Disparition de DIAMACOUNE : A l’heure où fleurira la Casamance, Papa Koulimpi ne sera plus là

Njomi ni keuliyé ban y raanut’

(je suis ivre sans consommer du vin en Diola). Cette phrase qui n’a jamais quitté sa bouche du temps où il vivait à Ziguinchor, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor nous l’a répétée quand nous lui avions rendu visite à l’hôpital militaire du Val de Grâce à Paris. C’était d’ailleurs la seule phrase cohérente que le vieux prêtre indépendantiste avait prononcée en notre présence. Sinon, Diamacoune nous a servi son sempiternel discours, cette fois-ci, avec beaucoup d’incohérences.

Ce qui en disait d’ailleurs long sur son état de santé. Car, même si des améliorations ont été notées par rapport au début de la maladie, l’abbé Augustin Diamacoune allait mal. L’homme que nous avons trouvé dans une chambre anonyme de l’hôpital militaire du Val de Grâce offrait l’image d’une personne plus que fatiguée qui n’attendait que son heure. Pratiquement paralysé, il tentait, en vain, de se lever pour nous parler. L’infirmière qu’on a trouvée sur place n’a cessé de nous rassurer. Mais, c’est plus tard que nous avons eu vent de ce que certains de ses proches savaient déjà, mais cachaient : Diamacoune était condamné.

L’homme, depuis Ziguinchor luttait sans beaucoup d’espoirs contre cette mort qui l’a finalement arraché, dans la nuit du samedi au dimanche, à l’affection des siens. Papa Koulimpi (c'était son surnom) a rendu l’âme, loin de cette région pour l’indépendance de laquelle il se bat depuis 1982.

Du coup, c’est la consternation dans les rangs du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). D’ailleurs, des rencontres se sont tenues hier à Paris et à Ziguinchor pour dégager des perspectives. Du côté de l’église, la prière est de mise. Ici, on invite même à la sérénité et au calme, et de ne pas s’emporter. ‘Il faut s’abandonner aux mains de celui qui est maître de la vie’, a conseillé abbé Camille Joseph Gomis. S'il le prend, commente l’ex-directeur des œuvres catholiques de Ziguinchor et ex-voisin du vieux prêtre, ‘c’est parce que c’est son heure.

Maintenant, il faut prier pour lui, mais aussi, pour que son départ auprès de Dieu soit pour nous source de paix et de cohésion’. C’est d’ailleurs le souhait de la plupart des ziguinchorois qui prient pour que la paix revienne, définitivement, en Casamance. Cette paix, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor n’a cessé de la prôner. Même dans son lit d’hôpital, il demandait à ses hôtes de continuer à prier pour la paix. ‘Que Dieu récompense ceux qui œuvrent pour la paix en Casamance’.

Cette prière fut d’ailleurs la dernière qu’il a formulée pour nous au moment de prendre congé de lui. La paix sera un jour là, mais ce sera sans le chef historique de la rébellion casamançaise, qui vient de faire ses adieux au Sénégal. Et quand, comme son palmier, la Casamance fleurira, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor ne sera plus là pour apprécier la réalisation de son rêve de toujours.