CONSÉQUENCE DE L'ANNONCE DE LA REPRISE DES BASES FRANCAISES PAR LE CHEF DE L'ETAT : Le personnel sénégalais devient indésirable dans les banques

Les travailleurs sénégalais des Forces françaises du Cap-Vert sont aujourd'hui indésirables au niveau des banques de la place. Ce qui est la conséquence directe de l'annonce par le chef de l'Etat, le 3 avril dernier, de la reprise des bases militaires françaises.

Se voir refuser différents services par leurs banques, notamment les prêts. C'est la situation que vivent désormais les 3000 travailleurs sénégalais civils des différentes bases des Forces françaises du Cap-Vert. Une situation qui est la résultante de l'annonce par le chef de l'Etat, le 3 avril dernier, de la reprise par le Sénégal des bases militaires françaises. Une donne nouvelle que les travailleurs, qui entrevoient l'avenir avec de plus en plus d'incertitudes, vivent très difficilement. Même s'ils disent la comprendre, cette posture nouvelle des banques n'est pas sans leur poser de réelles difficultés.

«Je comprends bien que les banques fassent preuve de prudence, parce qu'elles ne savent pas de quoi notre avenir sera fait. Mais, le fait qu'elles nous refusent maintenant les prêts bloque beaucoup de nos projets. Moi qui vous parle, j'ai des projets très importants que je crains de ne jamais pouvoir finir», se désole Mme Diatta, officiant au niveau de l'Arsenal de la marine.

Le même sentiment habite Mme Fatou Ba, présidente nationale des femmes du personnel sénégalais des Forces françaises du Cap-Vert. «Nos très bons salaires qui tombent à partir du 23, leur régularité et les garanties que nous présentons ont toujours fait de nous de véritables privilégiés au niveau des banques. Elles nous courtisaient, nous acceptaient tout. C'est pourquoi le fait de voir aujourd'hui qu'on nous refuse tout, du jour au lendemain, nous fait de la peine», se désole Mme Ba, en service à la base de Ouakam.

Le président du comité des jeunes des Forces françaises du Cap-Vert, Badara Ndiaye, ne dira pas moins. Selon lui, la situation est plus douloureuse pour eux, parce que le personnel est essentiellement jeune et la plupart étant dans des projets d'achat de terrains, de maisons, de voitures etc.

Ce refus des banques peut même mettre en péril la coopérative d'habitat qui a permis aux travailleurs sénégalais de disposer d'une cité à Mbao, souligne Ndiouga Wade, Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs civils des armées, des services de sécurité publics et assimilés au niveau des bases françaises.