Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

RETOUR - Et si l’ancien Premier ministre était réhabilité : Enjeux d’un come-back possible

Single Post
RETOUR - Et si l’ancien Premier ministre était réhabilité : Enjeux d’un come-back possible

Entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, c’est le temps des négociations ultra secrètes. Au-delà des retombées attendues ou non attendues, se pose pour le Pds la gestion des enjeux qu’impliquerait un retour dans « la maison du père ». Mais dans tous les cas, si l’horizon immédiat reste la victoire présidentielle des libéraux en 2007, il semble que les intérêts des deux camps en conflit est dans la réunification.

Dans le principe, une élection présidentielle et des élections législatives seront organisées au Sénégal en février 2007. Dans le principe également, Me Abdoulaye Wade briguera un deuxième mandat pour lequel, disait-il sur TV5 Monde, il ne trouve pas encore d’adversaire à sa taille. Dans le principe enfin, Idrissa Seck devrait prendre part à la compétition suprême, après l’annonce de sa candidature, le 4 avril 2006. Dans ce contexte où les principes valent ce qu’ils valent, et avec eux les acteurs politiques, les surprises n’en sont pas réellement. Le retour de l’ancien Premier ministre auprès du président de la République est très actuel sans être une certitude. Mais il aura de grosses implications au niveau du Parti démocratique sénégalais, formation politique de masse éclatée en chapelles.

Comment concevoir un retour d’Idrissa Seck ? Dans des proportions énormes, le maire de Thiès a “ cultivé et récolté” des ennemis de toutes sortes, de toutes catégories. Il en a humilié un bon nombre, écrasé certains, écarté d’autres. Dans le feu d’un commandement infernal imposé au Pds et que seul Me Wade n’a pas vu. La dictature partisane érigée en mode de fonctionnement interne, ainsi que ses répercussions à l’échelon supérieur, celui de l’Etat, ont constitué la base d’une ambition suprêmement forte. Si Me Wade est «la» constante, il fut un moment où le Pds a été la propriété de celui qui fut son homme de confiance.

De fait, elles sont nombreuses, les pointures libérales avec qui Idrissa Seck ne s’entend pas. On se souvient du mémorable échange d’aimables insanités avec Ousmane Ngom par presse interposée. L’animosité qui le lie à Farba Senghor, «fou du village» mais force montante et influente dans le parti, est aujourd’hui légendaire. L’hostilité affichée des Souleymane Ndéné Ndiaye (directeur du Cabinet présidentiel), Pape Samba Mboup (Chef de cabinet), Alioune Diop (Chargé de mission), Cheikh Tidiane Sy (Garde des Sceaux), Aliou Sow (ministre de la Jeunesse), Doudou Wade (président du groupe parlementaire libéral) et de tant d’autres moins médiatisés, est un frein brut à un come-back seckiste. Dans une approche extrême, on théoriserait même que ce retour est un non-sens politique si l’on s’en tient aux discours vernis sur l’état de santé de la majorité présidentielle. Que ferait-on en effet de Macky Sall, dont le président de la République dit le plus grand bien en public même s’il n’en pense pas moins autre chose en privé ? Par la force des événements, l’actuel chef du gouvernement est devenu le moteur opérationnel de la «vision» présidentielle du développement. Les libéraux et leurs alliés s’accordent pour dire qu’il est en train de «traduire en actes les ambitions» du Chef de l’Etat. Or, il est aujourd’hui un adversaire irréductible de son prédécesseur. Me Wade peut-il décemment le rétrograder ou le sacrifier sur l’autel d’une réconciliation avec son pire ennemi politique ? Le risque est grand de succomber à une deuxième vie avec son ancien bras-droit alors que les ressentiments des uns et des autres à l’égard de l’ex-Premier ministre ont atteint une degré non négligeable. Le risque existe de casser, d’une manière ou d’une autre, un parti qui a échappé aux vicissitudes financières, très fragilisé par l’exercice du pouvoir, les déboires qui en résultent et les contradictions internes. Mais ces risques sont calculés.

