, il n’y a pas à épiloguer longtemps ni à prêter l’oreille aux avis de quelques avocats du diable préoccupés de sauvegarder les prébendes et sinécures.  Nous avons déjà dit que les mesures conservatoires idoines ont été prises et que le moment venu, le Parti socialiste et ses alliés saisiront le Conseil constitutionnel pour entendre prononcer l’invalidité  manifeste de la  candidature de Wade. Pour le reste, il ne sert à rien de ressasser des velléités, mais retenez qu’en temps utile, nous ferons ce qu’il faut. Mieux, nous prendrons d’ici là  toutes les initiatives politiques  nécessaires pour le dissuader de violer la Constitution de notre pays, pour nous éviter ce qu’on peut appeler la «tandjanisation» du Sénégal.

Idrissa Seck a déclaré que la classe politique a intérêt à rester soudée pour éviter des tensions préjudiciables à la stabilité du pays. Il a même proposé, en se fondant sur une certaine interprétation de la loi fondamentale, qu’on laisse par exemple Me Wade gouverner jusqu’en 2014, pour organiser des élections auxquelles il ne participerait pas. Que répondez-vous à cela ?

Etant hors du pays au moment où ces déclarations auraient été faites, je n’ai pas bien suivi la question et je ne veux pas, pour cette raison, trop m’avancer. Mais, si en tout état de cause je vous en crois, il s’agirait, par je ne sais quelle argutie juridique, de fonder la constitutionnalisation d’un éventuel report de l’élection présidentielle de 2012 à 2014. Je sais bien qu’Abdoulaye Wade a déjà prolongé tous les mandats des élus locaux comme nationaux et qu’il fomente maintenant de prolonger le sien car il est convaincu que des élections sincères, transparentes et libres sonneront le glas de son régime. Mais pour nous de Benno Siggil Senegaal, cette hypothèse qui rappelle trait pour trait le projet contrarié de Tandja qui en est maintenant à implorer le pardon de ses tombeurs, est inacceptable et tout à fait exclue. C’est donc sur le terrain de la lutte que nous nous situons et non sur celui de la compromission avec Wade. Et nous sommes prêts à tous les sacrifices pour cela.

Le projet de couplage des élections législatives et présidentielle est aussi soulevé. Vous pensez qu’il est pertinent ?

La réponse à cette question est de la même veine que la précédente. Pour nous, le respect absolu du calendrier républicain, et par conséquent la tenue de toutes les élections à date échue, est une exigence non négociable et nous nous opposerons par tous les moyens à toute tentative de report de l’élection présidentielle de 2012 et/ou de son couplage avec les consultations législatives. Il faut que chacun revienne à l’orthodoxie démocratique et républicaine et respecte nos institutions et le Parti socialiste ne se fera le complice d’aucun marchandage coupable. Nous ne ferons pas grâce à Wade d’un seul jour de plus.

On évoque beaucoup des dissensions de plus en plus accentuées entre le Ps et l’Afp. Quel est le nœud de votre contentieux ? Beaucoup avancent qu’il ne s’agit que d’un problème de personnes, précisément entre vous et Niasse ?

Les gens disent toujours beaucoup de choses, mais ce qui est constant c’est qu’il n’y a pas de problème personnel entre Moustapha Niasse et moi ni entre nos deux partis qui coopèrent activement au sein de Benno Siggil Senegaal et ont ensemble pris part aux Assises nationales et adopté ses conclusions consensuelles. Je saisis l’occasion pour dire de manière définitive que je n’ai aucun problème personnel avec un membre de la classe politique sénégalaise, y compris Abdoulaye Wade dont je ne partage pas l’idéologie, la vision ni les options politiques. Maintenant, que les militants de l’une ou l’autre formation veuillent mettre leur leader en avant me paraît dans l’ordre normal des choses. Il s’agit surtout de ne pas se laisser divertir par des oiseaux de mauvais augure prompts à voir des divisions là où il n’y en a pas. Et entre nous, on est bien loin des querelles intestines et des luttes fratricides que nous voyons au quotidien dans les rangs du Pds et de ses alliés.

On a aussi remarqué des passes d’armes entre un responsable de votre parti et Ibrahima Sène du Pit. Pensez-vous que cela contribue à trouver un consensus politique dans Benno ?

Au sein de Benno, nous travaillons d’arrache-pied, en partant des conclusions pertinentes et consensuelles des Assises nationales, pour trouver le consensus sur notre projet de Nouvelle République, sur les politiques de rupture à conduire après la victoire et sur le candidat qui conduira l’équipe chargée de les appliquer. Nous nous y tenons et je constate que le Pit, avec lequel nous n’avons aucun problème, en fait de même. Maintenant, tout cela ne saurait exclure la poursuite du débat démocratique qui peut être vif parfois entre militants de diverses obédiences. Nous pensons néanmoins qu’avant d’être démocratique, ce débat doit d’abord être véridique et non pas couturé d’arrière-pensées et de procès d’intention.

