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Politique

ROBERT SAGNA : « Les valeurs ont été les plus violées pendant ces sept ans post-alternance »

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ROBERT SAGNA : « Les valeurs ont été les plus violées pendant ces sept ans post-alternance »

Le candidat de la coalition « Takku defarat Sénégal », Robert Sagna trouve que « les valeurs ont été les plus violées pendant ces sept ans ». C’est pourquoi il a fait de leur restauration sa priorité pendant cette campagne électorale. L’ancien ministre et actuel maire de Ziguinchor, indique qu’il ira chercher soutien au deuxième tour de la présidentielle « là où les gens sont d’accord avec ma ligne d’orientation », qu’il est impossible que le candidat du Pds passe au premier tour.

L’éthique et la morale sont au cœur de cette campagne. Est-ce là un besoin fort et pourquoi ?

Les valeurs, j’en fais une priorité parce qu’un pays sans référence, sans repère, n’en est pas un. Si les candidats ont plus insisté là-dessus c’est parce que simplement ce sont ces valeurs qui ont été les plus violées pendant ces sept ans. Il y a trop de scandales, trop de laisser-faire, trop de corruption. On a comme l’impression également que c’est la règle de la débrouillardise qui est érigée en principe de gouvernance, celle de l’impunité, du désordre et de l’indiscipline. Le non-respect de la parole donnée, c’est au quotidien. Quand quelqu’un ne détourne pas dans des postes jugés juteux, cela paraît une exception. Cette mentalité est difficile à accepter et à admettre. Certaines personnes, elles ont cessé de raconter de telles balivernes, avaient dans leur tête que j’étais milliardaire. La seule explication : j’étais resté 22 ans en poste dans le gouvernement. Donc pour eux, la longévité dans un gouvernement était proportionnelle à l’accumulation des richesses frauduleuses. C’est ahurissant un tel raisonnement. Aujourd’hui, on s’aperçoit que ceux qui ont fait deux à trois ans au gouvernement sont dix fois plus riches que nous qui avions fait 22 ans. Comment est-ce possible ça ? C’est cela la mal gouvernance. C’est la raison pour laquelle, la plupart des candidats à cette présidentielle, répondant assurément à une forte demande des populations dans ce domaine, mettent l’accent sur la restauration de ces valeurs d’éthique de gestion et de morale dans la chose politique. Il faut que le prochain président de la République montre la voie. Quand on prétend diriger les hommes, il faut être vertueux. Si on ne peut pas être modèle, on n’a pas le droit de chercher à diriger les hommes. J’ai proposé que l’on remette les internats en place car, pour moi ce sont des lieux de formation, d’éducation civique et surtout de solidarité. Cela aide à former une nation.

On semblait s’accorder sur le fait que vous n’étiez qu’un simple « parrain » de Ziguinchor, n’êtes-vous pas surpris de l’accueil des populations des autres régions ?

Personnellement, je n’ai pas été du tout surpris. J’ai longtemps servi dans le monde rural. Quand j’étais ministre du développement rural, j’ai beaucoup sillonné ce pays du Nord au Sud, d’Est en Ouest. D’abord, quand j’étais Secrétaire d’Etat à la promotion humaine, mon premier poste ministériel, j’ai parcouru tout le Sénégal pour implanter des infrastructures et initier des centres de formation. Ce que les gens semblent ignorer, c’est que je suis plus connu en milieu rural que dans les centres urbains. C’est peut-être un paradoxe, mais le fait est que les populations rurales connaissent plus et mieux Robert Sagna que celles des villes. Les gens qui soutiennent ma candidature sont en outre, en majorité des non Casamançais. Cela explique que cette image « régionaliste » qu’on veut me coller n’a pu prospérer. Il s’y ajoute que cette étiquette Ziguinchor… Ziguinchor qui me collait à la peau, il était nécessaire de l’effacer un peu. Les Sénégalais se sont bien vite rendu compte que je n’étais pas le candidat d’une région, mais du pays tout entier. Les solutions que je propose sont valables aussi bien pour ma région natale, la Casamance que pour tout le reste du Sénégal. Nous avons tenu compte des problèmes spécifiques de chaque région et tenté d’y apporter des réponses.

Quelle appréciation faites-vous du vote militaire ?

