FEMMES ET HAUTS TALONS: Une manière de « se hisser » socialement

Talons aiguilles, bottiers ou compensés ? Les fashionistas seront résolument haut perchées. En version verticalement correcte. Forcément mince. Anorexiquement droite comme un «I» pointé. Une tige. Les talons en «jettent». Ils permettent à une fille en treillis, taille basse et tee-shirt moulant de jouer les contrastes. De se montrer à la fois «casual» et sophistiquée, accessible et imprenable. Le talon est aux pieds ce que le lipo est aux lèvres. Il arrive même qu’il le remplace aujourd’hui. On la joue altière mais pas coquette. Huit, dix, douze centimètres. Et même seize. Rien n’arrête cette fascinante escalade. Pas même ces perchoirs qui font tourner la tête des victimes de la mode et enrichissent les ostéopathes. Mais le piège est là. Les tombeuses en viennent à tomber toutes seules. Et bonjour les douleurs de reins, de dos et de pieds.

Le «must» de l’habillement féminin
L’escarpin à talon aiguille excite le fétichiste en raison de sa valeur esthétique, sexuelle, mais aussi parce qu’il suppose l’objet «inconfortable à porter», affirme Freud. Ce n'est pas d'hier que les femmes chaussent des talons hauts. En effet, cette mode a vu le jour à Venise au XVIe siècle. De tout temps, les pieds et par le fait même, les souliers ont été liés à l'érotisme. Casanova, ce grand séducteur par excellence du XVIIIe siècle, avait même souligné que les pieds, tout comme les yeux, étaient des organes déterminants de la beauté.

Expression de la féminité et stabilité
Juchée sur des talons hauts, la femme allonge sa silhouette, la rendant, selon les critères actuels de la mode et de la beauté, plus séduisante et plus élégante. Une femme en talons hauts adopte également une démarche bien différente que si elle chausse des souliers plats. Ses hanches se balancent de façon plus prononcée, augmentant ainsi, dit-on, son attirance sexuelle. Quant aux adolescentes qui commencent à porter des souliers à talons hauts de plus en plus jeunes, si l'on se fie aux experts, cette tendance ne semble pas être inquiétante. Les jeunes filles aussi succombent, jouant aux lolitas provocantes. Car les talons sont à la silhouette des années 2000 ce qu’étaient les épaulettes aux années 80 : des prothèses d’attitude. Les couturiers le savent bien, eux, qui font «passer» des filles sur le podium, chaussées de talons si hauts qu’elles tombent. Les témoins l’oublient. Sur la vidéo du défilé, on prend soin de couper le passage. Même si les femmes d'une certaine corpulence ne seront pas nécessairement à l'aise dans des chaussures à talons très fins.

Classique intemporel de la chaussure
Mais au final, porter des chaussures à talons, c'est avant tout une question d'habitude et de confort. La plupart du temps, les femmes préfèrent marcher sur un talon assez large, haut de 3 ou 4 centimètres, qui permet un meilleur équilibre que les talons fins. Mais, il n'y a aucune contre-indication, si l'on est à l'aise, de porter des talons de 9 ou 10 centimètres Avant tout, la stabilité. Au moment de l'achat, il faut toujours chausser les 2 pieds car on a toujours un pied plus fort que l'autre et l’on n’est pas à l'abri de mauvaises surprises. Il faut également vérifier la cambrure du pied. Car, s’il l’est trop, on aura des difficultés à marcher avec aisance. Après, tout est une question de ressenti : il faut se sentir bien. Pour être très tendance, il faudra opter ou pour le talon très plat, ou pour le talon très haut. Aujourd'hui, on veut un pied court et haut perché pour accompagner les pantalons slims. En soirée, les talons fins ou aiguilles sont toujours d'actualité : ils ne s'inscrivent pas dans la mode. Le talon aiguille est un classique intemporel de la chaussure.

