Cambriolages fréquents et concurrence déloyale - Les pharmaciens menacent de « passer à l’acte »

Malgré le grand nombre d’actions menées, en partenariat avec les autorités publiques, les choses n’ont pas évolué. Les pharmaciens s’engagent, malgré tout, pour la sauvegarde de leur profession. « Après la drogue, et les armes, c’est le trafic de médicaments qui est sûrement l’un des plus rentables pour bon nombre de malfaiteurs. Mais , il faudra que l’on arrive à des sanctions sévères et procéder à des journées de destruction des médicaments illicites saisies et barrer la route aux fossoyeurs de la profession. Pour manifester cette volonté, je propose à l’Assemblée d’aller vers une prochaine baisse des rideaux de toutes les officines de pharmacies à travers les 35 départements du pays. C’est un signal manifeste pour indiquer à tous que le médicament n’est pas une vulgaire marchandise » a déclaré Mme Mame Mbacké Ndiaye Séne, membre de l’un des deux syndicats national des pharmaciens. Pour une fois, ces derniers ont pu taire leurs divergences et s’unir autour d’un combat commun. La lutte contre le trafic et la vente des médicaments illicites, et une meilleure prise en charge de la sécurité des officines de pharmacies, souvent victimes de cambriolages, ont été au menu de l’Assemblée générale extraordinaire des pharmaciens, ouverte ce matin au Cesag. Organisée sous l’égide de l’Ordre national des pharmaciens, la rencontre a été l’occasion pour le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal et le Syndicat autonome des pharmaciens du Sénégal de se pencher sur « un plan d’action contre les cambriolages des officines ». Les pharmaciens indiquent que « durant la période allant du 1er août 2005 au 31 mars 2006, les cambriolages d’une cinquantaine de pharmacies ont été enregistrés. Il y a eu recrudescence durant l’année 2007 avec 14 cambriolages entre seulement les mois de janvier et juin ». Les participants ont convié à un « renforcement des mesures sécuritaires » mais aussi de « passer à l’action pour enrayer ce mal et pousser les pouvoirs publics d’assurer la sécurité des pharmaciens dans l’exercice de leur fonction ». Certains intervenants ont dénoncé : « la complicité coupables des confrères qui alimentent les réseaux de vente informelle ». Après des campagnes d’information autour du slogan, « Les médicaments de la rue tuent ! » et autres initiatives du genre, les pharmaciens vont passer à l’offensive. Bon nombre d’orateurs ont plaidé pour des « actions efficaces » avec notamment « une journée des officines fermées et un sit-in à Keur Sérigne ». Ce dernier lieu nommée est indexé comme étant le centre du trafic et de vente des médicaments illicites. Invité à prendre part à cette rencontre, le doyen de la Faculté de pharmacie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est fait représenté par le Pr Amadou Diéye, chef du département de Pharmacologie. Ce dernier a invité ses confrères à aller vers l’engagement dans la recherche, le renforcement des capacités scientifiques, « pour devenir un modèle de pharmacien qui utilise un discours scientifique et convaincant ». Aussi a-t-il plaidé en faveur d’une collaboration avec son département de tutelle « pour réaliser des études et sondages qui prouvent, chiffrent à l’appui, le bien fondé de notre lutte ». Parce qu’« autant que le trafic et les ventes illicites, le pillage des officines est aussi un danger qui nuit au secteur et même aux intérêts des pouvoirs publics », explique le professeur.