Coup pour coup ! Après la sortie du directeur de cabinet du chef de l’Etat, Pape Samba Mboup, sur les négociations entre Me Wade et Niasse, voilà que sort du mutisme le fameux «plénipotentiaire» dont il s’abstenait de dire le nom lors de sa séance de déballage devant la presse. Bécaye Sène ne nie pas la tenue de négociations entre lui et M. Mboup, mais range cette démarche sous le sceau d’une démarche personnelle.
L’ Alliance des forces pour le progrès (Afp) ne dément pas le chef de cabinet du président de la République, sur la tenue de tractations menées par personnes interposées pour créer les conditions d’un rapprochement entre son leader Moustapha Niasse et Me Wade. Seulement, Bécaye Sène, qui est mis en cause pour avoir directement négocié avec Pape Samba Mboup, a brisé le silence pour apporter sa version de cette «comédie» dont la première version est servie en grande pompe par son contact du palais présidentiel. Le responsable «progressiste» rejette toute thèse portant à croire que sa démarche est une position officielle de son parti ou de son leader : «C’est le fondement de ma conviction personnelle qui a abouti à l’événement que vous savez tous, (négociations entre Pape Samba Mboup et lui pour le rapprochement Niasse/Wade). Je ne suis pas plénipotentiaire de Moustapha Niasse, c’est à dire -et je le précise bien- une personne à qui on donne les pleins pouvoirs pour agir en son nom. Je ne le suis pas et je ne l’ai jamais été. Je ne suis pas non plus un émissaire qu’on a envoyé auprès d’un autre pour porter un message.»
M. Sène explique les raisons de sa démarche par le constat fait de la «situation de crise profonde» dans laquelle le pays est plongé, à quelque quatre mois des échéances électorales dont les contentieux sur le fichier restent encore entiers : «Au regard de tout cela, j’en suis arrivé à la conclusion personnelle que pour arriver à des échéances à bonne date, sécurisées et transparentes, il faut que les leaders politiques de l’opposition et du pouvoir se parlent. Et notamment les deux plus âgés (sic), à savoir mon leader Moustapha Niasse et Abdoulaye Wade.»
Pour entamer sa démarche, il prend contact avec la personne qu’il jugeait être «le véhicule porteur» qui pouvait le conduire le plus rapidement au chef de l’Etat. C’est ainsi que son choix fut porté sur Pape Samba Mboup, directeur de cabinet de Me Wade. Le contact est fait très rapidement et une rencontre s’en suit : «Quand nous nous sommes rencontrés, j’ai précisé, dès le départ, que je le contacte à titre personnel, en tant que personne de bonne volonté. Et je lui ai dit que la personne à qui il pensait (Moustapha Niasse Ndlr) n’était même pas au courant de ma démarche. Et que les deux sages de l’arène politique que sont Moustapha et Wade, compte tenu de la situation actuelle du pays, devraient se rencontrer pour parler du Sénégal.» Un écho accueilli favorablement par M. Mboup et beaucoup de ses «frères» libéraux. «J’ai la même conviction que vous, et il y en a beaucoup qui pensent la même chose. S’ils vont ensemble, ils pourront faire beaucoup pour ce pays», a soutenu Papa Samba Mboup. Le premier cap franchi, il fallait s’accorder sur le second au cours duquel, le responsable de l’Afp devait recevoir un message d’approbation du chef de l’Etat par l’intermédiaire de son émissaire, avant toute discussion sur les modalités des retrouvailles entre Moustapha Niasse et Wade.
Le second contact est très vite fait, mais ne répond pas à toutes les attentes du présumé plénipotentiaire de l’Afp : «Lors de notre deuxième rencontre, il est venu me confirmer que c’est ce que son leader pense. Mais, qu’il souhaiterait le rencontrer directement, sans intermédiaire. Je lui dis : «Comment ?» Il me dit discrètement. Je lui ai dit non, car ça ne faisait partie ni de nos stratégies, ni de notre principe. Durant toute cette période, Moustapha était à Paris. Pour ne pas rompre les discussions, je lui ai dit que je prendrai l’attache de Niasse pour lui faire part du désir du chef de l’Etat de le rencontrer. Contact repris avec Mboup (Pape Samba Mboup Ndlr) au téléphone, je lui ai fait savoir que l’approche qu’ils proposent n’est pas dans notre logique de stratégie. Il me dit carrément que si cela en était ainsi, que l’on arrête. Et j’ai répondu : «qu’à cela ne tienne, je n’avais que ma bonne volonté». Et on a arrêté.»
Les choses semblent mal tourner, mais ne s’arrêtent pas en si bon chemin, car après l’appel au dialogue du président de la République à l’occasion de la korité, M. Mboup reviendra à la charge pour relancer les choses. L’émissaire du chef de l’Etat l’interpelle sur la démarche prise par son patron en ce jour saint, et l’informe de l’arrivée imminente d’une lettre pour l’Afp, ainsi que les autres formations de la Cpa. Informations que le «progressiste» accueille avec une gaieté très relative, sous prétexte que la nouvelle donne prenait en compte toute l’opposition. Bécaye Sène approuve, mais poursuit qu’une telle démarche est menée à destination de toute l’opposition et que cela n’engageait pas outre mesure sa personne Il rétorque clairement à son interlocuteur que : «Je parlais au nom de mon parti.» Moustapha Niasse sera alors informé par son camarade de parti sur l’imminence de l’arrivée d’une lettre d’appel au dialogue du Président Wade. Celui-ci approuve le principe «mais sans prendre d’engagement», jusqu’à sa sortie d’audience, selon M. Sène, qui précise que son leader est reparti en voyage juste après son entrevue avec Wade.
PROPOSITIONS DE POSTES
Bécaye Sène nie toute démarche de l’Afp en vue de bénéficier de portefeuilles ministériels, ou celui de vice-président que son leader aurait exigé de Me Wade : «Moustapha Niasse, en ma connaissance, de tous les entretiens que nous avons eus sur le plan politique et personnel, ne m’a jamais parlé d’un poste ministériel ou d’une position quelconque sur l’échiquier Gouvernemental.» Au contraire selon lui, c’est Me Wade qui aurait pris l’attache de M. Niasse pour une invitation à son prochain gouvernement. Une proposition qui n’aurait pas gagné l’approbation de ses camarades progressistes. «Il semblerait que Wade aurait appelé, après, Moustapha à l’extérieur pour lui demander son sentiment sur leur entretien, parce qu’il va remanier. Et Niasse lui a répondu que la majorité de son bureau politique n’était pas d’accord pour qu’il rentre dans le gouvernement à quatre mois des élections.»
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