La suppression du poste de numéro 2 du Parti démocratique Sénégalais (Pds) a dominé dans les débats lors de la réunion des présidents et secrétaires généraux de fédération. Elle a miné et parfois rendu électrique l’atmosphère de cette rencontre qui s’est tenue samedi 3 novembre à la permanence du Pds, sise à la Vdn. Ces « retrouvailles » qui ont été saluées par presque tous les intervenants avaient pour ordre du jour de porter l’appel du président de la République aux confins du pays et de décider de la conduite à tenir par rapport à la cherté du coût de la vie. Elles ont, également, permis de s’accorder sur l’organisation d’une marche nationale. Ainsi des assemblées générales seront organisées dans chaque fédération. Les responsables libéraux ont profité de l’occasion pour exprimer leurs complaintes face à la direction.
Le numéro deux du Parti démocratique Sénégalais (Pds) et président de l’Assemblée nationale, Macky Sall a échappé à sa destitution de son poste au sein du parti libéral au pouvoir. La réunion des présidents et secrétaires généraux de fédérations, convoquée samedi 3 novembre dernier par la direction des structures a essentiellement tourné autour de ce sujet alors que Ce n’était pas un point inscrit à l’ordre du jour. Ce qui a rendu cette rencontre qui s’est tenue de 10h 30mn aux environs de 17h à la permanence du Pds, très houleuse par moment. Ces « retrouvailles » des libéraux a connu des moments d’intenses manœuvres marqués par les sorties et apartés répétitifs de Farba Senghor.
« Le Pds est sapé par des histoires de pro. Après les pro Idy, c’est aujourd’hui les pro Macky. Le parti ainsi que les responsables et militants souffrent beaucoup de cela. Il faut changer l’ordre du jour de la réunion et procéder à la suppression du poste de numéro 2 du Pds », a déclaré un président de fédération. Les journalistes ont suivi la rencontre à travers les fenêtres. La même personne a ajouté que « le gouvernement doit rendre compte au Parti pour que celui-ci puisse le défendre. C’est la première fois depuis 7ans que se tient ce genre de rencontre ». Et de se questionner : « pourquoi le parti n’a pas bougé depuis 7ans alors qu’on ne cesse d’attaquer le président Abdoulaye Wade ? On attaque l’Anoci, personne ne réagit. Qui a intérêt à ce que le parti ne bouge pas, la léthargie du parti arrange qui ? »
Le poste de N° 2 en sursis
Ces allégations ont, ainsi, suscité l’ire des responsables libéraux favorables au président de l’Assemblée nationale. « C’est quoi la génération du concret ? », ont-ils tonné. Des voix se font entendre de tous les coins de la salle. Le tohu-bohu s’installe et met à l’affût les militants et badauds libéraux qui occupaient l’enceinte de la permanence. La direction de la rencontre, composée, entre autres, par l’administrateur du Pds, Abdoulaye Faye, le directeur des structures, Ousmane Masseck Ndiaye, le chargé de l’organisation et de la propagande, Farba Senghor tente de calmer les ardeurs et appelle au silence. Des insanités ont même fusé dans la salle. Ce vacarme causé par la résistance des partisans du camp de Macky Sall n’a pas dissuadé les adeptes de la ligne dure. Un autre responsable libéral a estimé que « les autorités du Pds n’ont pas le temps de défendre le parti parce qu’elles sont occupées par un positionnement politique. On n’a plus besoin de N° 2. Pour la paix dans le parti et dans le pays, il faut enlever ce poste. Cela doit figurer sur la résolution finale de cette réunion ». Le président de la fédération de Ziguinchor, a abondé dans le même sens et a pensé que « les gens jouent à détruire le parti. Il faut aider le président Abdoulaye Wade et le parti, ils sont très fatigués. Cela passe par la suppression du poste de N° 2 ».