«Les talons, c’est comme une armure»
«J’adore les talons. J’en ai tellement porté qu’aujourd’hui mettre des souliers plats me fait presque souffrir !», lance Thioro. Et de se confesser : «En fait, ils me donnent confiance en moi». Un corps d’ex-parfaite, des yeux noirs sous un casque de cheveux défrisés, cette quadra rencontrée à Touba Sandaga reste fidèle à ces outils de séduction, qui font oublier les quelques centimètres pris autour de la taille… «Je dois en avoir près de cinquante paires !», affirme celle qui ne quitte ses talons que pour dormir et ne jure que par les talons. Cette dernière soutient : «Je ne suis jamais sans mes talons aiguilles, même dans mes rêves. Un talon sauve une tenue. Il vous prolonge». En matière de pied, la futilité flirte avec le fétichisme. Cet adage, Codou en a fait tien «Quand je veux plaire, il me faut au moins des talons de sept centimètres, sinon je perds tous mes moyens, je me sens moins sûre de moi», assure Codou, 27 ans, qui rêve de se «libérer» de cette dépendance. «Sans talons, je suis différente. Je peux être plus gaie, plus libre, mais mes vilains défauts de caractère ressortent comme des taches de naissance. C’est un peu comme si je n’étais pas maquillée. Je n’ai plus de défense. Je m’expose davantage». Sali le reconnaît : «Les talons, c’est comme une armure. Il ne s’agit pas simplement de hauteur mais d’allure.

Une manière de «se hisser» socialement
Pour nombre d’urbaines en quête de reconnaissance, le talon n’est pas seulement une manière de se «hisser» socialement, il en est l’attestation : «Moi, je ne circule pas à pied ou en bus, ma voiture m’attend, où que je sois… » On pense alors à cette chasseuse de têtes qui, chez elle, ne porte jamais de chaussons, mais toujours et encore des mules à talon. Codou, confie : «J’ai toujours été la Barbie de la famille. Ma grande sœur avait l’air d’un garçon manqué et la plus petite ressemblait à un chat sauvage. Moi, je reste «accro» à ces talons qui sont comme mes confidents et mes complices».

Se remonter le moral
Il faut être psychologiquement en forme pour porter des talons qui exigent une mise en scène de soi. «Je mets des talons parce que je veux impressionner quelqu’un ou que je veux m’impressionner moi-même», explique Germaine, 29 ans, qui voit dans les souliers haut perchés des antidotes à la mauvaise humeur : «Je m’imagine qu’en me rajoutant des centimètres, des talons vont me remonter le moral… ».

«Je suis perchée, donc je toise»
Le «plat», qui avait été pour toute une génération de filles un signe de libération dans les années 70 (en réaction à leur mère coincée dans ses escarpins à talons aiguilles), a perdu sa force «militante». Le haut talon est aussi une arme pour affronter un monde d’hommes. Qu’elle soit petite ou grande, c’est surélevée que la femme de ce début de siècle affronte un monde d’hommes. La femme en talons impose une certaine distance qui les trouble. Pour certaines inconditionnelles, le talon est une sorte de complice quotidien. Elles l’utilisent non pas pour se grandir (elles le sont souvent déjà) mais comme pour parfaire leur rôle de maîtresse femme, et l’afficher socialement. Pour elles qui semblent impassibles à toute forme de coquetterie, le talon est un signe de distinction.

Le talon haut descend de son piédestal
Mais, si le port de ce type de chaussure comporte certains avantages il ne fait aucun doute dans l'esprit des spécialistes médicaux que les talons hauts sont nocifs pour la santé. Le port des talons hauts peut véritablement entraîner de nombreux problèmes de santé. Le dos, les genoux et les pieds sont les principales victimes de cette mode. En talons hauts, la partie supérieure du corps de la femme est projetée vers l'avant, ce qui a pour effet de modifier l'axe corporel. Pour compenser ce déséquilibre, les muscles du dos se rétractent et augmentent la lordose lombaire. Cet accroissement peut provoquer ou révéler des problèmes de dos préexistants.

Attention, tensions articulaires au genou
Récemment, une équipe de médecins américains a également démontré que le port des talons hauts occasionne une nette augmentation des tensions articulaires au niveau du genou, favorisant ainsi le développement de la gonarthrose, une usure prématurée du cartilage des genoux. Talons fins ou compensés ? Peu importe, c'est la hauteur qui est préjudiciable ! Dernière victime, mais non la moindre, le pied. Une bonne partie des maux de pied (durillon, cor, œil-de-perdrix) tirent leur origine de chaussures mal ajustées ou inappropriées à la marche comme les talons hauts ou les souliers à pointes très fines. Bien vrai qu'il est conseillé de ne porter des talons ni trop hauts, ni trop plats, mais toujours intermédiaires. Mais, pour être bien dans ses souliers, il faut donc veiller à alterner les talons plats et les talons hauts de manière à préserver ses articulations et son dos. Dépendantes ou pas, Mmes, consolons nous et retenons que c'est uniquement le port régulier et prolongé de hauts talons qui risque de provoquer des problèmes de santé. Mieux vaut donc toujours avoir des souliers plats de rechange.