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Politique

Serigne Mbacké Ndiaye (Ministre-conseiller) : ‘ L'opposition veut profiter de l'affaire Segura pour abattre le régime’

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Serigne Mbacké Ndiaye (Ministre-conseiller) : ‘ L'opposition veut profiter de l'affaire Segura pour abattre le régime’

Pour le ministre conseiller du président de la République chargé des affaires politiques, l’affaire Segura a été montée de toutes pièces et l’opposition veut en profiter pour abattre le régime. Serigne Mbacké Ndiaye estime que le chef de l’Etat peut donner des milliards à qui il veut, sans avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. Le ministre chargé des affaires politiques annonce que Me Wade a revu sa position sur le dialogue avec l’opposition et que tout est presque ficelé. Et que s’il y a des faucons qui veulent torpiller ce dialogue politique, ils se trouvent plutôt du côté de Bennoo Siggil Senegaal qui a du mal à harmoniser ses positions et non du côté du pouvoir.

Wal Fadjri : L’affaire Segura continue à faire des vagues malgré les clarifications du chef de l’Etat qui parle de cadeau d’adieu. L’opposition et l’opinion continuent de penser qu’il s’agit d’une tentative de corruption avortée. N’est-ce pas le cas de figure le plus plausible ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Dans cette affaire, voix ne peut être plus autorisée que celle du chef de l’Etat qui a eu à s’expliquer à travers un communiqué. Mais, tous les commentaires faits par les uns et les autres, nous les comprenons également. La presse qui a révélé cette affaire au grand public, continue d’en parler, l’opposition qui pense avoir trouvé ici un moyen d’abattre le régime, est en train d’attiser le feu. L’un dans l’autre, on a essayé de monter de toutes pièces une affaire qui, à l’origine, n’était rien du tout.

La chose, de mon point de vue, est très simple : je l’aborde sous l’angle du droit pur, mais également de la politique pure. Je ne parle pas de politique politicienne. Sous l’angle du droit, une loi, même si on n’est pas d’accord, même si on la combat, on a l’obligation de la respecter. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que ce sont les députés qui votent le budget. Et si vous regardez la nomenclature budgétaire, vous y trouverez ce qu’on appelle communément fonds politiques, fonds secrets ou caisse noire, qu’importe l’appellation. L’argent qui est déposé dans cette caisse, est entre les mains du chef de l’Etat qui l’utilise comme bon lui semble. Il n’a de comptes à rendre à personne par rapport à cette caisse noire. Si le président de la République puise dans cette caisse noire un milliard ou vingt milliards pour les donner à qui que ce soit, il n’a de comptes à rendre à personne. Par conséquent, tant que le budget du Sénégal, comme celui d’autres pays d’ailleurs, est ce qu’il est, tant que l’Assemblée nationale continuera à voter une loi dans laquelle il est prévu une caisse noire, quelle que soit la position que nous avons, nous devons reconnaître que ce que Me Wade a fait, il l’a fait en toute légalité.

Il l’a fait également en toute légitimité. J’ai entendu hier (jeudi, Ndlr) sur le plateau de Walf Tv dire que c’est légal, mais est-ce qu’il y a la légitimité ? Je dis oui, il y a la légitimité parce que l’Assemblée nationale qui vote ces lois, a été élue par le peuple sénégalais, le président de la République à qui il a été confié d’appliquer cette loi, a été élu par les Sénégalais à une écrasante majorité. On ne peut donc douter ni de la légalité ni de la légitimité de l’acte du président Wade.

