Wade expérimente la solitude du pouvoir. Laissé à lui-même et aux ‘requins’ de l’opposition qui ne lui laissent plus de répit, le président de la République sent comme un certain vide autour de sa personne. Et ce n’est pas pour rien que Aminata Tall a cru opportun de convoquer ce qu’elle appelle ‘les structures verticales’ du parti pour apporter la réplique à ceux qui, de manière récurrente, s’en prennent à Gorgui. La rencontre de la Coalition Sopi en fin de semaine sonne, également, comme un secours en faveur du président de la République. Qui en a bien besoin ! La morosité économique mondiale aidant -le baril se négociait en fin de semaine à 115 dollars américains !- Me Wade en est, en effet, venu à ferrailler sur plusieurs fronts. D’une part, ses irréductibles opposants regroupés au sein du front Siggil Sénégal et qui s’activent autour des ‘Assises nationales’ qui, si elles étaient cautionnées par Wade, seraient, en même temps, un aveu de taille de l’échec de sa politique économique et sociale. Sans compter que cette opposition de plus en plus radicale et non représentée au Parlement n’a reconnu sa légitimité que du bout des lèvres. De quoi donner des urticaires à celui qui, en 2000, passait pour le mieux élu de tous les chefs d’Etats africains qui ont osé affronter le suffrage universel.
De l’autre côté, il y a le panier de la ménagère qui ne cesse d’être agressé par des hausses répétitives et incontrôlées des prix. La marche réprimée des consommateurs, le mois dernier, était la première escarmouche sérieuse dans ce qui ressemble, de plus en plus, à un équilibre de la terreur.
L’opposition ‘poltronne’ et ‘pleurnicharde’ d’il y a quelque deux ans ne s’y est, d’ailleurs, pas trompée. Qui a profité de l’occasion pour se rebiffer et faire sienne la lutte pour la survie des consommateurs. Au même moment, que sent-on de l’autre côté, si ce n’est un discours qui tend à se scléroser ? A force de rabâcher les oreilles des citoyens avec des arguments du genre ‘baril de pétrole’ ou ‘hausse des cours mondiaux des matières premières’, les thuriféraires du régime ont, en effet, fini par perdre toute capacité de persuasion. Fuyant même, à l’occasion, le débat et obligeant le président de la République et son Premier ministre à monter au front pour calmer les ardeurs guerrières des ‘ventres affamés’.
Pendant ce temps, ceux qui étaient payés pour la défense de la politique gouvernementale s’illustrent par des sorties articulées autour de la ‘vision du chef de l’Etat’, de son ‘combat pour l’Afrique’, etc. Des concepts tellement éloignés des préoccupations des masses que celles-ci ont fini par croire définitivement à l’incapacité des dirigeants à prendre en charge leurs besoins primaires : se nourrir, se vêtir et se soigner. Une armada de conseillers, chargés de mission et courtisans ne lui servant donc à rien sinon à gonfler la masse salariale, le président de la République, rongé par la solitude dans le combat, s’est résolu à monter au front. Sa dernière sortie au Méridien Président -du reste tournée en dérision par l’opposition- axée sur la ‘nouvelle offensive agricole’ en est la parfaite illustration. Au-delà, il a fait l’option de prendre à prendre à bras-le corps la très sensible question des prix avec le plafond de 280 francs le kilogramme le riz au-delà duquel, toute spéculation sonne comme un délit. Là où son ancien ministre du Commerce avait, erreur de communication, avoué que la situation globale des prix était irréversible jusqu’en … 2015.
Un opposant à son régime disait que ‘Wade pense seul, agit seul et se trompe tout seul’. Mais, pour ces combats-ci, un petit soutien de la part de ceux qui ‘lui doivent leur carrière’ ne lui ferait pas trop de mal.
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