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Politique

Wade a-t-il du courage politique ? ( Par Jupiter Ndiaye TAMSIR )

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Wade a-t-il du courage politique ? ( Par Jupiter Ndiaye TAMSIR )

Le moins que l’on puisse dire de Wade est qu’il a du génie politique inégalé. Il sait marier l’alacrité juvénile, l’expérience de l’âge et l’intelligence politique. Nul n’en disconvient. Senghor était un poète qui donnait plus la primauté au banquet du Verbe qu’au progrès économique intégral. Abdou Diouf était un grand commis de l’Etat qui administrait plus le Sénégal qu’il ne le l’installait sur la voie de l’émergence. Et Wade est, dirait Alain Peyrefitte, « un mécanicien chevronné de l’outil politique » qui consacre plus son action à la politique qu’à la bonne gouvernance économique, gage de développement.

Il sait, en sociologue politique de l’action publique, déchiffrer la géographie secrète de la société sénégalaise pour la soumettre à volonté. Charismatique, fin et doué dans le maniement des consciences, il a réussi, dans son parti comme face à l’opposition, à créer un vide après une décennie de gouvernance qui aura connu le meilleur et commis le pire. Et pourtant…

Et pourtant, pour son aventure d’autrefois et pour son apport considérable à la mystique de la circulation démocratique des élites, il aurait pu trouver très tôt une voie de sortie honorable qui ferait de lui le monument national et le symbole africain de la démocratie, de la Bonne gouvernance et de la liberté par le respect absolu des normes et de la Loi fondamentale. Nelson Mandela l’a fait et l’a bien réussi. De Gaulle également. Il en est ainsi de Mahamat Gandhi. De même que Konrad Adenaur et Abraham Lincoln.

C’est que malheureusement, en remportant l’historique élection présidentielle de 2000, Wade a découvert concomitamment le Pouvoir et l’Avoir à un niveau si inédit qu’il en conclut, selon Idrissa Seck, que ses « soucis d’argent étaient enfin terminés. ». Le sacerdoce se retrouvait alors à la morgue. L’éthique de Bonne gouvernance s’éteignait. Son confort personnel devenait ainsi son unique priorité.

Aujourd’hui après une décennie, il découvre, dans le silence de son cabinet, l’énormité des dégâts qui ont accompagné son action politique. Grâce à son esprit alerte, il comprit vite que les Sénégalais sont exaspérés par la gestion monarchiste, prédatrice, nébuleuse, politico familiale et clanique non seulement des trois pouvoirs de la République, mais aussi de l’Etat lui-même. Il sait mieux que quiconque l’état d’esprit des Sénégalais qui, dans leur immense majorité, rêvent d’une contre révolution qui changerait le changement qui s’est plus accommodé des vices de la mal gouvernance aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans celle de l’option démocratique nationale.

Son véritable adversaire est le peuple sénégalais. Ni l’opposition, ni son parti et ses alliés, ni lui, ne détiennent la majorité. Un certain nombre de choix essentiels rassemblent aujourd’hui quelque trois quart des citoyens. Voilà la véritable majorité nationale. Elle va au delà des foules que l’un ou l’autre camp est capable de réunir. Cette majorité est l’ensemble des citoyens anonymes, éloignés des partis et des mouvements citoyens, détenteurs de cartes d’électeurs et de la souveraineté.

Mais Wade dont la possible 3ème candidature est très controversée, a-t-il vraiment le courage politique de les affronter en faisant face en même temps à d’autres challengers ? La réponse est certainement non et pour cause.

S’il avait le courage politique de les affronter, il accepterait, sans état d’âme, comme Abdou Diouf eut le courage de le faire avec le Général Cissé et le Général Niang, la présence d’un Ministre de l’Intérieur qui ne serait d’aucune tendance partisane et qui serait d’une neutralité totale devant les contradictions politiques. Celui-ci, dans le respect absolu du calendrier électoral, organiserait alors les élections dans une transparence sans reproche et une soumission totale à l’éthique et à la souveraineté nationale. Mais Wade n’a pas encore cette audace. Il a certainement peur de la neutralité et dans le cas d’espèce, ce n’est point une question de ruse politique mais d’un manque de courage politique.

C’est pourquoi, pour conserver le Pouvoir et l’Avoir, il a « son » Ministre de la Justice et « son » Président du Conseil Constitutionnel. Et aujourd’hui, en choisissant Ousmane Ngom comme Ministre de l’Intérieur, organisateur des élections, il utilise un homme qui, pour l’avoir trahi et combattu avec une violence inouïe, est prêt à tout pour se racheter. Avec Ousmane Ngom, il pourrait ainsi, échapper à la neutralité, à la transparence et à la sanction populaire. Mais Pierre Corneille enseigne : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Si triomphe il y a aura…



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