Je vais plus loin pour faire des rappels. Un sommet des non-alignés s’est tenu à la Havane. A l’époque, c’était la période de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest. Le Sénégal avait été traîné dans la boue et le président Senghor présenté comme un néo-colonial qui n’est là que pour travailler pour le compte de l’ancien colonisateur. Et le ministre des Affaires étrangères de l’époque, que je me garde de citer, est monté à la tribune, chiffres à l’appui, pour démontrer que le président Senghor a juste soutenu les mouvements de libération nationale par les fonds politiques qu’il détenait, en citant les cas du Paigc de la Guinée-Bissau et du Mpla d’Angola. Deuxième exemple : quand le Sénégal devait organiser la coupe d’Afrique de football en 1992, il y avait des problèmes d’argent. Et l’idée avait été retenue à l’époque avec le président Abdou Diouf de vendre des licences de pêche, d’ouvrir un compte dans lequel cet argent serait reversé. Cela a été fait. Et après la coupe d’Afrique, ce compte n’a pas été fermé. La ligne a été maintenue, les licences de pêche étaient vendues et déposées dans ce compte. Après l’alternance, la Division des investigations criminelles (Dic) a été mise en branle et Ousmane Tanor Dieng, premier secrétaire du Parti socialiste, avait été convoqué et entendu sur cette question parce que c’est avec cet argent que le Ps avait acheté des véhicules pour sa campagne électorale. Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Quand la Dic s’est rendu compte que c’est dans les fonds politiques que le président Diouf avait puisé pour acheter ces véhicules, et comme ces fonds lui appartiennent, qu’il n’a de comptes à rendre à personne, juridiquement, personne ne pouvait poursuivre Ousmane Tanor Dieng. Alors, le dossier a été clos. Dernier exemple : vous avez suivi la sortie d’Idrissa Seck (ancien Premier ministre, Ndlr) qui disait pour justifier cet argent qu’on lui reprochait d’avoir détourné : ‘Ce sont les fonds politiques du président, il m’a donné et il m’a demandé de donner à des Sénégalais’.

Voilà pourquoi je dis qu’on a monté en épingle une histoire qui n’était rien du tout, pour en faire une affaire d’Etat. Il faut qu’on revienne à la raison. Il faut qu’on sache que ce que le président a fait, il l’a fait en toute légalité. Et tau départ, on a parlé de 500 millions, aujourd’hui on est revenu à 60 ou 90 millions. S’il faut combattre le président Wade, il faut aller sur un autre terrain.

Wal Fadjri : Vous avez donné beaucoup d’exemples, mais comparaison n’est pas raison. Le chef de l’Etat ne devait-il pas choisir un autre cadeau, au lieu de donner cette grosse somme d’argent à quelqu’un qui n’est pas dans le besoin au moment où beaucoup de Sénégalais tirent le diable par la queue ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Vous dites que comparaison n’est pas raison, mais je veux parler simplement de l’utilisation des fonds politiques. On peut discuter de long en large sur la nécessité de donner ce cadeau. Mais combien sont-elles, les personnes soutenues par le président Wade, tous les jours, et qui ont reçu des sommes qui dépassent peut-être même ce qu’on a avancé avec Segura ? Il faut savoir raison garder. Le président a fait ce qu’il devait faire et on ne peut pas parler de corruption - d’ailleurs, je ne reviendrai pas sur ça - parce que s’il faut corrompre, il faut le faire avec quelqu’un qui peut vous être utile à quelque chose. Quelqu’un qui a fini sa mission et qui s’en va, on n’a pas besoin de le corrompre parce qu’il n’a plus d’utilité pour vous. Nous ne pouvons pas continuer à alimenter cette discussion stérile parce qu’ils (les leaders de l’opposition, Ndlr) ont cherché à atteindre partout le président de la République, ils n’ont pas réussi. Ils veulent profiter cette affaire, mais cela ne passera pas.

Wal Fadjri : C’est parce que l’opposition estime que cette affaire va ternir l’image du Sénégal et pourrait polluer les relations avec les institutions de Bretton Woods…

Serigne Mbacké Ndiaye : Oui, mais l’opposition n’est pas au pouvoir, c’est Wade qui est au pouvoir. Si les relations entre le Sénégal et les institutions de Bretton Woods sont ternies par cette affaire Segura, cela fera l’affaire de l’opposition qui va applaudir. Mais attendons qu’il en soit ainsi. Je suis sûr que ce ne sera pas le cas. On vous a toujours dit que le Sénégal ne bénéficie plus de la confiance de ses partenaires, que les finances publiques ont été dilapidées, que le Sénégal est au bord de la banqueroute, etc., mais jusqu’à présent, vous ne le constatez pas. Mieux, si le Sénégal demande à ses partenaires 1 000 milliards, on lui dit : ‘On vous donne 2 000 milliards si vous le voulez’. Sur ce côté, nous n’avons pas de difficultés, au contraire. Et si l’opposition attend ce moment, elle n’a qu’à attendre. Et le moment venu, elle va en profiter pour renverser le pouvoir si elle en a la possibilité. Mais encore une fois, cette affaire n’aura aucune incidence sur les rapports que nous avons avec les institutions de Bretton Woods.

