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CHERTÉ DE LA VIE, ACCÈS AU LOGEMENT : Comment vivre sans crédit bancaire ?

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CHERTÉ DE LA VIE, ACCÈS AU LOGEMENT : Comment vivre sans crédit bancaire ?

Pour s’équiper, se loger ou tout simplement consommer, les clients solvables peuvent facilement bénéficier de crédit auprès de leurs banques. Il se trouve que pour l’Islam, le crédit bancaire est prohibé. Le Saint Coran et les hadiths du Prophète Mohamed y sont largement revenus. A la place, les musulmans proposent une finance islamique. Au Sénégal où la population est à 94 % constituée de musulmans, les gens sont partagés sur la question.

Avec la volonté des autorités de domicilier à la banque les salaires supérieurs ou égaux à 100.000 francs Cfa, le taux de bancarisation, qui est de 6 % au Sénégal, va sans doute s’accroître. D’autant plus que la politique du Sénégal est « la banque pour tous à l’horizon 2010 ». Ce qui aura comme effet d’accentuer les rapports entre les banques et leurs clientèles. Les banques, on le sait, rivalisent d’ingéniosité pour satisfaire leurs clientèles. Du crédit à la consommation en passant par le crédit d’équipement jusqu’au crédit pour le logement, tout est imaginé pour répondre aux besoins du client.

Au nombre des crédits, on a noté celui à la consommation. Il y a dans ce crédit la vente à tempérament et le prêt personnel. La vente à tempérament est définie comme tout contrat de crédit qui doit normalement emporter acquisition d’un bien meuble corporel et dont le prix s’acquitte en versements périodiques et ce, non compris l’acompte. La plupart des banques universelles font dans ce type de crédit pour permettre à leurs clients, en relation avec des sociétés concessionnaires, d’acquérir des véhicules ; ou bien, en relation avec des comptoirs commerciaux, etc.

Le prêt personnel est un contrat de crédit au terme duquel est mise à la disposition du consommateur une somme d’argent qui sera remboursée par des versements périodiques. Il est destiné non pas à financer un achat bien précis, mais à permettre à l’emprunteur de faire face à des dépenses telles que des frais consécutifs à des événements familiaux, des frais médicaux, des frais d’études, des impôts, des frais de rénovation, etc. Comme il n’est pas lié à une facture d’achat d’un bien déterminé, le taux d’intérêt pratiqué est plus élevé que celui demandé pour le financement d’un achat bien précis, car la banque ne possède pas de garantie réelle. Le remboursement est toujours mensuel et le taux d’intérêt se présente souvent comme un chargement mensuel.

« Sans intérêt, les banques ne survivront pas ! »

Toujours au titre des crédits bancaires, il y a celui immobilier qui est un prêt d’argent d’une banque à un particulier ou société dans le but d’acquérir un bien immobilier comme un local commercial, des bureaux, un terrain, voir un logement. On a aussi le « leasing » qu’on appelle également crédit bail. C’est un contrat par lequel une des parties (le leaseur), s’engage à fournir à l’autre partie la jouissance d’un bien meuble corporel à un prix déterminé, que cette dernière s’engage à payer périodiquement. Ce type de crédit contient une option d’achat en fin de contrat...

La particularité d’un crédit, quel qu’il soit, est toujours assorti d’intérêt. C’est justement cet intérêt qui pose problème, chez le musulman. Selon Oustaz Assane Seck, animateur religieux à la Rts et à la Rfm, le prêt bancaire est interdit par l’Islam, parce que justement l’intérêt qu’il occasionne est « haram » (assimilé à l’usure). Cet intérêt, soutient-il, est illicite en islam. Au verset 130 de la Sourate 3 du Saint Coran, on peut lire : « Ô les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital. Et craignez Allah afin que vous réussissiez ! ». D’après le religieux, percevoir l’intérêt bancaire, « c’est comme déclarer la guerre à Dieu ».

Selon A. C., une banquière qui préfère parler sous le couvert de l’anonymat, « sans ce cas, nous n’avons qu’à fermer boutique, car sans intérêt, les banques ne survivront pas ! ». Pour Cheikh Ngom, professeur d’anglais au lycée de Sédhiou, musulman convaincu et usager de banque, « c’est tout à fait normal que les banques fixent des intérêts sur les prêts qu’elles accordent à leurs clients ». Il explique sa position par le fait que les banques, comme toutes les autres institutions, engagent un personnel et doivent faire face à des dépenses de fonctionnement et veillent aussi à la sécurité des comptes des clients. De son point de vue, autant les banques accordent des intérêts aux dépôts qu’elles reçoivent, autant elles doivent ajouter des intérêts aux prêts qu’elles accordent à leurs clients.