Le responsable de la fédération de Matam n’a pas ouvertement réclamé la suppression du poste qu’occupe actuellement le maire de Fatick. Selon lui, « Le Pds est majoritaire partout et occupe confortablement toutes les sphères de pouvoir au niveau du pays, mais c’est une majorité silencieuse ». Si une dizaine de responsables libéraux a plaidé pour la suppression de ce poste, il y a eu des gens qui sont contre, alors qu’il y en a qui sont au juste milieu. Ces responsables ont joué la carte de l’apaisement en rappelant que ce sont ce genre de dissensions qui ont miné et déchiré le Parti socialiste (Ps) et qui ont conduit à la défection de Djibo Laïty Ka et de Moustapha Niasse. Ce qui a beaucoup contribué à la défaite de ce parti le 19 mars 2000. « Il faut éviter ce syndrome à tout prix », a-t-il lancé.
La résolution de la discorde
A la fin des interventions des présidents et secrétaires généraux de fédération, c’est ainsi le tour de la direction de répondre aux interpellations et de donner leurs avis sur certaines questions soulevées. L’administrateur du Pds a souligné que « tout militant qui ne veut pas regarder la même direction que le président de la République sera combattu ». Abdoulaye Faye a souligné que « le Pds a les moyens de se défendre physiquement et moralement. Tous ceux qui l’ont bravé, l’ont su à leurs dépens ».
La rédaction de la résolution a suscité des empoignades verbales. La majorité des responsables n’était pas d’accord sur certains termes et dispositions de la résolution. Ils se sont farouchement opposés à la mention d’un point lié à la suppression du poste de numéro deux du Pds, mais aussi de certains mots et expressions qui font allusion aux attaques ouvertes et internes de président de la République, Abdoulaye Wade.
Le directeur des structures s’offusque de cette réaction et indique : « on n’a pas parlé d’intérieur ou d’extérieur. Il ne faut pas penser à la place des gens. Il n’y a pas de sous entendu ici ».
Une ambiance électrique s’empare de la salle. Les responsables libéraux ne s’écoutent plus. « On parle de parti démocratique, donc laissé moi parlé je veux m’exprimer », a expliqué un membre du camp de Macky Sall. Dérouté, dépassé par les événements, Ousmane Masseck Ndiaye tente de restaurer le calme. « S’il vous plaît, s’il vous plaît…, s’il y a des problèmes d’interprétation laisser moi parler », a-t-il entonné à plusieurs reprises.
Le Pds prépare une marche nationale
Finalement, les partisans du président de l’Assemblée nationale ont réussi à convaincre la direction et l’autre partie de l’assistance à ne pas intégrer le point sur la suppression du poste de N° 2 dans la résolution. L’Assemblée a recommandé une reprise en main du parti par le secrétaire général national. « Nous nous indignons contre les attaques ouvertes et insidieuses visant à atteindre le secrétaire général national, le parti et le gouvernement ». Elle a aussi préconisé la relance du journal Sopi, une mise en place de cellule de veille politique et de communication, l’organisation périodique de réunions et de concertations, l’envoi des délégations à la base pour porter l’appel du président de la République. Il a surtout été retenu l’organisation d’assemblées générales dans toutes les fédérations. L’une des décisions phares de cette rencontre a, aussi, été l’organisation d’une grande marche nationale pour remercier Abdoulaye Wade et le soutenir dans sa politique.
Les militants n’ont pas manqué d’exprimer leurs frustrations et leurs préoccupations à la base. Ils ont été nombreux à réclamer des véhicules et des moyens pour pouvoir bien mener la politique du Pds et défendre le gouvernement à la base.
L’administrateur a, pour sa part, rétorqué qu’ils ont récupéré les véhicules parce qu’ils ont perdu une dizaine de voitures dont certains sont endommagés par accident. Pour ce qui est des permanences, Abdoulaye Faye a avancé que « c’est un problème qui sera bien réglé parce qu’il y a maintenant un début de solution. Thiès va bientôt étrenner sa permanence, une cérémonie de remise de clé sera organisée dans les prochains jours ». La résolution de cette réunion sera soumise au Comité directeur et au secrétaire général national du Pds qui devront l’entériner.
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