Violée alors qu'elle s'était rendue à Touba, Adja Massamba Guèye, 19 ans, est la malheureuse victime de sa candeur et de sa spontanéité juvénile. Abusée par un vendeur de véhicules, un protégé par des familles maraboutiques de Touba, la jeune étudiante est traumatisée et marquée à vie. Au bord du gouffre et en proie à des cauchemars, ses proches essaient de la maintenir en vie après qu'elle a tenté plusieurs fois de mettre fin à sa vie. Le récit est dramatique. Tout simplement poignant.
«J'ai 19 ans et je suis étudiante en marketing à l'Iacom de Pikine. Je suis allée à Touba pour rendre visite à ma grande sœur. Au bout de quelques jours, j'ai émis le vœu de rentrer à Dakar (le lundi) pour récupérer mon diplôme. Le jeudi précédent, ma meilleure amie, S. A. Mbacké, fille de Serigne M. K Mbacké, a accouché. Ma grande sœur m'a retenue pour prendre part au baptême. Mais entretemps, au mois de mai (elle ne se rappelle pas la date exacte, Ndlr) il y a eu des «thiants» (chants religieux organisés en l’honneur d'un marabout, Ndlr) organisés par l'école Fallou Galass de Mbacké. Et comme mes cousins étudiaient dans cette école, je suis allée assister à ces «thiants». Bien avant cela, un jour, alors que je me rendais à la station-service de Mbacké, j'ai eu l'impression qu'un 4X4 de couleur rouge bordeaux aux vitres teintées me suivait. J'ai continué ma route et j'ai vu que le 4X4 m'a suivie jusque devant la maison. Une femme en est descendue et m'a interpellée en ces termes : «Vous êtes nouvelle dans la localité ? Vous me plaisez beaucoup. Est-ce que je peux avoir votre numéro ?» En toute spontanéité, je le lui ai donné.
« Tout cet argent sera à toi si t’acceptes de passer du bon temps avec moi »
Quinze minutes plus tard, je me suis changée pour aller au « thiant ». J’étais en compagnie de 6 personnes. En chemin, mon téléphone a sonné et j’ai vu que le numéro d'appel se terminait par 22. J'ai décroché et c'est un homme qui a répondu. Il m'a demandé de me diriger vers le 4X4 dont les feux clignotaient, car il avait besoin de me parler. Sans appréhension, j'y suis allée. Arrivée à hauteur de la voiture, un homme en est descendu et m'a demandé de le rejoindre derrière la voiture, arguant qu'il avait à me parler. Il a sorti une liasse de billets et m'a dit ceci : «De tout le thiant, t'es la seule que j'ai remarquée. Tu me plais beaucoup. Tout cet argent sera à toi si t'acceptes de me suivre pour qu'on passe du temps ensemble, car je sens que t'es une viveuse. »
Le gars s'appelle Boury Faye et était un invité de la cérémonie. C'est un vendeur de véhicules à Touba. Offusquée, je l'ai insulté de mère et j'ai regagné mes compagnons. Le lendemain matin, il a rappelé à deux reprises, en vain. Je m'apprêtais à le rappeler quand mon téléphone a sonné. C'était lui, il m'a dit : «Franchement, tu m'as agréablement surpris, car malgré tout l'argent que je t'ai proposé, tu as décliné mon offre. Tu es une femme vertueuse et tu pourras faire une bonne épouse. Je souhaiterais garder une relation d'amitié avec toi. » J'ai cru en sa bonne foi. Il m'a demandé la date de mon retour sur Dakar. Je lui ai dit que je comptais retourner le lundi, mais en raison du baptême de ma meilleure amie, j'étais contrainte de rester. Par la suite, je n'ai plus eu de ses nouvelles jusqu'à la veille du baptême, le mercredi 18 mai. Il a demandé si je n'avais pas besoin d'agent pour mes dépenses. Il a rappelé le même jour et m'a demandé où j'étais. Je lui ai dit que je devais aller chercher une amie à Darou Salam pour aller faire une pose de cils à Mbacké à 12h. Il nous a invitées à venir prendre le petit-déjeuner avec lui. Ma copine était d'accord et on est partis.