Au départ, je n’étais pas opposé au principe du vote militaire, mais après y avoir bien réfléchi, j’ai nuancé mon jugement. Je pense que c’est prématuré. D’abord ils ne sont pas tous d’accord sur ce droit qui leur a été accordé. On fait du militaire et du paramilitaire un partisan. Et quand on est partisan, on ne peut pas être objectif. Est-ce que dans le jeu politique, on a le droit de faire des partisans ceux qui sont chargés de maintenir l’ordre, d’appliquer la loi électorale, de garantir la transparence du scrutin quelque part ? Est-ce qu’un militaire peut voter tout en étant neutre ? La question reste posée. On aurait certainement dû étudier mieux la question au lieu de s’engager aussi précipitamment à faire voter les militaires. J’ai lu dans un journal, je crois, qu’à Touba des forces de l’ordre, partisans du Parti démocratique sénégalais (Pds) et d’autres ont commencé à se crêper le chignon. Ce dont il fallait s’attendre, car ce sont des hommes après tout.

Peut-on s’attendre à voir la famille social-démocrate se réunifier au lendemain du scrutin du 25 février ?

Quand vous lisez le manifeste du courant « démocratie-solidarité », vous constatez in fine que nous souhaitons la grande retrouvaille de la grande famille social-démocrate qui est très éclatée depuis 1996. Je pense que l’engouement des populations à l’endroit des tenants du socialisme démocratique est dû au fait que le Ps est d’abord un appareil électoral fortement implanté. Vous avez des gens qui ne se reconnaissent qu’au Ps. C’est d’ailleurs un atout pour Ousmane Tanor Dieng. Parce qu’il profite de l’effet appareil. Il est vrai qu’il en aurait mieux tiré profit si c’étaient les législatives. Pour la présidentielle, c’est plus un rendez-vous d’un homme avec un peuple. Mais, il faut le dire, la majorité dira simplement que c’est le Ps et ne fera pas la différence. Elle ne fera pas toujours le discernement entre le candidat du Ps et le parti. Cela c’est un atout pour Ousmane Tanor Dieng. A cela s’ajoute le fait également que le régime issu de l’alternance a déçu et les gens ne voient aucun inconvénient à revenir au point de départ. Je crois que c’est un espoir pour le Ps de retrouver ses marques. L’alternance a permis de comparer. Malgré ce que vous avancez, les libéraux au pouvoir laissent entendre que leur candidat passera dès le 1er tour. Que répondez-vous à cela ? C’est cela qui m’inquiète car je ne sais par quelle alchimie, par quel tour de magie, ils peuvent passer au premier tour. De ce que tout le monde a pu constater sur le terrain, je suis même en train de me demander si le candidat Wade ferait partie du deuxième tour ? Je ne me pose pas la question de savoir s’il va gagner au 1er tour, parce que cela est impossible. Un tel cas de figure signifierait simplement qu’aucun des candidats adverses en moyenne, n’aura pas eu 4%. C’est aberrant ! Je crois d’ailleurs que le Pds se pose des questions et laisse perler son inquiétude, quoi qu’on dise. Ou alors, il cherche à justifier certainement un hold-up électoral en faisant de telles déclarations.

Est-ce à dire qu’il s’apprêterait à installer le pays dans un contentieux post-électoral qui amènerait certainement les « sapeurs pompiers » à l’interne comme étranger à intervenir ?

Cela serait peut-être une solution pour lui de sortie de crise, si crise il y a. Ce qu’il faut souhaiter est qu’on n’en arrive pas là. Les Sénégalais sont des hommes de dialogue, ouverts à tous les compromis possibles. Finalement, nous sommes des hommes de paix. Je crois que les plus grands stabilisateurs, ce sont les religieux. Ils sont de vrais sapeurs pompiers et sont toujours prêts à éteindre le feu. Si la Côte d’Ivoire avait cette chance, certainement que la crise y serait moins aiguë. Maintenant, il n’est pas exclu que le candidat sortant fasse, au sortir d’un forcing, appel à un gouvernement d’union nationale, mais vaut mieux ne pas allumer le feu. Tous les indicateurs sont là pour douter de la sincérité du scrutin. C’est ça mon inquiétude. Il faut que le candidat sortant rassure. La rétention des cartes, le peu de fiabilité du fichier. A une semaine du scrutin près de 30% du corps électoral n’ont pas encore reçu leurs cartes. C’est inquiétant. Par conséquent, s’il déclare qu’il passe au premier tour, il mettra le pays dans une situation difficile, de crise politique assurément.

On voit également que la campagne est émaillée d’incidents, voire de violences. Pourquoi ?

Je déplore cette violence, même si, je touche du bois, mon camp n’est pas encore concerné. Il faut laisser la campagne se dérouler dans le calme et la paix. Au Sénégal, on l’habitude de voter depuis des années, il n’y a aucune raison que la campagne soit la proie de la violence. Le Pds est un parti violent. Il a le culte de la violence. Dans ses propres rangs, on assiste à ces manifestations de violence. Cela il faut le condamner vigoureusement.

Robert Sagna au deuxième tour, va chercher soutien où ?