Pour ne rien vous cacher, je reconnais que ce genre de polémique a certainement un coût politique et je travaille à les éviter. Mais comprenez aussi que pour un socialiste, le silence face à certaines accusations répétées est encore plus préjudiciable politiquement. Ceci étant, ces contradictions sont mineures au regard de l’immense travail que nous menons ensemble tous les jours pour débarrasser le Sénégal du régime incompétent et corrompu d’Abdoulaye Wade.

Elles doivent donc être ramenées à leurs justes proportions, et je me réjouis que tout soit rentré dans l’ordre. J’invite aussi tout le monde à comprendre qu’opposés tous au régime de Wade, nous avons infiniment plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent.

Aujourd’hui, pensez-vous que le peuple est prêt à revenir à un régime de type socialiste, après les 40 ans que vous avez passés à la tête du pays et qui vous valent encore des critiques venant surtout du Pds ?

Que cette critique vienne de la propagande libérale est normal. Mais si elle a pu faire recette pendant les premières années de l’alternance, elle ne fait plus guère illusion maintenant. On ne fait de l’alternance qu’avec les opposants en place et sur ce plan-là nous sommes sur le terrain depuis 2000, parce que nous avons toujours compris que le système Wade était une imposture. Le moment venu, le peuple choisira celui qui lui paraîtra le meilleur parmi les candidats à l’élection. Il n’y a pas de problème avec ça. Maintenant, je vous ai déjà dit que dans le contexte actuel, toute domination hégémonique par un parti et donc toute idée de retour à un passé révolu est à écarter. Le Parti socialiste, et toute autre formation politique d’ailleurs, ne parviendra au pouvoir que dans le cadre d’une large alliance politique et de gouvernement, une majorité plurielle et solidaire à laquelle nous travaillons sans relâche avec tous nos alliés. Et c’est cela qui est sain car qui oblige les forces politiques au dialogue pour trouver des compromis dynamiques et soustraire le champ politique à la toute-puissance d’une seule formation.

Au demeurant, même si tout n’a pas été une réussite, et bien sûr qu’il y a eu des insuffisances, des erreurs, voire des fautes, le Parti socialiste n’a pas à pâlir de son bilan à la tête du pays. Après l’avoir conduit à l’indépendance, il en a fait un Etat républicain et a consenti, bon gré mal gré, aux aspirations populaires pour l’instauration d’une démocratie qui était longtemps la fierté de tous les Sénégalais. Cela a permis l’alternance pacifique saluée par le monde entier. Par ailleurs et quoi qu’il dise, en dépit de toutes les contraintes exogènes comme le choc pétrolier, la sécheresse cyclique, les ajustements structurels, la détérioration des termes de l’échange, la dévaluation du Cfa etc.

Abdoulaye Wade a hérité d’un pays aux finances publiques assainies. De même les grands équilibres macroéconomiques étaient rétablis au prix de plusieurs années de sacrifice, avec à la clé de nombreux projets structurants pour l’économie nationale dont le financement était déjà bouclé. Et j’en passe.

Et maintenant que les Sénégalais ont vu Abdoulaye Wade et son régime à l’œuvre et qu’on sait qui est qui, c’est donc vraiment à tort que l’on nous rabâche cette vieille rengaine.

Ne craignez-vous pas, avec les divisions constatées, que cela fasse l’affaire de Me Wade et du Pds ?

C’est sûr que toute division dans notre camp favorisera ceux d’en face et que nous devons tout faire pour bannir ces démons en restant unis et tendus vers l’atteinte de nos objectifs. Mais vous aurez sans doute remarqué que si nous avons quelques difficultés, chez nos adversaires c’est la zizanie, la guerre de tous contre tous, annonciatrice de l’implosion finale.

Il semble que vous surveillez comme du lait sur le feu Khalifa Sall et Me Aïssata Tall Sall. N’avez-vous pas peur qu’ils vous prennent votre place?

Voilà une autre rumeur artificielle montée en épingle pour voir germer dans notre parti la symétrie des turpitudes et des querelles byzantines qui sont généralement observées au Pds.

Le Parti socialiste n’est pas un parti blindé. C’est une formation démocratique où l’on débat de tout sans tabou. Nous avons des procédures démocratiques qui nous permettent, lorsque des échéances se présentent, que ce soit pour le renouvellement de nos instances et la désignation des responsables comme pour l’investiture de nos candidats aux élections, d’opérer des choix. Il en a toujours été ainsi, notamment en 2007, tant pour le choix du candidat du Parti à l’élection présidentielle dans le cadre de primaires démocratiques que pour l’élection du secrétaire général dans le cadre d’un appel à candidatures suivi du vote des militants dans les 104 coordinations que compte le parti à travers le pays. Je ne sais pas pourquoi les gens se gargarisent chaque fois que quelqu’un le rappelle et y voient des divisions, alors que c’est cela qui est normal dans le fonctionnement d’un parti, qui comme le nôtre, est démocratique.