Boury Faye habite un appartement non loin de la Bicis de Touba. Il m'a dit qu'il allait profiter de l'occasion pour me présenter à un de ses amis et à sa femme. Une fois sur place, son ami est venu nous saluer. Quant à la femme, je ne l'ai jamais vue. Quelques minutes plus tard, Boury Faye a demandé à me parler en aparté, me proposant de laisser partir mon amie. En échange, il me remettrait de l'argent. Je lui ai demandé de ne plus me parler d'argent, car cela ne m'intéressait pas. Je suis sortie et il a remis 6.000 FCFA à ma copine pour notre transport. En chemin, il a appelé pour me dire qu'il voulait faire de moi sa femme. Le jeudi 19 mai, jour du baptême, il a encore appelé pour prendre de mes nouvelles. Je lui ai dit que je devais retourner à Darou Salam, car je n'avais que 25 000 FCFA avec moi et je souhaitais remettre 30 000f en guise de cadeau à mon amie. Il m'a dit que ce n'était pas la peine de marcher sous le chaud soleil pour 5 000 FCFA. Il les remettrait au concierge de son immeuble, car il était en partance pour Dakar. Je me suis rendue alors chez le concierge qui m'a remis les 5 000 FCFA et je lui ai dit que je devais retourner à Dakar le lendemain.
« Tu sais que je suis riche, c’est pour cela que tu t’es coupé les parties génitales pour dire que je t’ai violée »
Boury m’a appelée le matin très tôt. Je lui ai dit que je ne suis finalement pas partie, car mes abcès m'ont fait souffrir toute la nuit. En plus, comme ma copine avait rejoint le domicile conjugal, je me devais de l’y accompagner. J'ai passé la journée chez mon amie, Sokhna A.. Mais, dans la journée, comme elle vit à Darou Salam, elle m'a demandé de lui rapporter des vêtements avant 18h, des vêtements dont elle avait besoin. C'est pendant que je me rendais à Darou Salam que Boury m'a appelée pour me demander de passer prendre un pot chez lui, arguant que la femme de son ami voulait me rencontrer. Je me suis dit que puisqu'il n'était que 16h et que mon amie avait besoin de ses habits vers 18h, j'avais le temps de passer chez lui. Je suis allée au rendez-vous. Je l'ai trouvé au salon, assis sur une chaise pliante, son ordinateur sur les genoux. J'ai pris place sur un siège assez éloigné de lui. On est resté sans parler pendant un bon bout de temps. Puis, il a dit : «Adji, tu es toujours aussi timide ?» J'ai demandé des nouvelles de son ami et de sa femme. Il m'a répondu d'un ton sec : «Tiens ¬toi tranquille ! Ils sont en route.» Il s'est déplacé vers moi et a commencé a me caresser la poitrine (elle joint le geste à la parole). Je lui ai ordonné de me laisser en paix. Sur ce, j'ai rassemblé mes affaires pour m'en aller. Il m'a alors empoignée par le dos, a fermé la porte à clé, avant de m'entraîner dans la chambre. J'ai crié mais il n'y avait personne dans l'appartement. Il m'a jetée sur le lit. Et comme il est costaud, il a pesé de tout son poids sur moi, a retiré mon bas, mon slip et mon pagne d'un coup, avant de me pénétrer (elle se tait un moment, encore sous le choc) ...J'ai perdu beaucoup de sang.