Si j’arrive au deuxième tour, j’irais chercher soutien là où les gens sont d’accord avec ma ligne d’orientation. S’entendre sur un minimum programmatique, c’est essentiel. Maintenant, je suis étonné de vous voir me poser la question de savoir où j’irais chercher soutien, car on me pose souvent la question contraire. Qui j’irais soutenir au deuxième tour. Ceci dit, les soutiens supposent un minimum de cohérence programmatique et d’éthique politique. J’aurais souhaité maintenant les trouver d’abord au sein de ma famille social-démocrate.

Avez-vous des craintes à ce niveau ?

Je suis effectivement inquiet du comportement du Premier secrétaire Ousmane Tanor Dieng qui arrime le parti à des libéraux. Cela me surprend. Il s’agit d’une alliance contre-nature. Le parti libéral n’a nullement changé sa ligne d’orientation pour justifier une telle alliance. Si c’était le cas, j’aurais accepté. Ce n’est pas le cas. Alors, est-ce simplement une alliance pour le pouvoir ? Si c’est le cas, je trouve que ce n’est pas moral. Car en politique, l’éthique doit nous guider. Aujourd’hui, Senghor doit se retourner dans sa tombe de constater que son parti est à la remorque des libéraux.

Vous parlez de l’alliance Idrissa Seck Ousmane Tanor Dieng ?

Oui. C’est une alliance contre-nature, encore moins Tanor-Ld/Mpt. Pourquoi les alliances de Moustapha Niasse et les autres avec le Pds n’a pas duré ? Parce que simplement, ils se sont alliés sur rien ou du moins sur un seul point faire partir Diouf. Aucun engagement de Wade sur des choix d’orientation. Une fois élu, il a conduit le pays comme il l’entendait. Si je ne suis pas premier ou deuxième et me trouve dans la situation de devoir soutenir quelqu’un, c’est d’abord s’entendre sur ce qu’on va faire ensemble. Ce n’est pas seulement quel poste je vais occuper qui m’intéresse. Pour faire quoi ?

Quel bilan d’étape tirez-vous de ces premiers jours de campagne ?

Les populations sont très attentives à la campagne. Partout, nous avons rencontré des gens enthousiastes et attentifs aux messages livrés. On a aussi constaté une grande capacité d’écoute chez les populations visitées. Je ne sais pas si elles y croient, mais en tout cas, elles écoutent ce qu’on leur dit, même quand c’est tard dans la nuit. Dès fois, il nous arrive d’accuser plus de deux heures, voire plus de retard dans notre programme. Elles sont là, elles patientent et écoutent. On peut également noter qu’il existe une attente importante chez les populations. Compte tenu de la situation qui est difficile, surtout en milieu rural, les gens sont en attente de quelque chose. Par conséquent, je trouve que ce serait très grave aujourd’hui, s’ils étaient déçus le 25 février. Je crois que ce sera la catastrophe. L’autre constat est aussi que partout où nous nous sommes rendus, personne n’a eu à contester notre discours. Autrement dit, même ceux qui, en principe, sont proches du pouvoir ne viennent pas porter la contradiction dans nos manifestations. Cela arrivait souvent du temps où nous étions au pouvoir. Il arrivait de voir, lors de nos meetings, des gens rouspéter et dire que ce n’est pas vrai quand le candidat déclarait quelque chose. J’en tire la conclusion que, d’une manière générale, les gens semblent s’accorder sur le fait que le Sénégal post-alternance est mal géré et attendent des solutions de la part des candidats, cette fois ci. C’est la raison pour laquelle, je me suis efforcé, autant que possible,-je note bien sur les problèmes spécifiques à chaque zone,-d’apporter des réponses aux questions qui sont posées.

Robert Sagna président de la République quelles sont ses trois premières priorités ?

La première : il faut régler la crise scolaire. La seconde, il faut résorber la pénurie énergétique. La troisième est bien sûr faire le gouvernement qui dépendra assurément des combinaisons qui nous auraient permis d’accéder au pouvoir. Il bien évident cependant, qu’il ne sera qu’un gouvernement provisoire. Les réglages interviendront en cours de route.

EXERGUES

1/ C’est la règle de la débrouillardise qui est érigée en principe de gouvernance, celle de l’impunité, du désordre et de l’indiscipline. Le non-respect de la parole donnée, c’est au quotidien.

2/ On fait du militaire et du paramilitaire un partisan. Et quand on est partisan on ne peut pas être objectif.

3/ Le Ps est d’abord un appareil électoral fortement implanté. C’est d’ailleurs un atout pour Ousmane Tanor Dieng. Il est vrai qu’il en aurait mieux tiré profit si c’étaient les législatives.



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