Wal Fadjri : Quand l’opposition parle de honte et exige la démission du chef de l’Etat, cela ne vous dérange-t-il pas ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Vous avez utilisé l’expression ‘honte’, je la reprends à mon compte. J’ai quelquefois honte - et ça je le dis très franchement - quand j’entends le discours que certains d’entre les hommes politiques servent au peuple sénégalais. Pour une histoire comme ça, j’entends des gens dire : ‘Nous exigeons la démission du gouvernement, la démission du président de la République, le président Wade doit être traduit devant la Haute Cour de Justice’. Comme si le président avait commis un acte délictuel. Or ce n’est pas le cas. Je viens de démontrer que, juridiquement, personne n’a rien à dire sur ce qu’il a fait. Maintenant, on peut épiloguer sur le montant en disant qu’il pouvait offrir 25 000 F ou 100 000 F. Il a le droit de le faire et il l’a fait. Tout le reste, c’est de la politique politicienne et nous ne nous battrons pas sur ce terrain. Nous sommes sur le terrain des réalisations. Le terrain qui est important pour nous, c’est de mettre notre pays sur le train de l’émergence.

‘Aujourd’hui, comme de tout temps d’ailleurs, le président est dans les dispositions d’engager ce dialogue politique non seulement avec Benno Siggil Senegaal, mais aussi avec toutes les forces vives de la nation.’

Wal Fadjri : Où en est-on avec le dialogue entre le chef de l’Etat et l’opposition ?

Serigne Mbacké Ndiaye : C’est en très bonne voie parce qu’encore une fois, je me limite à ce qui est dit officiellement entre le président et l’opposition réunie au sein de Benno Sigggil Senegaal. Il y a eu des échanges de correspondances et l’avant-dernière lettre du président dans laquelle il disait qu’il voulait que le dialogue soit organisé en direct à la télévision. Et à cette lettre, Benno avait répondu que cette formule ressemble plutôt à une conférence nationale et qu’elle serait pour la première formule proposée, à savoir qu’il y ait une commission paritaire qui se réunit et qui discuterait de toutes les questions. Nous attendons la lettre du président pour donner son avis sur la question. Mais je sais qu’aujourd’hui, comme de tout temps d’ailleurs, le président est dans les dispositions d’engager ce dialogue non seulement avec Benno Siggil Senegaal, mais aussi avec toutes les forces vives de la nation.

On semble souvent l’oublier, mais Abdoulaye Wade, au premier congrès du Parti démocratique sénégalais à Kaolack, disait qu’une fois au pouvoir, il ne gouvernerait jamais ce pays seul. Il avait même à l’époque cité en exemple Djibril Sène, qui était au Parti socialiste, pour dire : ‘Voilà quelqu’un avec qui je serais à l’aise pour travailler’. Avant d’arriver au pouvoir, il est entré plusieurs fois dans le gouvernement d’Abdou Diouf. Et en 2005, dans son traditionnel message à la nation, il avait lancé un appel à l’opposition pour se préparer à entamer un dialogue. Malheureusement, c’était à l’approche des élections et cela n’a pas abouti. Tout cela pour vous dire qu’il est resté constant dans sa position. Le président est disposé à aller à ce dialogue et, du côté de l’opposition aussi, les gens sont dans les dispositions d’y aller pour l’intérêt du pays. Le président a l’habitude de rappeler que c’est parce que nous avons des divergences que nous devons dialoguer. Et j’ai l’habitude de dire que si ce dialogue ne débouche que sur un point, à savoir la mise sur pied d’un cadre permanent de concertation entre le pouvoir et l’opposition, cela méritait d’engager le dialogue. Tout ce que nous attendons, c’est que le président nous dise oui au dialogue sous le format proposé par Benno. Le principe de dialoguer est accepté par tous, les points de l’ordre du jour sont acceptés par le président, maintenant il ne reste que des questions de pure forme et nous les résoudrons très rapidement.