LES CONTRADICTIONS AU PDS

En réalité, si les choses paraissent inextricables, le secrétaire général national du Pds dispose d’une bonne marge de manœuvre sur laquelle il est possible de s’appuyer pour que la greffe nécessitée par le retour envisagé d’Idrissa Seck dans la «maison du père» s’effectue en douceur. D’abord, à l’heure actuelle, le Pds ne détient aucune certitude avérée liée à des tendances lourdes qui lui seraient favorables dans la population électorale. Les libéraux, à commencer par le premier d’entre eux, ont beau crier partout que l’élection présidentielle sera une formalité pour leur chef, ils n’en ont qu’une preuve empirique. Devant une telle incertitude, l’apport numérique présumé du maire de Thiès est une redoutable botte secrète face à une opposition qui trouvera forcément des raisons de jouer l’unité organique. Si Me Wade et ses proches les plus lucides tiennent à conserver le pouvoir au-delà de 2007, ils ne peuvent raisonnablement pas fermer la porte à l’ancien PM.

Ensuite, il saute aux yeux que les adversaires les plus déterminés de M. Seck sont en général plus des apparatchiks du Pds que de véritables porteurs de voix. Sans leur dénier la part de représentativité ou même de symbole qui peut être la leur, on voit mal comment, en direction de batailles électorales difficiles, Me Wade pourrait donner la primeur à la légitimité historique au détriment de la représentativité des uns et des autres. C’est une posture politique contre-productive avec laquelle le président de la République a d’ailleurs rompu dès les premières heures de l’alternance, avec le recrutement politique des transhumants venus du Parti socialiste.

A contrario, et c’est encore une marge de manœuvre exploitable, une lecture «sociologique» des secteurs libéraux qui ne sont pas hostiles à la réconciliation avec l’ancien Premier ministre permet de constater que ceux qui en sont les chefs de file semblent dotés de bases politiques solides dans des bastions identifiés, et qui en font des leaders qui comptent. Aminata Tall, Ousmane Masseck Ndiaye, Ndiawar Touré, Modou Diagne Fada, Lamine Ba, Oumar Sarr, Issa Mbaye Samb, etc., représentent aujourd’hui la frange modérée du Parti démocratique sénégalais, du moins sur le dossier des chantiers de Thiès. Au nom du principe de la bonne gouvernance, et même si certains d’entre eux n’en sont pas des pratiquants fervents, tous réclament la lumière à propos des milliards disparus sous le béton de la cité du rail. C’est une exigence minimale sur le terrain de la crédibilité.

Le Parti démocratique sénégalais a certes ses contradictions, énormes parce qu’à la mesure des responsabilités d’Etat qu’il exerce. Mais Idrissa Seck a également ses propres faiblesses, fantastiquement inquiétantes pour un homme «né pour être président.» En l’état actuel de ses forces, sa capacité de nuisance est extrême à la fois contre Me Wade et la Coalition populaire pour l’alternative. S’il dispose de lieutenants représentatifs (Awa Guèye Kébé, Pape Diouf, Oumar Sarr, Talla Diouf, etc.), une infrastructure politique rompue aux joutes électorales lui fait défaut. Dans le contexte sénégalais, c’est une insuffisance mortelle. C’est pourquoi sa propension à affirmer qu’il est «actionnaire majoritaire» du Pds est loin d’être innocente. C’est pourquoi également il ne peut se passer du Pds pour ses ambitions immédiates, étant donné que ses chances d’être coopté par la Cpa sont nulles.

Si les retrouvailles entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade devaient se concrétiser, ce serait un miracle comme seule la haute politique, celle de la conservation éternelle du pouvoir, qui ne s’embarrasse point de considérations morales ou éthiques, sait en produire. Quand la politique gagne, c’est souvent la morale qui en pâtit. Le retour en grâce d’Idrissa Seck au Pds, sans une clarification judiciaire de l’affaire des chantiers de Thiès, serait un terrible coup porté à la démocratie et à la dignité des acteurs politiques impliqués.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email