Informé de mes pertes, Boury ma dit que je n'avais pas à jouer la sainte-¬nitouche, car j'étais une femme légère. Il m'a dit : «On était d'accord, non ? Attends que je te paie. Tu sais que je suis riche, c'est pour cela que tu t'es coupé les parties génitales pour dire que je t'ai violée. » Il a commencé à me menacer et quand je lui ai dit que je désirais rentrer, il m'a poussée dans les escaliers, avec mes douleurs. Il m'était difficile de marcher. En route, il m'a poussée hors de la voiture à mi-chemin. Je me suis retrouvée sur le sable, toute ensanglantée, entourée de curieux. Je me suis traînée jusque dans un coin, j'ai noté son numéro d'immatriculation. Vu que ma sœur n'était pas informée de ma destination et par crainte de jeter l'opprobre sur ma famille, j'ai choisi d'appeler notre voisin, un bijoutier du nom de Sam Thiam, qui m'a emmenée à l'hôpital Matlaboul Fouwzeni de Touba. Le médecin a conclu à un viol avec signes de lutte, perte d'hymen et déchirures. Boury a été arrêté et gardé à vue pendant 6 jours avant d'être déféré au parquet de Diourbel.
A la police, j'ai donné ma version aux policiers. Certificat médical à l'appui. Face aux policiers, lui, a servi 3 versions. La 1ère : «Que je lui ai demandé de l'argent, et face à son refus, j'ai fait saigner mes parties génitales pour l'accuser de viol.» La seconde : «Je me suis rendue chez lui dans cet état, il a glissé son doigt dans mes parties génitales et j'étais couverte de sang.» La 3e : «Je me suis rendue chez lui en larmes et quand il me mettait des mouchoirs dans les parties génitales, ils étaient imbibés de sang».
«J'ai fait plusieurs tentatives de suicide»
Cela se voyait qu'il mentait. Devant l'inspecteur, je lui ai pardonné, malgré le fait qu'il m'ait blessée dans ma chair. Il a été déféré et en attendant le procès, un de ses amis, S. Y. Mbacké, est venue me parler. Il m'a fait comprendre que les années de prison que Boury pourrait faire ne m'apporteraient rien. Ses propos m'ont beaucoup touchée et j'ai décidé de lui accorder mon pardon. Il a sorti, devant toute ma famille, une somme de 300 000 francs CFA, en me disant que c'était à moi. Nous lui avons signifié que ce n'était pas la peine et il est reparti. Une seconde fois, il est revenu accompagné d'une dame Mbacké ¬Mbacké. Cette fameuse dame m'a demandé pardon au nom de Serigne Touba. Tout en vantant mes mérites, elle a reconnu que Boury m'avait blessée et enlevé ma virginité. Après ses propos, elle m'a tendu 1 million FCFA, en insistant pour que je les prenne. Elle m'a même dit que ce n'était pas à titre de dommages et intérêts, mais que c'était de sa part. Je lui ai alors répondu qu'il vaudrait mieux qu'elle parle à mes parents. C'est ainsi que j'ai fait appel à une amie de la famille, qui m'a beaucoup aidée depuis le début de l'affaire. Elle a pris l'argent et l'a remis à la sœur de ma mère, Fatou Niang, qui à son tour, me l'a remis. Sur ce, j'ai précisé à la dame que même si j'étais d'accord pour prendre cet argent, cela n'était pas le prix de mon silence.