Quoiqu’il en soit, il est de nos jours presque inimaginable de se passer des services bancaires, de vivre adéquatement sans le crédit bancaire.

Mais, autant le crédit bancaire est plus qu’indispensable dans les sociétés occidentales et celles occidentalisées, autant il est équivoque dans le monde arabo-musulman. Le Sénégal est un pays où l’Islam occupe une place de choix. Pour Adama Waly Ndour, instituteur à Sandiara, sans le crédit bancaire, il serait impossible pour bon nombre de travailleurs de s’équiper ou d’accéder au logement. « Pour la majorité des travailleurs, il est presque impossible d’économiser afin de se construire un chez soi », fait-il remarquer. Il met surtout en exergue le coût élevé de la vie, qui est une charge déjà pesante au Sénégal où les habitudes alimentaires sont extraverties.

Le crédit bancaire est toléré en cas de nécessité absolue

Sans crédit bancaire, certains agents vont peiner à s’équiper, encore moins à se construire une maison. Sur ce point, Oustaz Assane Seck pense qu’il n’est mentionné nulle part dans le Saint Coran une quelconque autorisation du crédit. Toutefois, il soutient, se référant aux jurisconsultes, que l’interdit peut être permis à des « cas exceptionnels », lorsque par exemple le musulman n’a aucune alternative. Pour Tamba Ngom, conseiller pédagogique itinérant, « il est difficile pour les fonctionnaires de ne pas contracter de prêts bancaires, même s’ils savent, qu’en retour, ils vont payer davantage ». De son point de vue, l’Etat doit intervenir pour assainir le secteur. Une opinion partagée par le président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen).

Pour Momar Ndao, l’accès au crédit est, certes, difficile, mais le plus difficile, est sa gestion. Selon lui, les taux d’intérêts sont « extrêmement élevés » et il faudrait assainir le secteur. « Il faut revoir la réglementation bancaire pour faciliter non seulement l’accès à la bancarisation, mais il faut que l’Etat demande que les taux d’intérêt et les conditions d’accès au crédit soient facilités », déclare-t-il. Son point de vue, c’est qu’il faut encadrer le crédit bancaire et développer toutes les formes de financement y compris les finances islamiques pour développer le système de crédit à la consommation. Il est convaincu que c’est un des principes de base du développement. Mieux, quand il y a un accompagnement du système bancaire, pense-t-il, on peut avoir plus de demandes et ainsi développer le pays.

Principes de base de l’économie islamique

L’argent est le nerf de la guerre, a-t-on coutume de dire. Dans une société mercantile où la quasi-totalité de l’économie est libéralisée, la société arabo-musulmane doit se chercher un chemin pour permettre une vie épanouie à ses membres. Aussi, la législation islamique cherche-t-elle, à travers la réglementation de son usage, à édifier une société équilibrée dans laquelle la justice sociale devient une réalité qui procure une vie honorable à tous ses membres. « Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde », peut-on lire dans le Saint Coran, Sourate 18, verset 46. En effet, l’Islam a créé des systèmes dont la mise en application garantit une vie décente à chaque individu de la société.

L’Islam, rappelons-le, interdit l’intérêt usuraire qui revient à l’exploitation du besoin et des efforts de son prochain et l’usurpation de ses biens sans contrepartie. En outre, la propagation de l’intérêt usuraire suscite la disparition de la bonté entre les gens et la concentration de la richesse entre les mains d’un groupe restreint. C’est l’économie des versets 278 et 279 de la Sourate 2 du Saint Coran qui dit : « Ô les Croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes Croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés ». Toujours dans ce sillage, on apprend avec Ibn Khouzaimah que le Prophète a dit : « Celui qui perçoit les taxes n’entrera pas au Paradis ».

Toutefois, l’Islam exhorte à accorder des prêts à ceux qui en ont besoin, afin de mettre fin à l’intérêt usuraire et ses voies. Le Prophète Mohamed (Psl), selon At-Tirmidzi, a dit : « Celui qui prête de l’argent deux fois, c’est comme s’il l’avait donné en aumône une fois ». Il a prescrit -sans toutefois rendre cela obligatoire- d’accorder un sursis et un délai à l’endetté qui est dans la gêne et de ne pas le presser, s’il est sérieux et veut vraiment rembourser sa dette. Mais, s’il retarde volontairement le remboursement, il n’est pas concerné par cette mesure. C’est ce que dit le Saint Coran à sa Sourate 2, verset 280 : « A celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance ». Selon Mouslim, dans ses Hadiths, le Prophète Mohamed (Psl) a dit : « Que celui qui aimerait qu’Allah le sauve des angoisses du Jour de la Résurrection accorde un sursis à l’endetté insolvable ou annule sa dette ».


 



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