Pour lutter contre les accidents de route récurrents, l’Etat du Sénégal a annoncé la mesure d’interdiction de la circulation interurbaine entre 22h et 6h. Seulement, beaucoup d’obstacles se dressent sur le chemin de cette mesure, surtout pour les voyageurs se rendant dans les régions de Sédhiou, Kolda et Ziguinchor : traversée du bac de Farafenni, check-points, fermeture des barrières de la frontière, contrôles des agents de sécurité (police, gendarmerie), entre autres.
Face à la récurrence des accidents de la route qui font plus 500 morts par an et des milliers de blessés, le gouvernement du Sénégal a réitéré sa volonté manifeste d’interdire prochainement la circulation interurbaine entre 22 heures et 6 heures. Histoire de mieux lutter contre ces accidents de circulation qui se produisent le plus souvent la nuit. Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement en a fait l’annonce, le jeudi 22 février dernier, à Kaolack, après avoir rendu visite à des blessés d’un accident de la route qui avait coûté la vie à 11 pèlerins en partance pour le magal de Porokhane. «Nous avons décidé, dans les semaines à venir, d’interdire toutes les circulations interurbaines entre 22 heures et 6 heures. C’est une mesure qu’on va nécessairement prendre pour réduire les accidents», avait-il déclaré à des journalistes. Il l’a rappelé hier, lundi 5 mars 2018, lors du lancement de la Cellule genre de son ministère.
Entre temps, en Conseil des ministres, mercredi dernier, 28 février, le chef de l’Etat, Macky Sall avait demandé au ministre Abdoulaye Daouda Diallo de mettre la pédale douce en privilégiant les concertations avec tous les acteurs concernés par la mesure. Donc, de ne rien imposer aux populations. Toutefois, au regard de la recrudescence des accidents sur nos routes, le président de la République avait exhorté le Premier ministre à accentuer la mise en œuvre rigoureuse de toutes les 10 mesures arrêtées au sortir du Conseil interministériel du 9 février 2017 pour lutter contre ces accidents de la route. Et pour l’effectivité de ces directives visant à améliorer, significativement et durablement, la circulation et la sécurité routières, le chef de l’Etat avait invité le gouvernement, les services de transport routier, les Forces de défense et de sécurité en particulier, à intensifier les actions préventives de contrôle des documents officiels de transport, de l’état technique des véhicules de transport interurbains, ainsi que des gros porteurs en circulation sur les routes.
Seulement, des acteurs et usagers des transports de la région naturelle de Casamance exhibent des griefs, quant à l’applicabilité de cette décision d’interdire la circulation interurbaine la nuit. En attendant la réception du pont de Farafenni (Gambie) en construction, il serait très difficile de quitter Dakar ou dans certaines régions du Centre et du Nord du pays pour regagner des localités de la région méridionale. D’abord, pour ceux qui empruntent la transgambienne, la continuité territoriale n’étant pas assurée, en plus des retards accusés à la traversée du bac de Farafenni, nombreux seront les usagers obligés à faire deux jours pour rallier des localités des départements de Ziguinchor, Bignona, Goudomp, etc.
En effet, avec cette mesure, exceptés quelques taxis brousses (7 places), tous les cars, bus et horaires de transports en commun ou presque ne pourront franchir l’étape du ferry gambien que tard dans l’après-midi. Et, le risque dans ce cas, c’est qu’à partir de certaines heures (18 à 21h ou 22h, c’est selon), ce sont les nombreux barrages et check-points de l’Armée sénégalaise, sur la route nationale n°4, qui bloqueront les usagers. Conséquence, dès le couché du soleil, ce sera une course contre la montre pour réussir à passer avant la baisse de la barrière au poste de commandement de Médina Wandifa, pour ne pas passer la nuit dans cette localité. Quid des check-points d’Oulampane et Mampalago sur le même axe, après avoir surmonté le premier obstacle ?
De l’autre côté, ceux qui choisissent toujours la trangambienne mais via Banjul, la capitale de la Gambie, risquent aussi d’être confrontés à des problèmes similaires. S’ils réussissent à traverser tardivement, avant l’arrêt de la rotation du ferry de la capitale gambienne, ils auront à faire face à la fermeture des barrières de la frontière et aux nombreux check-points sur la nationale 5 à Séléty et entre Diouloulou et Bignona, en passant par Kataba1, Kataba 2, Baïla, etc.
Les adeptes du contournement ne sont pas aussi les mieux lotis. Au contraire, Dakar-Tambacounda-Ziguinchor via Kolda n’est pas une promenade de santé pour ces transporteurs qui peuvent perdre parfois plus d’une dizaines d’heures en cours de route à cause des nombreux arrêts pour contrôles des agents de la circulation ou pour descendre des passagers qui ont souvent des bagages. Et là également, à certaines heures, il faudra surmonter les barrages de Tanaff (Police des frontières), de Goudomp et Gnaguiss (Armée), avec le risque de passer la nuit dans une de ces localités quant il fait nuit, pour atteindre Ziguinchor.
C’est dire qu’avant l’entrée en vigueur de la mesure, notamment pour les usagers en partance pour la région méridionale du Sénégal, les autorités sont interpellées sur l’effectivité de la «continuité territoriale». Quid de l’insécurité liée au conflit trentenaire en Casamance ? Autant de raisons qui poussent les transporteurs à choisir de voyager la nuit pour arriver à destination le lendemain en plein jour.
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12 Commentaires
Pastef Les Patriotes
En Mars, 2018 (18:53 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (18:56 PM)Le paradoxe est là justement! C'est le fait d'appuyer sur l'accélérateur, plus un non respect du code de la route, qui causent souvent ces accidents. Ne serait-il pas mieux, Monsieur le Ministre, de construire si possible des voies séparées à sens unique?
Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (07:15 AM)Participer à la Discussion