Abdoulaye Wade n’a pas eu un accueil triomphal à Touba hier. Le chef de l’Etat, arrivé à 12 h 30 dans la demeure du Khalife général des mourides a quitté la ville religieuse quatre heures de temps après. Le Secrétaire général du Pds a snobé la responsable de la Fédération de Touba-Mosquée qu’il n’a pas jugé nécessaire de recevoir.
Le président de la République, deux mois après sa dernière visite au Khalife général des mourides, a passé un séjour bref dans la cité religieuse. Abdoulaye Wade a eu deux entretiens avec Serigne Saliou Mbacké. Le premier a duré une heure d’horloge (12h30 à 13h30) en présence de la délégation qui l’accompagnait. Celle-ci comprenait les ministres Farba Senghor, Ousmane Masseck Ndiaye et Bacar Dia. Le second tête-à-tête entre les deux hommes s’est déroulé à huis clos et a eu lieu entre 15h30 et 16h09 mn.
A propos du contenu des entretiens, Moustapha Cissé, président de la section libérale de Touba-Mosquée qui a pris part au premier tête-à-tête confie que Me Wade a dit au marabout : «Je suis venu en tant que talibé solliciter vos prières et vos conseils qui, du reste, ne m’ont jamais fait défaut.» A cette requête, le Saint Homme aurait répondu, selon toujours notre interlocuteur : «Nous allons accéder à votre demande, ne serait-ce que pour tout ce que vous faites pour la ville de Touba, car, si un talibé participe à hauteur d’une part, vous, vous participez pour vingt parts sur tout ce que j’entreprends.»
Autre sujet de discussion entre le marabout et la chef de l’Etat, les grands travaux que le khalife a entrepris dans la cité religieuse et le projet bio-carburant que Wade compte lancer prochainement. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait la présence d’experts indiens dans la délégation que le chef de l’Etat a tenu à présenter au guide religieux. Serigne Amar , le Dg de Tracto services équipement qui accompagnait ses partenaires indiens, confie : «Ces experts ont aidé le Président à mettre en pratique le projet bio-carburant qu’il souhaite réaliser. Ils vont l’introduire d’abord à Khelcom, au niveau des périmètres que le programme Reva expérimente et ensuite à travers tout le pays avec une plante nommée Diatrofa que les Sénégalais connaissent sous l’appellation de Tabanani. C’est une plante qui, en deux ans, peut donner de beaux résultats dans la fabrication du gas-oil et de la biomase.»
En ce qui concerne le second entretien entre Abdoulaye Wade et Serigne Saliou, rien n’a filtré. Il s’est déroulé à huis clos avec la seule présence de Matar Diakhaté, secrétaire particulier du marabout. Cette brièveté du séjour présidentiel à Touba serait liée à deux facteurs, renseignent certaines sources sous le couvert de l’anonymat. Tout d’abord, le président de la République serait venu dire au revoir au marabout, car il s’apprêterait à aller en vacances. L’autre explication, c’est que Abdoulaye Wade, devant recevoir tout ce que le Sénégal compte comme gouverneurs et préfets, ne pouvait rester et passer la nuit comme il l’a souvent fait à Touba.
Durant ce voyage, le secrétaire général national du Pds n’a pas reçu un accueil triomphal de la part des populations de Touba. Une situation que tente d’expliquer une militante libérale, Ndèye Diongue, rencontrée aux abords de la gare routière par le fait que «nous sommes aujourd’hui, vendredi et les gens se préparent pour la prière à la mosquée. En outre, l’heure tardive de la venue de Wade n’est pas pour arranger les choses avec la forte canicule que connaît Touba en ce moment.» Moustapha Cissé, lui, trouve une explication politique à cette absence de mobilisation : «C’est parce que les militants ne croient plus aux responsables libéraux de la Fédération de Touba qui ont fini de montrer leurs limites et leurs carences en matière de mobilisation.»
En tout état de cause, le refus de Me Abdoulaye Wade de recevoir les principaux responsables de son parti (Fallou Mbacké, Irène Dioum, Moustapha Cissé Lô, Aïda Gaye, etc.) semble donner raison à notre interlocuteur. Un refus net en dépit du pied de grue organisé à la résidence Cheikhoul Khadim. Le patron des libéraux n’a reçu que Oulimatou Dioum et Cheikh Béthio Thioune, tous deux animateurs du mouvement de soutien.
Ce qui fait dire à Mama Ndiaye, observateur de la scène politique de Touba. «Ce n’est pas gratuit ce que le Président a fait. Il montre seulement que ce qu’il veut obtenir, il ne pourra le réaliser qu’avec les mouvements de soutien et non avec ces responsables que la base n’a pas choisis, mais qui ont été imposés.»
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