DETTES DES HÔPITAUX : La gouvernance financière indexée

Les dettes des hôpitaux sénégalais qui avoisinent les 15 milliards de francs Cfa sont liées à la gouvernance financière et administrative. Une thèse réfutée par les directeurs des hôpitaux qui indexent les nombreux cas sociaux comme responsables de l’endettement.

La dette des hôpitaux sénégalais s’élève à 15 milliards de francs Cfa, selon les estimations des autorités du ministère de la Santé, de la Prévention et de l’Hygiène publique. Ces dettes sont liées en partie à un problème de bonne gouvernance financière et administrative. En dehors de la mauvaise gouvernance financière, les hôpitaux sénégalais s’endettent auprès de fournisseurs de denrées de premières nécessités, de carburant pour les ambulances et de nourriture pour les malades, entre autres. Tout cela coûte plusieurs milliards de francs Cfa aux hôpitaux qui, à cause de maigres recettes, croulent sous le poids de la dette. Conscient de cela, l’Etat du Sénégal avait décidé de mettre la main à la pâte. Mais auparavant, un audit avait été lancé pour apprécier correctement ces dettes. Le ministre de la Santé de l’époque, Dr Safiétou Thiam, avait déclaré à l’occasion du vote du budget dudit ministère « qu’il faut auditer toutes les structures sanitaires du pays, parce que nous ne pouvons pas payer sans savoir comment ces dettes ont été contractées ». Mais à l’issue de cet audit, rien n’a bougé, puisque les résultats ont révélé que les dettes des hôpitaux seraient liées à un problème de gouvernance financière et administrative.

Les directeurs des hôpitaux élaborent le budget en fonction des besoins de leurs structures, de manière transparente, en concertation avec les conseils d’administration et la commission médicale des établissements de santé. Mais au moment de l’exécution, les conseils d’administrations ne jouent pas leur rôle de contrôle, avait déploré l’ex-ministre de la Santé. Pis, les conseils d’administrations ne se réunissent pas tous les trimestres comme prévu pour examiner l’exécution du budget.

Le rôle des conseils d’administration

Ils ne participent pas aussi à la signature des documents concernant les activités financières des hôpitaux. Alors que si un document n’est pas signé, il peut faire l’objet de plusieurs changements. La preuve, les prévisions budgétaires changent régulièrement au bénéfice des directeurs des hôpitaux et de leurs fournisseurs. Il a été demandé aux directeurs des hôpitaux et à leurs collaborateurs de respecter les priorités fixées dans le budget et de ne pas ajouter d’autres activités financières.

Or, selon certains directeurs, les dettes des hôpitaux ne sont pas liées à un problème de gouvernance financière. D’après, le directeur de l’hôpital, Ibrahima Niasse de Kaolack, le colonel Massamba Diop, la dette est due aux nombreux cas sociaux auxquels font face les hôpitaux sénégalais.

« Les hôpitaux sénégalais reçoivent beaucoup de cas sociaux alors que la subvention allouée par l’Etat ne peut pas compenser les dépenses engagées. En conséquence, nous sommes obligés de nous endetter pour assurer la prise en charge de nos malades en tant qu’établissement public de santé ». Pour éviter que les hôpitaux s’endettent chaque année, les directeurs souhaitent que l’Etat augmente la subvention. En attendant, l’Etat qui s’est engagé à éponger la dette des hôpitaux peine à le faire et les hôpitaux continuent de souffrir.