Les élèves ingénieurs de l’école polytechnique de Thiès, ont décrété une grève illimitée, pour attirer l’attention du président de la république et celle de l’opinion publique sur la grave crise qui secoue leur établissement. A en croire Ahmed Sène Seye le président du collectif des étudiants, la crise a pour origine la marchandisation des savoirs à travers une formation payante, qui risque de relativiser le statut d’excellence conféré à l’école même au niveau international.
Pour les élèves ingénieurs la formation initiale requise pour la formation type d’ingénieurs, ne peut pas coexister avec la formation payante qu’un décret présidentiel a d’ailleurs formellement interdit. Aujourd’hui déplorent-ils, le décret présidentiel est violé, et la qualité de l’enseignement dispensé en souffre. Critiqués pour leur forte implication dans la crise, les élèves ingénieurs exigent la démission du directeur des études M. Abdou O. Watt et du chef du département de génie civil, M. Séni Tamba. Ces deux là sont accusés d’être pour raisons mercantilistes, les parrains de la formation décriée. Abdou Kane Fall, élève ingénieur revenant sur les torts que leur porte la formation payante énumère parmi les griefs, l’indisponibilité des enseignants qui n’ont plus le temps de se consacrer correctement à la formation initiale, partagés qu’ils sont entre deux formations à dispenser. L’autre grief est le télescopage dans les laboratoires et les salles informatiques et le bradage des cours. Le mauvais ménage s’explique par ailleurs la sensation d’étouffement qui étreint les élèves qui voient leur espace scolaire accueillir le double de ce qui est convenu; c'est-à-dire plus de 600, au lieu des 350 étudiants prévus. Notre révolte est compréhensible disent les élèves, car nous voulons que l’école, conformément à la volonté du président de la République, garde son rayonnement international et son statut d’excellence. Toute fois précisent-ils, nous ne sommes pas contre les formations payantes en cours du soir, destinée aux professionnels qui veulent s’enrichir, mais contre la formation payante, en cours du jour avec tout ce qu’elle peut charrier comme désordre, surtout au niveau académique, où déjà on déplore une pléthore de nouveau bacheliers littéraires c'est-à-dire sans la vocation de l’esprit de géométrie. Las d’avoir épuisé les voies de conciliation et face à des professeurs sourds à toute forme de négociation, les élèves ingénieurs lancent un appel au chef de l’état pour qu’il tranche le débat, et restitue la priorité qui est l’ordre. Cela commencera par l’institution d’un conseil d’établissement ,organe sans lequel, toute forme de régulation administrative reste aléatoire.
Article paru dans La Voix Plus
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