Rassemblement des femmes : WADE 'humilie' Aïda Mbodj

Ses militantes n'ont pas tort de crier à l'humiliation. En effet, c'est en plein discours qu'Aïda Mbodj a été priée de céder la parole. Le tout devant une assistance composée de femmes et de chefs d'Etat dont Khaddafi qui a promis de mettre en place un projet de prise en charge des femmes et enfants abandonnés.

Sacré camouflet que celui auquel a eu droit hier Aïda Mbodj. En effet, elle été interrompue par Wade et par son protocole qui lui ont demandé 'd'arrêter pour permettre aux chefs d'Etat de prendre la parole parce qu'il fait tard'. Ce que les proches de Aida Mbodj n'ont pas du tout apprécié. 'C'est une vraie humiliation', déclare cette dame qui se dit proche de la ministre de la Femme, de la famille et du développement social. Ainsi, plusieurs femmes certainement solidaires de la ministre ont quitté le stade bien avant les discours des présidents Dénis Sassou Ngéssou et Kadhafi. 'Nous sommes là depuis 15 heures sans manger ni boire', a ainsi déclaré une autre dame visiblement épuisée par la chaleur, la faim, la soif et la fatigue. La ministre Aida Mbodj avait pourtant réussi le pari de la mobilisation puisque le stade était plein à craquer à l'arrivée du président Wade et de ses hôtes. Un stade dans lequel le chef de la Jamahirya arabe libyenne populaire et socialiste, Mouammar Kadhafi a émis le souhait de mettre en place un vaste projet pour la prise en charge des enfants abandonnés et des femmes sans soutien. C'était en présence du président Abdoulaye Wade et de ses homologues du Congo, Denis Sassou Nguéssou par ailleurs président de l'union africaine, de la Guinée-Bissau, Joao Bernardo Nino Vieira, du Cap Vert, Pedro Pires et du Gabon, Oumar Bongo Ondimba. 'Il y a beaucoup plus d'enfants sans père (abandonnés) en Afrique que dans tous les autres pays du monde', a-t-il ainsi déclaré citant des statistiques qu'il dit détenir. Et les femmes africaines sont, à son avis, les principales victimes de cette situation. C'est ce qui explique, selon lui, les maux dont souffrent aujourd'hui les enfants et les femmes africains. Il s'agit, notamment, de la pauvreté, de la malnutrition et des maladies, entre autres. Aussi, demande-t-il la mise en place d'une législation dans tous les pays africains qui fera obligation à tout homme qui aura mis au monde un enfant d'assurer son éducation, sa formation et sa prise en charge médicale. Il demande, à ce propos, à ce que cette législation soit entérinée par le Parlement africain pour mettre un terme à ce chaos. Et le président Kadhafi d'ajouter 'nous, en Afrique, donnons naissance à beaucoup d'enfants pour ensuite les abandonner et le fardeau retombe sur les épaules de la femme qui les supporte seule. J'ai fait faire des statistiques et des études qui m'ont permis de voir que le plus grand nombre de femmes abandonnées et d'enfants orphelins se trouvent en Afrique', déclare, à ce propos, le Guide de la révolution libyenne.

Le chef de l'Etat libyen a souligné, par ailleurs, la nécessité de promouvoir les langues africaines pour permettre aux fils et filles du continent de pouvoir communiquer sans passer par des langues étrangères comme l'Anglais, le Français, l'Espagnol et le Portugais entre autres. Il se dit en effet convaincu que l'Afrique ne pourra jamais se développer tant que les Africains ne pourront pas communiquer entre eux à travers leur propre langue. 'Il est vraiment honteux pour nous Africains de ne pouvoir nous parler que par le truchement d'une langue étrangère', clame-t-il.

Le président Wade qui se dit heureux de la présence de ses pairs à Dakar a déclaré, pour sa part, qu''il est le gouverneur de la province du Sénégal des futurs Etats-Unis d'Afrique. Je n'ai pas grand-chose à dire sauf vous remercier d'avoir laissé, un moment, vos lourdes charges pour venir fêter avec nous'.

Ce projet appelé 'projet Kadhafi' pour l'enfant africain, la jeunesse africaine et la femme africaine a pour objectif principal de lutter contre la pauvreté, la maladie, la mendicité des couches vulnérables de la société. Il a été lancé au premier jour de l'année musulmane, selon la ministre de la Femme, de la famille et du développement social qui précise au passage que c'est le président libyen lui-même qui a demandé de rencontrer les femmes sénégalaises lors de sa visite au Sénégal... 'C'est un projet très ambitieux qui va renforcer les capacités des femmes africaines. Et nous allons voir dans quelle mesure nos groupes vont en bénéficier', a dit Aida Mbodj avant que le micro ne lui soit arraché.