Wal Fadjri : La teneur des échanges épistolaires entre le président et Benno, qui avaient des accents de règlements de comptes, ne peut-elle pas bloquer ce dialogue ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Mais cela est dépassé. Vous avez lu la dernière lettre de Benno Siggil Senegaal qui disait qu’il n’était pas sur un terrain de déballages et qu’il ne voulait que discuter. C’était une bonne chose parce que nous étions à un point tel que nous ne pouvions plus le dépasser. Cet échange est important parce qu’autour d’une table, chacun pourra dire ce qu’il avait dit et l’autre ce qu’il avait compris. Nous sommes dans le dernier virage pour entrer dans le dialogue.

Wal Fadjri : Pourtant, certains hommes politiques estiment qu’il n’y a pas lieu de tenir un dialogue politique parce que le pouvoir gouverne et l’opposition doit s’opposer.

Serigne Mbacké Ndiaye : Cela est un mauvais discours. Il est clair que le pouvoir va gouverner et que l’opposition doit aussi faire son travail. Mais c’est la raison même qui doit les pousser à dialoguer. Prenons l’exemple de la France que nous aimons citer souvent, le président y reçoit quotidiennement l’opposition pour discuter avec elle sur certaines questions d’intérêt national. Dans la Constitution qui est la nôtre, Abdoulaye Wade avait proposé un statut de l’opposition et un chef de l’opposition. Si on avait un chef de l’opposition, sur beaucoup de questions, le président aurait rencontré ce dernier et discuté avec lui. Cette opposition qui est patriotique - il faut bien le dire - peut même aider le président à prendre en charge certaines préoccupations. Tout le monde se rappelle encore en 1989 quand il y a eu les problèmes entre le Sénégal et la Mauritanie, le Parti pour l’indépendance et le travail (Pit) avait pris la responsabilité historique d’aller discuter avec le président Abdou Diouf alors que ce parti était dans l’opposition pure et dure. Mais quand il s’agit de questions d’intérêt national, tout le monde doit se mettre autour d’une même table et discuter. Vous ne pensez pas que la question des inondations mérite que chacun apporte sa contribution ? Les élections qui pointent à l’horizon également peuvent être discutées.

C’est vrai, le pouvoir gouverne et l’opposition s’oppose, mais cela n’enlève en rien la nécessité pour les uns et les autres d’échanger sur les questions d’intérêt national. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes en disant que nous faisons de la politique pour l’intérêt du peuple sénégalais, nous ne pouvons pas nous empêcher de donner des conseils aux autres à qui le peuple a confié la gestion des affaires. Quand j’entends des personnes dire que nous ne sommes pas un laboratoire pour Abdoulaye Wade, je leur dis qu’elles font fausse route. Parce que c’est le peuple qui a élu Abdoulaye Wade sur la base d’un programme, d’un projet de société qu’il a proposé au peuple sénégalais. Par conséquent, il ne les attend pas pour gouverner, mais, sur beaucoup de questions, chacun peut dire au président que si nous faisons ça, c’est bien pour le pays.

Wal Fadjri : Vous êtes le ministre chargé du dialogue politique et au niveau de la majorité, ça commence à grincer des dents. Que comptez-vous faire pour calmer les uns et les autres ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Je parle du cas que je connais bien, qui est celui de Me Mbaye Jacques Diop. Je l’ai suivi récemment sur Walf Tv. Ce qu’il a dit, c’est très clair. Il a dit que c’est vrai qu’à un moment donné, il y a eu des incompréhensions entre le président et lui, mais que tout cela a été aplani et qu’il n’y a plus de difficulté. Mais c’est normal qu’il y ait des divergences entre des hommes politiques. Dans un même parti, il y a des divergences entre les hommes, à plus forte raison quand ils ne sont pas dans une même formation politique. L’essentiel est de discuter et dans la discussion, on trouvera des solutions à toutes les difficultés. Ils ont contribué à la réélection du président Wade et ils doivent - et peuvent le faire - aller dans des batailles futures qu’ils vont gagner ensemble.

‘Perdre les élections de 2012, ce n’est pas dans notre schéma. Si nous allons à ces élections, c’est pour les gagner et nous les gagnerons.’

