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Politique

RETRO 2006 : Les hommes politiques entre la Dic et la prison

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RETRO 2006 : Les hommes politiques entre la Dic et la prison

Si 2006 a commencé par la libération des détenus dans le cadre de l’affaire dite des chantiers de Thiès et ses corollaires entre janvier et mars, le défilé des hommes politiques entre la Division des investigations criminelles (Dic) et la prison centrale de Rebeuss a surtout marqué l’année 2006. De Amath Dansokho à Salif Bâ en passant par la famille Dias, Yankhoba Diattara, les hommes politiques n’ont pas cessé, durant cette année, d’être inquiétés par la justice.

18 janvier : libération de Salif Bâ

Salif Bâ a finalement bénéficié d’une liberté provisoire dans le cadre de l’affaire dite des Chantiers de Thiès obtenue après moult recours de la part de ces derniers. C’était le 18 janvier, pour « des raisons de santé ». « Notre client bénéficie d’une liberté provisoire, son mandat de dépôt a été levé par la commission d’instruction auprès de la Haute Cour de justice » a expliqué un de ses défenseurs, Me Moustapha Diop. Et d’ajouter sur un ton jubilatoire : « À partir de cet instant, Salif Bâ est tout à fait libre de vaquer à ses occupations ». L’ancien ministre de l’Habitat et du Patrimoine bâti avait été inculpé, dans le cadre de l’affaire dite des chantiers de Thiès. Vingt-et-un jours auparavant, il a été entendu sur le fond du dossier. Et depuis cette apparition, le débat sur sa santé a été posé avec acuité. D’ailleurs, pour les mêmes raisons, Salif Bâ avait été interné au Pavillon spécial de l’Hôpital Principal de Dakar.
C’est ainsi qu’à sa dernière audition, son avocat, Me Moustapha Diop, évoquant la santé de son client, déclara : « Nous avons prévu la désignation d’un expert, pour se prononcer sur l’état de santé de M. Bâ ».

15 février : sortie de Idrissa Seck

Salif Bâ laissera en prison son compagnon Idrissa Seck, inculpé pour le même dossier, en plus de l’atteinte à la sûreté de l’Etat pour lequel, il obtiendra d’ailleurs un non-lieu le 30 janvier. Cependant, il devra attendre le 07 février à 15 heures pour sa sortie de la citadelle du silence. « À partir d’aujourd’hui, Idrissa est libre. C’est une liberté qui est donnée par la justice. Que tout le monde sache que c’est un non-lieu partiel. Il est sorti dans la clarté. On lui a rendu sa liberté d’office, comme je le souhaitais. Il faut comprendre que, quelqu’un qui est sur la route de la vérité n’a pas beaucoup de compagnons. C’était difficile, notre route. Et vous avez vu depuis, qu’on a obtenu la liberté. Peu importe ce que certains disent.
La vérité est qu’Idy est entré ici par la volonté de la justice et est sorti par la volonté de la justice. Donc, à partir d’aujourd’hui, Idy est libre » a expliqué Me Boucounta, du pool de ses avocats, à la presse qui était venue nombreuse assister à l’événement. Me Sidiké Kaba ne dit pas le contraire : « Il faut retenir qu’on est dans un Etat. Idrissa était innocent. Nous l’avions dit. Il est aujourd’hui plus innocent que jamais. Ce que nous retenons, c’est qu’il a clamé haut son innocence. Et cette décision s’apparente à la reconnaissance de cette innocence. Nous pensons que cette affaire sera derrière nous. Cela est important pour le Sénégal et pour tous. L’Etat de droit concerne tous les citoyens. Mais, quand il s’agit de la liberté individuelle et de la vie d’un citoyen, il est important que nous soyons vigilants et que nous disions, alors : « La force ne doit pas passer !». Nous avons espoir que cette affaire est derrière nous ». Ainsi, après huit mois de détention ferme, Idrissa Seck a humé l’air de la liberté, non sans la présence d’une foule d’amis et de sympathisants qui ont tenu à l’accompagner jusqu’à son domicile. Quelques mois plus tard, précisément vers la première semaine de novembre, on assistera à une querelle par voie de presse de ce que la presse a appelé « le protocole de Rebeuss. » La Présidence a nié l’existence d’un protocole d’accord entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck.
Une polémique par voie de presse est née sur d’éventuelles négociations entre le Chef de l’Etat et Idrissa Seck à propos de la sortie de prison de ce dernier. Toute la première semaine du mois de novembre 2006, et même au-delà, les Sénégalais ont assisté à un spectacle peu reluisant pour notre démocratie. C’est Me Amadou Sall, porte-parole de la Présidence, qui ouvre les hostilités en disant que « c’est Idy qui a écrit à Wade pour des négociations depuis sa cellule ». Et Me Nafissatou Cissé Diop, au nom de M. Seck, a reconnu l’existence de ces négociations, mais en alléguant bien du contraire. À l’en croire, c’est Wade qui a envoyé des émissaires pour négocier avec Ìdy. D’ailleurs, l’avocat de l’Etat, Me Ousmane Sèye s’est aussi invité dans ce débat, pour dire que c’est Idy qui a voulu négocier pour faire des milliards des fonds politiques et, qu’en toute réponse, Wade lui aurait demandé de rembourser l’argent.
La vérité ne sera jamais sue. Quoi qu’il en soit, Idrissa Seck est sorti de prison et son camarade Yankhoba Diattara ne tardera pas, car le 02 mars, il sera libéré, ayant été appréhendé, jugé et condamné pour trouble à l’ordre public. Il était reproché au lieutenant de Idrissa Seck d’avoir incité les habitants de Thiès à s’opposer au convoi de Me Wade en partance pour Touba.