Pour la bonne gouverne de nos adversaires qui croient y déceler une brèche où s’engouffrer, il n’y a pas le moindre nuage dans mes relations avec les membres du Bureau politique et entre ces membres eux-mêmes. J’ai les meilleures relations avec chacun des responsables du parti. Et en tant que secrétaire général, je suis évidemment satisfait de compter le maximum de ressources humaines de qualité dont aucune ne sera de trop lorsque viendra le moment d’appliquer les politiques de rupture que les Sénégalais attendent de nous. Ceux qui répandent ces rumeurs sont mus par des intentions de destruction, mais ils n’y parviendront pas et le moment venu, vous verrez que tout se passera au mieux, de manière démocratique, dans l’unité et la cohésion.

Quelle leçon tirez-vous de l’expérience par des socialistes de la gestion de collectivités locales ? On n’a pas l’impression que vous soyez à l’aise, surtout après ce qui s’est passé à la Patte d’Oie et plus récemment à la mairie de Dakar, sur les affaires de terrains ?

Au contraire, globalement tout se passe bien, sauf à fustiger l’obstruction et le sabotage menés par Abdoulaye Wade et certains fonctionnaires pour empêcher nos élus de dérouler les programmes pour lesquels ils ont été élus. À la Patte d’oie, les rumeurs se sont dégonflées et les contrôles effectués n’ont pas abouti, pour ce que j’en sais, à une mise en cause du maire ou du conseil municipal.

Dans le cas des délibérations du conseil municipal de la Ville de Dakar maintenant, tout le monde a vu que les Dakarois ayant refusé de confier les clefs de la capitale à son fils, Abdoulaye Wade s’évertue à contrecarrer les efforts louables entrepris par Khalifa Sall et le conseil municipal pour doter la capitale de projets structurants aptes à changer le visage de la cité. Et le plus grave c’est qu’il s’y est pris en révélant une ignorance étonnante des textes sur la décentralisation, en oubliant notamment que nous ne sommes plus à l’ère du contrôle d’opportunité ou a priori. Et on a frisé le ridicule en demandant, véritable hérésie juridique, l’ouverture d’une information judiciaire contre des délibérations d’un conseil municipal souverain.

En vérité, Abdoulaye Wade, au lieu de faire la lumière sur les multiples forfaits et scandales qui ont jalonné son parcours depuis 2000, a tenté, avec cette affaire, de construire, pour ses adversaires, la symétrie de ses propres turpitudes.

Pour ma part,  j’exhorte le conseil municipal de la ville de Dakar dans son ensemble à ne pas se laisser divertir par les gesticulations et par les élucubrations d’Abdoulaye Wade, l’encourage à rester dans les dynamiques inclusives et dans la voie vertueuse de la transparence et à poursuivre les actions et projets pertinents et cohérents dont la mise en œuvre pourrait changer le visage de Dakar.

Plusieurs fois, vous avez fait des sorties dans le sens de critiquer la gestion du secteur énergétique au Sénégal. Ne pensez-vous pas que le départ de Samuel Sarr soit un début de solution ?

Ah non ! Personne ne regrettera le départ de Samuel Sarr en raison de sa gestion opaque et incompétente, mais s’il y a quelqu’un qui s’est montré encore pire que lui en la matière, c’est bien son remplaçant dont personne n’a oublié la gestion scandaleuse des fonds de l’Anoci ni l’implication dans toutes les affaires nébuleuses et douteuses qui ont jalonné ces dix dernières années. D’ailleurs, en même temps qu’il faut réaliser l’audit opérationnel, technique et financier de la Senelec, qui a toujours été une demande du Parti socialiste, il faut qu’il réponde à l’exigence non encore satisfaite du peuple sénégalais pour un audit de la gestion financière de l’Anoci et un audit technique des ouvrages réalisés dans ce cadre. Il n’y a donc rien à espérer de ce énième remaniement. Nous avons déjà dit que nous sommes simplement tombés de Charybde en Scylla. La politique énergétique de Wade, quel que soit le ministre en place, restera un échec lamentable car elle privilégie des intérêts particuliers sur les impératifs de gestion rationnelle. Gardons-nous que le nouveau ministre nous construise des centrales à l’image du tunnel de Soumbédioune qui prend l’eau de toutes parts.

Vous êtes un amateur de foot et un supporter de l’équipe nationale. Quel avenir prédisez-vous pour le football sénégalais qui, paraît-il, est en train de renaître ?

Je suis l’un de ceux qui ont toujours cru au football sénégalais malgré les vicissitudes et les difficultés. Et je ne rate aucun match lorsque je me trouve à Dakar. Je me réjouis de la large victoire de nos braves Lions samedi face à l’île Maurice, qui nous met sur les rails pour la qualification. C’est une belle victoire pour laquelle les garçons doivent être chaleureusement félicités et encouragés. Tous ceux qui ont vu le match sont unanimes à dire qu’une grande équipe vient peut-être de naître et que la confirmation devrait se faire face au Cameroun en mars prochain. D’ici là, j’ose espérer que le gouvernement fera en sorte que les primes qui leur sont dues soient versées sans délai et que leurs encadreurs puissent recevoir leurs salaires à la fin de chaque mois comme tous les travailleurs.



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