Wal Fadjri : Le Sénégalais lamda doute de la candidature annoncée du président Wade et l’interprète comme une manière de ranger tout le monde derrière lui au Pds. Que pensez-vous de cela ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Une des forces des Sénégalais est également notre faiblesse. Nous sommes trop intelligents. Quand Abdoulaye Wade dit qu’il est candidat, il se prépare en conséquence, tous les observateurs avertis savent que ce monsieur se prépare à aller à des élections. Il a un bilan qui lui permet de le faire, il a une équipe, une machine électorale qui lui permet de le faire. Il a également un rayonnement international et une santé qui le lui permet. Et j’ai l’habitude de dire, quand on l’évoque souvent, que l’âge du président est son atout. Parce que nous sommes en Afrique et nous avons beaucoup de respect pour les personnes âgées. Tous ceux qui sont autour de lui, savent qu’il est en très bonne santé. Lorsque nous sommes en réunion avec lui pendant plusieurs heures, chacun d’entre nous peut se lever pour une raison ou pour une autre, mais lui ne bouge pas et répond à toutes les questions avec une cohérence qui peut même étonner. Et vous avez vu que, lors de la dernière présidentielle de 2007, beaucoup de candidats qui avaient pris le départ avec lui et qui disaient qu’il était vieux, n’ont pas pu terminer la campagne. Lui a tenu jusqu’au bout. Cela veut dire qu’il réunit toutes les conditions pour aller à la reconquête d’un nouveau mandat.

Mais, ce qui dérange de l’autre côté, c’est que le président a un bilan qui lui permet de rassembler tout le monde autour de sa personne. Ce qui n’est pas le cas de l’autre côté où je ne doute pas un seul instant que nous aurons en face de nous quatre à six candidats issus de l’opposition. Vous estimez qu’on aura un seul candidat face à Abdoulaye Wade. Même si cela était le cas, cela nous aurait permis d’abréger les élections, de régler cela en un seul tour. Cela nous permettrait dès le premier tour, avant 15 h, de gagner cette élection. Parce que je le dis à haute et intelligible voix : perdre les élections de 2012, ce n’est pas dans notre schéma. Si nous allons à ces élections, c’est pour les gagner et nous les gagnerons.

Wal Fadjri : Est-ce pour cela que vous voulez supprimer le second tour ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Qu’on le supprime ou qu’on ne le supprime pas, dès le premier tour, nous dépasserons largement la barre des 50 % et notre candidat passera haut la main. C’est cela qui est important, tout le reste n’est que du verbiage. Ce n’est pas un excès de confiance, je sais de quoi je parle. Je suis peut-être jeune pour certains, mais j’ai un cursus politique qui me permet de comprendre certaines choses.

Wal Fadjri : N’avez-vous pas peur de la candidature unique de l’opposition ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Pas du tout. Vraiment, je souhaite qu’il en soit ainsi. Comme je vous l’ai dit tantôt, cela nous permettra de régler la question avant 15 h. Qu’ils aient un, deux, trois, voire quatre candidats, pour nous, ce n’est pas cela le problème. Pour nous, le problème est d’avoir 51 % dès le premier tour. Et nous travaillons à cela. C’est l’opposition qui passe tout son temps à discuter de notre candidature.

Wal Fadjri : Ce qui s’est passé le 22 mars dernier, aux élections locales, n’est-il pas un avertissement pour vous ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Vous vous trompez. Dans toutes les localités du Sénégal, exception faite de Thiès qui est encore en notre faveur dans la mesure où Rewmi soutient la candidature du président Wade, et Fatick, nous sommes largement majoritaires partout. Prenons le cas de Diourbel par exemple. Il y avait des gens dans la majorité présidentielle qui voulaient avoir cinq conseillers, mais on leur a dit que cela n’était pas possible et ils ont fait leur liste pour avoir 25 % et se retrouver avec sept conseillers. Et dans toutes les localités, c’est exactement la même chose. On parle souvent de ce que l’Apr a obtenu à Fatick. Mais je dis non, car elle n’a pas obtenu ce score à Fatick. Parce que dans cette localité, dans Benno Siggil Senegaal, vous avez l’Apr ainsi que les autres composantes de cette coalition dont le Parti socialiste qui est très présent dans cette région. Par conséquent, je suis persuadé que, dans cette élection, si on avait la liste de la coalition Sopi, celle de l’Apr/Yakaar et celle de Benno, les résultats de ces élections seraient autres. L’un dans l’autre, cela montre que nous sommes largement majoritaires dans ce pays quelle que soit la formule.

