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Politique

S'il est confirmé à la Présidence du Sénat : Idy, Macky et Karim condamnés à composer avec Pape Diop

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S'il est confirmé à la Présidence du Sénat : Idy, Macky et Karim condamnés à composer avec Pape Diop

Le poste de président du Sénat qu'il va occuper - si Me Wade ne change pas d'avis d’ici là - fera de Pape Diop un homme incontournable dans la conquête du pouvoir. Idrissa Seck, Karim Wade et Macky Sall, pour ne citer que les prétendants à la magistrature suprême les plus en vue, devront faire avec lui. Mais, les relations entre la future seconde personnalité de l'Etat et ces derniers connaissent des fortunes diverses.

De la probable nomination de Pape Diop à la présidence du Sénat, le commun des Sénégalais retient plus la stature de seconde personnalité de l'Etat que confère la Constitution au président de la seconde Chambre. Cela s'explique par la prérogative de suppléance, en cas de vacance du pouvoir, du chef de l'Etat que ce dernier détient. Et, és qualité, il lui revient d'assurer l'intérim du président de la République pendant 90 jours et d'organiser, à l'échéance, des élections anticipées. D'où la convoitise que pourrait susciter la personne de Pape Diop qui serait ainsi l'homme le plus courtisé au Sénégal s'il est confirmé au poste de président du Sénat. Notamment par les supposés prétendants à la magistrature suprême dont les plus en vue sont Idrissa Seck, Karim Wade et Macky Sall. Moins pour attirer ses faveurs en cas d'élection présidentielle anticipée - ce qui serait une entorse à notre démocratie qui, nonobstant ses acquis en termes de maturité et de transparence dans l'organisation de scrutin, a encore des progrès à faire - que pour faire cause commune avec lui dans la conquête du fauteuil présidentiel. La présidence du Sénat étant un levier non négligeable pour la création et la consolidation d'une base politique. Dans cette contingence, il n'est pas sans intérêt de voir les combinaisons qui pourraient se dessiner autour du futur président de la seconde Chambre.

Pape Diop était considéré comme l'un des centurions d'Idrissa Seck. Tout au moins jusqu'à la disgrâce de ce dernier. C'est lui qui l'a imposé comme maire de Dakar au grand dam de Farba Senghor et des autres prétendants déclarés ou qui nourrissaient, en secret, l'ambition de diriger cette commune. Egalement, si Pape Diop a été président de l'Assembée nationale, il le doit à Idrissa Seck. Ce dernier l'a porté au perchoir en poussant à la démission Youssou Diagne, lequel devait faire les frais de sa défaite dans son fief à Ngaparou, conformément à la sentence prononcée par Idrissa Seck contre les perdants à l'issue des locales de 2002. Auparavant, le tout puissant directeur de cabinet, de l'époque, du président Abdoulaye Wade avait fini de se tailler une carte électorale à la mesure de ses ambitions en menant d'une main de fer les investitures. On a encore en mémoire les péripéties de l'éviction du responsable libéral de Ngaparou. Ce jour-là, Idrissa Seck rentrait d'un séjour à l'étranger qu'il avait dû écourter pour venir personnellement superviser le changement de président de l'Assemblée nationale. C'est que, la veille, des informations faisaient état d'une volonté de Youssou Diagne, appuyé par quelques députés libéraux, de faire de la résistance. Alors, pour éviter une surprise désagréable, Idrissa Seck avait tenu à se rendre à l'hémicycle.

Flanqué de Modou Diagne Fada, il s'est retiré, pendant quelques minutes, dans le bureau du président de l'Assemblée nationale, avec Youssou Diagne et son futur successeur, Pape Diop, avant de rencontrer les membres du groupe parlementaire libéral. A ces derniers, il avait intimé l'ordre de voter pour Pape Diop avant de menacer de ses foudres les contrevenants. Les parlementaires libéraux obéiront sans broncher.

Cette complicité entre le maire de Dakar et non moins ex-président de l'Assemblée nationale et Idrissa Seck s'est poursuivie jusqu'à la disgrâce de ce dernier. Quand les choses ont commencé à se râper pour l'ancien Premier ministre, Pape Diop a pris ses distances vis-à-vis de lui. Est-ce un recul stratégique pour ne pas tomber tous au front ? Depuis, Pape Diop garde ses distances envers Idrissa Seck, laissant croire qu'il a rompu les amarres avec son mentor. Est-ce le cas ? Rien n'est moins sûr.

Karim Wade, pour sa part, a toujours eu des relations fraternelles avec Pape Diop. Cette affection découle des liens que celui-ci a avec la famille Wade. Et, malgré ses accointances avec Idrissa Seck, Pape Diop ne s'était jamais éloigné des Wade. D'ailleurs, lorsque son mentor est tombé en disgrâce, il s'est davantage rapproché du camp présidentiel piloté par Karim Wade. Certains croient savoir, d'ailleurs, qu'il fait partie des soldats de l'ombre au service de la ‘Génération du concret’. Vrai ou faux ? En tout cas, il est difficile de croire que Pape Diop est, aujourd'hui, au service exclusif de Me Wade. Le rôle qu'il a joué dans l'audience que le khalife général des mourides a accordée à Karim Wade en apporte la preuve contraire. Avec Me Madické Niang, il a réussi à introduire, nuitamment, à Touba, le président de l'Anoci, alors que de jeunes marabouts s'y opposaient farouchement. Cet acte ne saurait être gratuit ou anodin. Il est, au contraire, très bavard. Mais, Pape Diop peut-il ramer à contre-courant de la volonté de Me Wade, si tant est que le souhait de ce dernier est de porter son fils à la tête du pays ? En politique, les volte-face sont monnaies courantes et les hommes politiques ne se gênent pas à brûler aujourd'hui ce qu'ils ont adoré hier. Tout bien pesé, la complicité entre Me Wade et Pape Diop est réelle. En témoigne sa nomination probable à la tête du Sénat. Parce que le chef de l'Etat ne s'aventurerait pas à placer à la tête de cette institution - du fait du pouvoir de suppléance du président de la République qui échoit au président de la seconde Chambre - quelqu'un qui n'aurait pas gagné toute sa confiance. Quel est l'accord secret entre les deux hommes ? Mystère et boule de gomme.

A l'inverse de ses rapports avec Karim Wade ou Idrissa Seck, Pape Diop n'entretient pas les meilleures relations avec Macky Sall. Ce serait même tirer des plans sur la comète que de croire qu'une alliance entre les deux hommes serait possible. Le désaccord entre les deux hommes a atteint son paroxysme lorsque le maire de Dakar avait fait l'objet d'attaques en règle dans un journal jugé proche de Macky Sall. Au point que Pape Diop était monté sur ses grands cheveaux pour crier haro sur cette fusillade. Mais comme le dit Rivarole, nous le résumons, la politique est un sphinx qui dévore tous ceux qui ne sauront pas déchiffrer ses énigmes. Macky Sall saura-t-il faire usage de cette maxime en ravalant sa fatuité au profit d'un rapprochement avec Pape Diop ? Dans le cas contraire, le président de l'Assemblée nationale risque l'isolement. En bisbille avec le camp de Karim Wade et celui d'Idrissa Seck, ce serait trop de sa part que de se mettre à dos la seconde personnalité de l'Etat.

 



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