Le 22 mars, Ibrahima Sène du Pit mis sous mandat de dépôt

Après cette série de libérations, nous assisterons à une vague d’arrestations. C’est Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) qui ouvre le bal avec l’affaire dite des « 44O milliards ». Évoquant le procès du camarade de Amath Dansokho, nous disions, dans notre édition du 23 mars, que « Ibrahima Sène avait été entendu une première fois, samedi, sur ses déclarations portant sur un transfert de 440 milliards de francs Cfa dans des banques au Moyen-Orient et autres pays occidentaux. Une déclaration qu’il avait faite au cours d’un point de presse tenu à la permanence de son parti en présence de ses camarades Amath Dansokho, Maguette Thiam, Sémou Pathé Guèye et les autres membres du Comité central du Pit ». M. Sène avait souligné que ses propos avaient été mal rapportés par la presse et qu’il n’avait jamais parlé de vol.
Malgré cette précision, il sera de nouveau auditionné, puis libéré, avant de se voir notifier une troisième convocation au cours de laquelle il sera mis sous mandat de dépôt et incarcéré à Rebeuss pour diffusion de fausses nouvelles entre autres chefs d’inculpation. C’était le 22 mars. Mais, certains observateurs n’ont pas manqué de voir dans cet emprisonnement de Ibrahima Sène la dernière déclaration du Comité central du Pit largement relayée par la presse et dans laquelle Dansokho et ses camarades accablent Me Wade et son régime.

Le 21 juin, Amath Dansokho écope de deux mois avec sursis

À ce propos d’ailleurs, le leader du Pit sera lui-même condamné à deux mois avec sursis, pour la même affaire, mais plus tard, c'est-à-dire le 21 juin 2006. Ainsi, pour avoir repris les mêmes propos que son camarade de parti, Ibrahima Sène, Amath Dansokho écopera d’une peine d’emprisonnement de deux mois avec sursis pour diffusions de fausses nouvelles.

Le 14 avril, Jean Paul Dias interpellé par la Dic

Après ce feuilleton des leaders du Pit, il y eut les affaires Dias. Le père comme le fils séjourneront à la prison de Rebeuss à la suite de déclarations. Tout commence le 14 avril avec le père Jean Paul Dias leader de Bloc des centristes Gaïndé (Bcg). Suite à une de ses sorties sur les ondes des radios, il fera l’objet d’une traque dans les rues de Dakar, avant d’être relâché tard la nuit. Il lui est reproché le délit d’offense au chef de l’Etat. Lors de son audition à la Dic, les chefs de partis venus lui témoigner leur solidarité ne manqueront pas de livrer leur impression.
Selon le patron de l’Afp, “lorsqu’un peuple accepte de tourner le dos aux principes qui ont fait sa propre grandeur, c’est le début de la décadence”. En ce qui concerne Ousmane Tanor Dieng, il estima que « cette attitude des autorités ne fera que renforcer (leur) détermination » et ne saurait les déstabiliser. Barthélemy Dias, fils du chef du Bcg, est persuadé que « nous vivons dans un Etat policier » et promet que « la récréation est terminée ». De son point de vue, « personne n’est capable de dire ce que l’on reproche à J.P. Dias. Aujourd’hui, la Dic est manipulée » a-t-il mentionné. Il sera gardé en vue dans les locaux du commissariat du port, après une audition qui aura duré 7 heures le premier jour, pour doubler le second jour avec 13 heures passées à la police judiciaire.

