Série noire : Ces sous-préfets victimes de la barbarie en Casamance

La série noire continue en Casamance où les sous-préfets, cibles désignées des bandes armées, continuent à faire les frais de ce conflit. Pendant ce temps, l’Etat, comme tétanisé, ne fait rien pour augmenter la sécurité de ceux qu’il a envoyés au charbon pour le servir.

(Correspondance) - Les représentants de l’Etat sont-ils dans l’œil du cyclone en Casamance ? Rien en tout cas ne peut empêcher de répondre par l’affirmative à cette question aujourd’hui à l’ordre du jour dans cette région méridionale du Sénégal. Le sort réservé aux sous-préfets depuis plus d’une dizaine d’années maintenant en Casamance renseigne sur l’état d’esprit de ces représentants de l’autorité. Depuis 1995 en effet, ces agents de l’état sont la proie des bandes armées, qui, pour atteindre l’autorité, les soumettent à des exactions souvent meurtrières. La première victime de ces agressions sanglantes est Ameth Faye, alors, sous-préfet de Sindian, dans le département de Bignona. On était un jour de l’année 1995, quand l’homme est tombé dans une embuscade tendue pas des éléments armés, supposés liés au mouvement des forces démocratiques de la Casamance. Ameth Faye sera enlevé puis assassiné avec quatre de ses gardes du corps. Ce crime, le premier qui venait de toucher un représentant de l’Etat augmente le niveau d’horreur d’un conflit qui prenait des proportions alarmantes. Les combattants du Mfdc, présumés coupables venaient d’atteindre l’Etat dans son âme.

Dix ans après, les bandes armées qui font régner la terreur en Casamance récidiveront en tuant le sous-préfet de Diouloulou. Alors qu’il se rendait à Bignona, Gorgui Mbengue tombera dans un guet-apens. Après avoir reçu plusieurs balles tirés par les assaillants, il succombera à ses blessures à l’hôpital régional de Ziguinchor. Nous étions le 30 décembre 1995. Ce jour-là encore, la puissance publique a été secouée par ce meurtre qui sera suivi d’un concert de désapprobations et de dénonciations. Mais, il en fallait plus pour toucher la fibre sensible de ces coupeurs de route aux méthodes expéditives. L’événement de lundi dernier vient confirmer cette pensée. Car, c’est encore une fois un sous-préfet qui a été la cible de ces éléments armés. Ousmane Mbodj qui a été grièvement blessé avant-hier par une bande armée vient allonger la liste des représentants de l’Etat, victimes de la barbarie en Casamance.

Qu’est-ce qui explique cet acharnement qui vise les sous-préfets, se demande t-on à Ziguinchor. Cette question, au-delà de sa pertinence pose la problématique de la sécurité de ces représentants de l’autorité en Casamance. Un sujet qui avait été soulevé au lendemain du meurtre de Gorgui Mbaye, tué avec son unique garde du corps. Mais, jusque-là, rien ne semble bouger dans ce sens. Et un troisième sous-préfet vient de faire les frais de l’insuffisance de sécurité dans laquelle baignent ces auxiliaires de l’Etat et qui les expose à un danger permanent.

Cette série d’incidents sanglants rappelle en tout cas la nécessité du renforcement de la sécurité des sous-préfets qui exercent souvent dans des zones dangereuses en Casamance. Une question que l’Etat doit régler pour mettre à l’abri, et donc en confiance, ces hommes qui sont là pour le servir.