REACTIONS - Après le départ du Pr de la Cpa : Tanor Dieng refuse toute situation intermédiaire à Agne

Le départ du Parti de la réforme (Pr) de la Coalition populaire pour l’alternative est une attitude souveraine, mais pour le Premier secrétaire du Parti socialiste, Agne et ses camarades devront clarifier leur positionnement politique. Car en politique, les situations intermédiaires n’existent pas, selon lui.

Voilà une attitude qui plombe les espérances nourries sur un compagnon, mais qui ne scelle pas forcément l’avenir de la Coalition. C’est la réaction de Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste sur le départ du Parti de la réforme (Pr) de Abdourahim Agne de la Cpa. En effet, joint hier par nos soins, le leader socialiste a exprimé sa surprise devant l’inexplicable. «Je ne vois pas l’explication de son départ. Jusque-là, nous travaillions ensemble et rien ne présageait une telle attitude», avance-t-il avant de manifester son regret. Pour lui, M. Agne était un élément de l’ensemble et c’est toujours regrettable de perdre un compagnon dans une lutte.

Seulement, le chef de file des verts de Colobane, surpris qu’il est d’apprendre les motivations des réformistes, soutient que ces derniers font un mauvais procès à la Cpa. C’est que le Parti de la réforme, dans les arguments expliquant son choix de «rupture», a reproché à la Coalition son manque de sérieux et son alliance paradoxale mue par le seul souci de renverser Me Wade. Ce que Ousmane Tanor Dieng trouve exagéré et inexact. Pour lui, la Coalition populaire pour l’alternative travaille sur un programme alternatif et Abdourahim Agne était un membre important dans son élaboration. Mais, il passe l’éponge et range tout cela dans le cadre politique où chacun a le droit de faire son choix. «Le droit d’analyser et de penser le contraire, ça les engage.»

Sur ce choix, justement, les réformistes devraient préciser davantage leur camp, suggère le socialiste. Son avis est qu’en politique, il n’y a pas «de situation intermédiaire». L’opposition s’oppose et la majorité gouverne, tranche-t-il. Et d’ajouter que le dialogue incombe à toutes les parties pour la consolidation des acquis démocratiques et la recherche de consensus sur les questions majeures. «Tout le monde est ouvert à ce débat national», croit-il savoir.

En tout cas, le Ps réaffirme son ancrage dans l’opposition et son vœu de combattre avec les autres leaders pour une alternative démocratique, dans le cadre de la Cpa, que Massène Niang du Mouvement pour le socialisme et l’unité juge sereine et inébranlée par le départ du Parti de la réforme. Lui, comme Cheikh Sarr du Mouvement pour l’alternance générationnelle (Mag), indiquent avoir vu venir le départ de Abdourahim Agne. Le coordonnateur national du Msu informe que depuis des mois, Abdourahim Agne avait cessé de prendre part aux Conférences des leaders de la Cpa. Une posture paradoxale, selon M. Niang, qui rappelle que c’est au siège du Pr qu’est née la Cpa. Il se rappelle même que ce jour-là, l’hôte avait tenu un joli discours sur la nécessité de construire et de préserver l’union dans la coalition. En attendant de voir quelle suite les réformistes vont donner à leur rupture, M. Niang reste convaincu qu’en politique, les vraies motivations ne se disent jamais. Pour ne pas tomber dans des élucubrations tapageuses, il dit s’en remettre «au temps» pour connaître un jour les véritables motivations du départ du Pr. Jugeant Abdourahim Agne «intelligent» et d’une «grande valeur politique», il se dit fondé à croire que l’homme n’a pas pris sa décision à la légère

Ancien compagnon de M. Agne dans le pôle dit Mouvement pour la citoyenneté et la république (Mcr) et au G10, Cheikh Sarr juge normal le clash intervenu au vu de son comportement dans la Coalition populaire pour l’alternative. «On avait identifié tres tôt des comportements qui n’éclairaient pas les choses, nous avons pensé nécessaire de maintenir une frontière claire et nette entre l’opposition et le pouvoir. Maintenant, ils n’ont pas encore dit qu’ils allaient vers la Cap 21, mais nous avions des doutes sur la sincérité du Pr à aller avec l’opposition.» Cela dit, Cheikh Sarr regrette quand même ce départ, mais soutient qu’il n’empêchera pas la Cpa de poursuivre son travail. D’autant plus que le Pr était venu à la Cpa avec d’autres partis politiques et il est parti seul, a conclu Massène Niang.