Le 09 août, Jean Paul Dias arrêté avec violence à son domicile

Loin de connaître son épilogue, l’histoire du leader du Bcg se prolongera jusqu’au 09 août où il atteindra son paroxysme avec une arrestation avec « violence dans son domicile ». Lors de son jugement intervenu le 16 août, M. Dias reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Il a lui-même à la barre donné sa version des faits : « Je revenais d'une visite de ma tante qui est malade ; à l'arrivée, j'ai trouvé une coupure d'électricité.
Dans l'obscurité, on me présente une convocation de la Dic, j'ai dit au policier que je ne prends pas la convocation, puisque je n'en connais pas l'objet, et d'ailleurs, on avait décidé de ne plus déférer à une convocation de la Dic tant que c'est une affaire politique. Ils sont retournés et, quelque temps après, les policiers ont encerclé le quartier et à six heures du matin, ils ont pris d'assaut ma maison… ». Il écopera d’une peine d’emprisonnement d’un an dont trois mois ferme. Il sera libéré le 15 septembre pour des raisons de santé, selon un communiqué transmis par le Procureur de la République. Mais, la famille Dias ne sera pas encore libérée des tracasseries de la justice.

Le 22 août, condamnation de Barthélémy Dias

Le 22 août, Barthélémy Dias a été condamné à 6 mois fermes, pour le délit d’outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions et la diffusion de fausses nouvelles. Ousmane Tanor Dieng a été l'un des rares hommes politiques à s'être présenté au tribunal lors du procès. Le patron du Ps a trouvé dans le verdict rendu, ni plus ni moins que « la preuve que le régime libéral a choisi la logique de l'affrontement ». De l'avis du Premier Secrétaire du Ps, le pouvoir en place pense que, « c'est par l'intimidation et le tout répressif que les problèmes politiques peuvent être réglés ».
Ainsi, devenu un hôte trop encombrant à Rebeuss, il sera transféré à la prison de Tamba pour revenir quelque temps après vers Dakar. D’ailleurs, après le délibéré du tribunal, le condamnant à six mois de prison ferme, les avocats de la défense avaient jugé cette peine trop lourde et avaient automatiquement interjeté l’appel. Cette audience prévue pour le lundi 25 septembre, selon ces avocats, aurait, semble-t-il, motivé son retour à Dakar. D’ailleurs, lors de son transfèrement à Tamba, les avocats de la défense étaient totalement contre cette décision qu’ils estimaient être en porte-à-faux avec la légalité. Il sera libéré à quelques jours de fin de sa peine, malgré son opposition.

Le 21 novembre, Salif Bâ de nouveau inculpé avec Bara Tall

Toujours dans les affaires ayant mis en cause des hommes publics, nous assisterons à un rebondissement dans le dossier des chantiers de Thiès le 21 novembre avec l’inculpation à nouveau de Salif Bâ pour détournement de la somme de plus de 11 milliards et du patron de Jean Lefévbre Sénégal, Bara Tall, pour celui de 08 milliards. Si le premier a été libéré par le principe de « Non bis in idem » et selon lequel, une personne ne peut faire l’objet de deux poursuites pour les mêmes faits par deux juridictions différentes, le second devra encore prendre son mal en patience dans la continuité de son séjour carcéral. Un autre fait qui aura aussi alimenté l’actualité de 2006 est celui de « l’Affaire du corbeau » portant sur les chantiers de la Corniche. Cette affaire dite « des pots-de-vin de la Corniche » oppose le jeune Pape Malick Ndiaye accusateur et le secrétaire général de la présidence Abdoulaye Baldé. Après moult polémiques, Pape Malick Ndiaye a été interpellé et jeté en prison, suite à une plainte de M. Baldé. Il n’a pas encore été jugé.



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