L’Etat du Sénégal a commandité une mission sur l’épave du bateau Le Joola, histoire de voir les possibilités de récupérer des objets personnels. Cependant, Haïdar El Ali qui dirige cette mission émet des doutes sur la faisabilité du renflouement. Il en profite pour appeler le gouvernement à respecter ses engagements vis-à-vis des orphelins des victimes qui, selon lui, n’ont pas toujours été pris en charge.
«Le renflouement du bateau Le Joola semble être une solution pour les familles des victimes, mais il faut voir d’abord si techniquement et moralement c’est faisable», annonce Haïdar El Ali, plongeur sous-marin, en mission d’étude sur l’épave du bateau. Selon Haidar, joint par nos soins, dimanche, depuis Kolda où il observait une pause après avoir quitté Kafountine, la préoccupation des familles des victimes, c’est de pouvoir retrouver leurs parents pour faire le deuil, mais il faut voir d’abord si c’est faisable. «Pour cela, il faut faire participer des psychologues qui ont suivi cette affaire depuis le début pour voir dans quelle mesure les familles vont le supporter», affirme Haïdar El Ali. Seulement, quatre ans après sa submersion, les familles des victimes demandent toujours le renflouement du bateau.
Sur la possibilité de retrouver des objets personnels, Haidar confie : «Quatre ans après, cela reste possible, mais pour combien de temps ? Dans la mer, les choses se dégradent ou disparaissent très vite. Les objets personnels et les ossements subissent les agressions de la mer. Le bateau aussi subit ces agressions, il se déchire, se disloque et s’enterre.» Selon le directeur de l’Océanium, les choses qui devraient être faites pour soulager les familles des victimes n’ont pas été réellement faites. Pour lui, l’Etat n’a pas respecté tous ses engagements vis-à-vis des familles des victimes. «Les différents ministères ne sont pas allés au bout de leurs peines dans cette tragédie. Certes, il y a des familles indemnisées, mais les orphelins ne sont pas pris en charge. D’ailleurs faute de moyens, certains ont arrêtés la scolarisation», déplore-t-il.
Haïdar qui se dit prêt à apporter techniquement son aide aux familles des victimes, appelle le gouvernement à concrétiser ses projets envers ces familles. Toutefois, le plongeur sous-marin reconnaît que pour renflouer le bateau, ce sera difficile sans l’aide des partenaires internationaux. «Cela ne doit pas être seulement l’affaire du Sénégal. La plupart des grands bateaux qui ont fait naufrage ont été renfloués grâce à une aide internationale», fait-il savoir.
Haïdar a été sollicité par le chef de l’Etat pour effectuer une mission de plongée dans le but de retrouver et d’extraire des objets personnels du bateau Le Joola. «Je sors d’une mission d’étude qui a duré quinze jours. Avec une équipe de plongeurs, nous avons fait des prises de vues, nous avons relevé des mesures et j’espère que cela pourra éclairer le décideur», avance l’écologiste. Cette mission constitue la première phase et la seconde est prévue à partir du 15 octobre 2006. «Nous avons besoin de 75 jours pour faire l’ensemble des études et présenter un rapport final», note le plongeur. Sur la nature des objets trouvés, l’expert n’a voulu rien dire. «J’ai un commanditaire, je lui laisse la primeur de l’information.»
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