Ensuite, les élections locales ont une particularité : ce sont les personnes qui, au plan local, règlent leurs problèmes. Mais une élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme avec son peuple. Les réalités ne sont donc pas les mêmes. La preuve, lors des élections présidentielles de 2007, tout le monde prédisait la défaite de Wade et il a gagné dès le premier tour. Ce qu’ils croient être une faiblesse pour notre candidat, c’est cela sa force. C’est son expérience, c’est son âge qui fait de lui un homme mesuré.

Wal Fadjri : Il paraît que vous avez reçu pour mission aussi de ramener beaucoup de membres de l’opposition dans le futur grand parti présidentiel…

Serigne Mbacké Ndiaye : Je n’ai pas reçu de mission. Mais dans le cadre du travail politique qui nous est confié, nous avons l’obligation de mobiliser autant que possible la majorité présidentielle. Aujourd’hui, j’ai l’ambition de dépasser le cadre politique et de me situer à un autre niveau. L’essentiel pour moi, c’est d’aller vers tous les Sénégalais qui peuvent aider Abdoulaye Wade à être reconduit.

Wal Fadjri : Pourquoi entend-on de moins en moins votre leader au Parti de la réforme (Pr), Abdourahim Agne ?

Serigne Mbacké Ndiaye : C’est un choix. Parce que, depuis très longtemps, Abdourahim tient à faire comprendre à tous ceux qui sont avec lui, qu’il est là pour aider et encadrer les plus jeunes à atteindre des niveaux qu’il n’avait pas atteints, lui. Mais le plus important est que le travail qu’on lui a confié au niveau gouvernemental, il le fait correctement et à la satisfaction du président de la République. La preuve, si vous voyez le ministère qu’il gère maintenant par rapport à celui qu’il gérait avant, on constate aisément qu’il bénéficie de la confiance du président de la République. Ce qui est le plus important pour moi, ce n’est pas le Pr, ce n’est pas le Pds. Le seul combat, c’est de s’unir autour du président Wade et de gagner les prochaines élections.

Wal Fadjri : On parle de la hausse de la caution à l’élection présidentielle qui pourrait passer à 100 millions. Cela ne risque-t-il pas de bloquer le dialogue politique ?

Serigne Mbacké Ndiaye : Pour le dialogue, toutes les questions sont ouvertes. Un des leaders de l’opposition, et pas des moindres, me disait l’autre jour ‘Vous voulez qu’on dialogue et vous posez tel et tel acte, alors que vous savez que nous ne sommes pas d’accord avec cela’. Je lui ai répondu que vous, au niveau de l’opposition, quand vous prenez vos décisions, quand vous faites vos communiqués, vous ne pensez pas à nous. Vous faites tout ce que vous pouvez faire pour nous créer des problèmes, mais nous aussi, nous faisons tout ce que nous pouvons pour rester au pouvoir jusqu’au jour nous nous mettrons autour d’une table. Et là peut-être que lorsque nous dirons que la caution doit être portée à 100 millions, ils pourront dire que c’est trop. Mais pour le moment, nous sommes au pouvoir et nous gouvernons comme nous l’entendons. Ce que nous pensons être bon pour le pays, nous le faisons. Ceux qui pensent pouvoir faire quelque chose pour nous renverser, ils sont en train de le faire sans prendre notre avis. Que chacun fasse ce qu’il a à faire. Le peuple est là pour nous juger. Mais, une fois autour d’une table de discussion, on pourra voir les concessions à faire par les uns et les autres pour avoir un consensus.

Wal Fadjri : C’est le cas des assises nationales par exemple…

Serigne Mbacké Ndiaye : Je n’ai pas de fixation et le président non plus. J’ai l’habitude dire que si, au niveau de ce qu’ils appellent assises nationales, ils ont discuté de certains sujets et qu’ils sont arrivés à des conclusions qui leur paraissent pertinentes, mais libre à eux d’en discuter avec le président de la République. En fait, ce qui est important, ce ne sont pas les assises nationales, c’est la discussion que nous pouvons avoir avec l’opposition et les conclusions auxquelles nous pouvons aboutir.

Propos recueillis par Geoges Nesta DIOP et Seyni DIOP



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