À la veille du procès, un ami de Boury nous a demandé de ne pas parler de viol à l'audience, auquel cas, Boury risque d’aller en prison. Sans sourciller, je leur réponds que cela n'était pas possible, puisque les faits s'étaient déroulés ainsi. Le lendemain au tribunal, le juge m'a demandé pourquoi j'ai désisté. Je lui fais savoir que je le faisais de bon cœur pour éviter que sa famille se disloque, étant donné qu'il a deux femmes, mais aussi et surtout pour sa mère qui aurait été dans le coma. Ce qui s'est finalement révélé être totalement faux. Toujours dans mes propos, j'ai expliqué au juge que je ne lui réclamais aucun franc. En entrant dans le vif du sujet, le tribunal m'a demandé d'expliquer dans les détails les faits. Ce que j'ai fait. Lui, a nié en bloc, en affirmant qu'il a seulement introduit ses doigts dans mes parties intimes. Toutefois, il a reconnu avoir cherché mon numéro et que je ne le lui ai pas donné. Ses avocats ont dit qu'ils ne doutaient pas que j'ai été déflorée, mais que leur client n'était pas fautif. En d'autres termes, c'est un autre qui m'a mise dans cet état. Rajoutant toujours à leurs attaques, ils disent qu'il n'y a pas de signes de lutte. Excédée, je leur fais comprendre que ce n'était pas possible de résister, vu la différence physique entre Boury et moi. Il m'a vraiment fait mal, ce qu'il m'a enlevé est irremplaçable. Parfois, en y repensant, j'ai même envie de me suicider. Mais cela ne lui a pas suffi, le jour du procès, il a fait venir des gens, qui, à ma vue, se mettaient à crier : «Pute, pute, pute... ». Ils ont déchiré mes habits et m'ont griffée. Ils s'en sont également pris à mon frère qui voulait riposter, je lui ai demandé de ne pas le faire. Il s'est alors calmé et on est rentrés. Après plaidoiries, l'affaire a été mise en délibéré pour le jeudi 16 juin. Il faut rappeler que Boury est allé à la police avant que je ne porte plainte, pour prendre les devants, il leur a dit que j'avais saigné mes parties intimes pour pouvoir le faire accuser. Il a essayé de cacher le drap et les compresses maculés de sang, mais j'ai eu la présence d'esprit de garder les compresses. C'est une épreuve très difficile, je ne dors plus la nuit. J'ai été hospitalisée pendant cinq jours au Samu municipal. Toutes les nuits, je prends une double dose de Valium, mais cela ne m'empêche pas de revivre cette horreur. J'ai essayé à plusieurs reprises de me suicider. Je n'ai plus goût à la vie. Je m'automutile et frappe ma tête contre le mur, sans compter la pression des marabouts qui m'appellent jour et nuit. Mais j'ai foi en la justice de mon pays et j'attends le délibéré. »
SOURCE : L’OBS NDEYE FATOU SECK
26 Commentaires
Go Bruins
En Juin, 2011 (03:54 AM)2222222222
En Juin, 2011 (03:56 AM)Bababouy
En Juin, 2011 (04:01 AM)Ba
En Juin, 2011 (04:26 AM)Undefined
En Juin, 2011 (05:18 AM)Deugueu
En Juin, 2011 (05:38 AM)Ndiaye
En Juin, 2011 (07:04 AM)Lom
En Juin, 2011 (07:45 AM)C'est l'argent qui fait la justice au sénégal et c'est domage!
Haaaa
En Juin, 2011 (08:32 AM)Dammn
En Juin, 2011 (08:34 AM)Karlos
En Juin, 2011 (08:39 AM)Undefined
En Juin, 2011 (10:04 AM)Thini
En Juin, 2011 (10:33 AM)Ndiaye83
En Juin, 2011 (11:38 AM)Car le seigneur a dit sur le coran que: celui qui fait un atome de bien le verra le jour du jugement et vis versa
C Moi
En Juin, 2011 (12:36 PM)Parf
En Juin, 2011 (17:33 PM)Poubel
En Juin, 2011 (18:33 PM)DAGATEKO DIOKHKO KHADIEBI MOULEKAKO WALAHI LA WAKH KI AMOUL PLACE SI SOCIETEBI
Loulou3316
En Juin, 2011 (18:43 PM)El Me Connai
En Juin, 2011 (19:59 PM)Undefined
En Juin, 2011 (13:59 PM)Undefined
En Juin, 2011 (14:35 PM)Undefined
En Juin, 2011 (19:54 PM)Aaaahhh
En Juin, 2011 (21:13 PM)mais ma petite soeur ne pleure et n'essaie jamais de te suicidé pour un homme et je le jure cet homme finira tres mal c'est un homme maudit un pervers et dieu garde un châtiment spécial pour ces genre dhomme
Galsenlover
En Juin, 2011 (11:46 AM)Ma soeurs l'argent ta mene a ta routine c'est le destin soit forte.mougneul
meme si je te croit qu'a 25% et je fait pas confiance a certains mourides
Awa Mbengue
En Juin, 2011 (17:22 PM)Nike
En Novembre, 2011 (09:47 AM)Participer à la Discussion