TALLA SYLLA, PRÉSIDENT DE L'ALLIANCE JËF-JËL : « Wade, ce mégalomane de 85 ans hors Tva, n’a aucun respect pour Abdoul Aziz Sy Junior »

La conviction de Talla Sylla à propos de l'appel au dialogue politique du président Wade est sans équivoque : Wade «homme dangereux par nature, par méthode et ambition, ne veut ni du dialogue ni de la concorde nationale ; il ruse». Dans l'entretien qu’il nous a accordé, hier, le président de l'Alliance Jëf­ jë1, entre autres questions, estime également qu'il urge d'arrêter Me Wade, après l'éclatement de l'affaire des 20 milliards de commissions de Sudatel.

Malgré la médiation d’Abdoul Aziz Sy Junior, le dialogue politique a toujours du mal à prendre son envol. Comment expliquez-vous cette situation ?

Abdoulaye Wade n’a aucun respect pour Serigne Abdoul Aziz Sy Junior. En vérité, il n'en a pour personne. Il n'en a jamais eu que pour ses propres intérêts et ceux de son clan boulimique et sectaire. Il ne parle de dialogue que par diversion ou divertissement. La jonction entre les forces sociales, citoyennes et politiques réalisée dans le cadre des Assises nationales lui fait peur et le perturbe au plus haut point. Il manœuvre pour casser cette synergie en cherchant à isoler la frange politique des Assises, la déstabiliser et ainsi avoir les coudées franches pour sécuriser son projet monarchique. À quelques mois des échéances électorales, un dialogue n'est envisageable que sur la question des règles du jeu, du système électoral précisément. Pourquoi n'a-t-il pas répondu à Bennoo Siggil Senegaal qui a déjà proposé le professeur Babacar Gueye pour diriger la concertation sur la révision du Code électoral ? Pourquoi avait-il refusé, ne serait-ce que d'envoyer une délégation aux Assises nationales et pire, menacé les participants à ces rencontres citoyennes des foudres du ciel ? Cet homme dangereux par nature, par méthode et ambition, ne veut ni du dialogue ni de la concorde nationale. Il ruse. Qu’il sache que sa calebasse de subterfuges est désormais vide et qu'il a ainsi épuisé toute sa capacité à tromper. C'est le njomboorisme même qui a atteint ses limites historiques avec ce cinquantenaire. Entre sauver le pouvoir despotiques des Wade et sauver le Sénégal, chacun doit choisir son camp. À l'Alliance Jëf-jël, notre option ne souffre d'aucune ambiguïté ou hésitation ! Elle est connue de tous.

Quelle appréciation faites-vous de l’émergence des mouvements citoyens ?

L’Alliance Jëf-jël a déjà salué la naissance de ces mouvements et rappelé son option fondamentale pour une jonction effective entre ces organisations citoyennes et les partis politiques afin de construire une alternative crédible fondée sur la prise en charge des conclusions des Assises nationales.

L 'actualité, c'est également l'affaire des 20 milliards de commissions de Sudatel. Quel commentaire en faites-vous ?

Après l'affaire de l'avion présidentiel, l'argent de Taiwan, les scandales de l'Anoci, Segura, 1a nébuleuse du Monument de la dégénérescence africaine, ces milliards de Sudatel me permettent de rappeler les mots que j'avais adressés à Wade, en janvier 2002 : «Des affaires juteuses en tous genres sont traitées et conclues dans la plus grande opacité, permettant ainsi à des membres de votre entourage de puiser des deux mains et en toute impunité dans le couscoussier national. Une nouvelle mafia s'est installée, elle ressemble comme son clone, mais en plus avide à celle que vous prétendiez combattre et que vous vouliez, hier, poursuivre en justice». Abdoulaye Wade dit n'avoir pas vu dans son entourage quelqu'un qui maîtrise mieux l'argent que son fils. Mais, ce qu'il n'a pas dit, c'est qu'on n'a jamais vu un aussi grand malfaiteur que son fils, avec tous les moyens qui ont été mis à sa disposition.

Cette spirale ininterrompue de scandales devrait conduire, dés lors qu'aucun démenti sérieux n’est venu éclairer la lanterne du peuple, à la mise en place d'une Commission d’enquête indépendante et à l’arrestation de tous ceux qui, peu ou prou, sont impliqués dans ces dossiers.

C’est un minimum. Il faudrait commencer par arrêter le président Abdoulaye Wade qui porte la plus grande part de responsabilité dans ce domaine. Il ne sera pas possible de mettre un terme à la corruption et à ces scandales, encore moins d'instaurer la bonne gouvernance, tant qu'il sera en liberté et à la tête de ce pays.

La suppression du deuxième tour de la présidentielle est de plus en plus agitée. Que vous inspire ce débat ?

Si le deuxième tour avait été supprimé par le régime de Diouf, Wade n'aurait pas été président en 2000. Son ingratitude vis-à-vis du système qui lui a permis d'accéder au pouvoir est révélatrice d'une mentalité ; celle-là même qui a accouché, des déboires que rencontrent les Sénégalais à l'heure actuelle. Qu'il comprenne que nous ne le laisserons jamais déstabiliser le Sénégal pour ensuite aller s'installer tranquillement à Versailles avec sa famille. A bon entendeur...

Qu'est-ce que les Sénégalais peuvent attendre de la série de séminaires que Bennoo Siggil Senegaal va tenir bientôt ?

En organisant une série de séminaires à partir du 6 juin 2010, nous cherchons à réaliser l'unité de vues sur les perspectives politiques, notamment en direction des échéances électorales de 2012.

Nous avons une claire conscience des attentes de nos concitoyens. Fatigués et sinistrés par des politiques désastreuses et l’insouciance coupable des prédateurs qui dirigent ce pays, ils sont légitimement en quête d'une alternative crédible et espèrent un renforcement de Bennoo Siggil Senegaal à l'issue de ces séances de réflexion et d’harmonisation des positions. Bennoo Siggil Senegaal est une grosse dynamique d'une quarantaine d'organisations échaudées pour la plupart par la traîtrise de Abdoulaye Wade à l'endroit de ses alliés de 2000, et qui tiennent vaille que vaille à dresser les garde-fous nécessaires pour sécuriser la coalition, rassurer le peuple et veiller à l'application rigoureuse des conclusions des Assises nationales.

Quelle est la feuille de route de Bennoo Siggil Senegaal pour faire partir Me Wade, après la marche contre l'érection du Monument de la renaissance africaine ?

La commission «plan d'actions» de Bennoo Siggil Senegaal est en train de mettre la dernière main sur cette feuille de route. La marche du 3 avril contre ce mégalomane de 85 ans hors Tva, qui prétend symboliser la Renaissance africaine, confirme l'orientation de résistance à l'oppression et notre détermination à faire respecter les droits des citoyens dans tous les domaines. Nous jouerons notre rôle d'opposition à l'arbitraire devenu la marque déposée du régime des Wade. Ce pays appartient à tous les Sénégalais, et il importe de le rappeler tant que de besoin et par les moyens appropriés à Paa bi, Doom Ji, Soxna si et aux Luubël kat, ainsi qu'à leur nouvelle trouvaille, l’Alliance Sappi pour toujours (Ast). Ensemble, nous allons décliner ce plan qui nous permettra de faire face en toute circonstance, sur tous les terrains et en étroite collaboration avec les organisations du peuple en lutte pour le respect de leurs droits et libertés.