L’école sénégalaise va-t-elle subir cette année l’affront de voir les examens nationaux du Bac et du Bfem boycottés par les personnels enseignants ? En tout cas, une telle éventualité n’est pas à exclure, selon les syndicats de l’enseignement moyen secondaire dont le cadre unitaire (Cusems) déroule à partir d’aujourd’hui une grève générale de 72h sur l’étendue du territoire national. Aux sources du mouvement d’humeur des professeurs : la faiblesse du régime indemnitaire, la modicité des traitements salariaux, l’absence d’un plan cohérent de carrière…
Voilà ; c’est encore reparti pour le cycle incessant de grèves et de perturbations des enseignements dans l’école sénégalaise. Cette fois-ci, ce sont les professeurs du Moyen secondaire qui ont décidé de « gripper » toute la machine des apprentissages scolaires. Cinq mois après le dépôt de son préavis de grève (09 décembre 2005), le Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen secondaire du Sénégal (Cusems) déroule à partir d’aujourd’hui son deuxième plan d’action de grève générale. Ce mouvement d’humeur des personnels enseignants du Moyen secondaire respectivement affiliés au Saemms et au Snems, démarre par une journée de débrayage dès aujourd’hui (à 10h) avant de se muer en une cessation complète des apprentissages demain et après-demain dans tous les établissements publics. Il fait d’ailleurs suite à un premier plan d’action exécuté dans la seconde quinzaine du mois d’avril, avec au centre des dispositions protestataires la rétention systématique des notes relatives aux évaluations pédagogiques. Pour Mamadou Mbodji, le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Sénégal (Snems), les raisons du mouvement revendicatif des professeurs sont à rechercher dans « les injustices graves, la discrimination et le sort inqualifiable dont les enseignants du Moyen secondaire sont victimes relativement à leur régime indemnitaire, leurs traitements salariaux et leur plan de carrière ».
Le refus de la discrimination
Se considérant de fait marginalisés par rapport aux autres corps professionnels quand bien même les niveaux d’études soient équivalents, les professeurs fustigent la précarisation progressive de leurs conditions de vie et de travail. Toutes choses que symbolisent de façon manifeste l’exiguïté de leur régime indemnitaire et la faiblesse de leurs rémunérations comparées à celles des agents du public ou du privé recrutés avec les mêmes diplômes. Pour les responsables du Cusems, ce manque d’équité des pouvoirs publics qui ont revu à la hausse les salaires des enseignants du Supérieur (+300000Fcfa), des magistrats (+800 000Fcfa), voire même des sortants de l’Enam et autres agents de santé, en snobant royalement les professeurs du Moyen secondaire, constitue un frein majeur à l’atteinte de l’objectif d’une éducation de qualité. Lequel demeure, selon les compagnons de Mamadou Mbodji, indissociable de la revalorisation sociale et pédagogique de la fonction enseignante, notamment en traitements salariaux, en accès au logement, en plan performant de formation des ressources humaines…Or, la difficulté des professeurs d’accéder à la propriété bâtie, la modicité des revenus, l’exiguïté de l’indemnité au Bac et au Bfem (3500Fcfa au Sénégal, 17000Fcfa au Niger), l’absence de corps et de formation initiale pour les chefs d’établissement entre autres contraintes, fragilisent de manière discontinue le personnel enseignant du Moyen secondaire et précarisent le label de qualité sous-tendu par le Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef).
Menace de boycott des examens
C’est ainsi que soucieux d’arrêter « la paupérisation exponentielle des professeurs, d’obtenir des gains substantiels pour ledit corps d’enseignement, voire de relever la qualité des apprentissages dans l’école sénégalaise », le Cusems décline à partir de ce jour un plan d’action de grève de 72 h. Au centre de la plate-forme revendicative des professeurs axée sur 05 points, on trouve l’alignement des indemnités de logement sur celles des agents de l’Etat ayant les mêmes diplômes et qualifications, l’élaboration d’un plan de carrière cohérent favorable à la promotion des professeurs, l’octroi d’une indemnité de recherche, la révision des indemnités du Bac et du Bfem… Pendant trois jours de fait, les enseignants du Moyen secondaire entendent cesser les enseignements pour forcer les pouvoirs publics à entamer des négociations franches et ouvertes aux fins de satisfaire les attentes des professeurs. Lesquels projettent d’ailleurs de récidiver dès le 23 et 24 mai, voire même de boycotter les examens du Bac et du Bfem si jamais une issue heureuse ne conclut pas leur plate-forme revendicative.
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