RETROSPECTIVE - Incarcération de l’ex-Pm Idrissa Seck pour atteinte à la sûreté et à la défense nationale

21 avril 2004. Idrissa Seck quitte la station primatorale. Un départ qui marque la fin d’une sulfureuse dualité au sommet de l’Etat entre le Président Wade et l’un de ses plus fidèles lieutenants durant les dernières années de braise dans l’opposition. Les deux hommes s’épient sur le terrain politique, chacun dans l’attente d’un faux-pas de l’autre comme deux fauves politiques, sûrs d’en découdre inéluctablement.

Mais, le mercredi 13 juillet 2005, la salle du Cices où Me Wade reçoit des transhumantes thiessoises venues du Parti socialiste, l’atmosphère prend un coup d’étuve, lorsque, du haut de la tribune, le chef de l’Etat évoque, publiquement, et en Wolof , l’affaire des chantiers de Thiès qui aurait englouti près de 46 au lieu des 25 milliards. Le dossier, annonce-t-il, sera transmis à la Justice. En riposte à cette sortie médiatique et accusatrice, l’ancien Premier ministre ensevelit son long, mais bruyant silence, à travers un document où il s’explique sur les raisons de ce silence, apporte sa part de lumière, à fortes citations coraniques, sur les chantiers de Thiès, en martelant la désormais phrase : «Chaque centime que je possède a une origine propre et licite.» C’était là le point de départ d’un long feuilleton politico-judiciaire. Le feuilleton qui aura le plus charrié passions et controverses sous le ciel de l’alternance et qui a abouti, après huit jours de garde-à-vue, à l’inculpation et au placement sous mandat de dépôt de Idrissa Seck, le 23 juillet, après 1 heure dans le bureau du Doyen des juges, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté, pour atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale. Un dossier, en vérité, qui, sur cet aspect précis d’atteinte à la sûreté de l’Etat et sur son épilogue, aura été vicié par des incursions politiques aux allures d’un incontestable règlement de compte politique. Retour sur un complot d’Etat, un an après… Sur une dualité assommée, mais pas complètement ensevelie puisqu’une pièce électorale se jouera pour mettre en face, à moins d’un rebondissement spectaculaire, le «père spirituel» et son ex-«fils d’emprunt»…