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KALIDOU DIALLO, MINISTRE DE L’EDUCATION : « On entrera désormais dans l’enseignement avec le baccalauréat »

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KALIDOU DIALLO, MINISTRE DE L’EDUCATION : « On entrera désormais dans l’enseignement avec le baccalauréat »
Après l’annonce de la fin du projet des volontaires et du quota sécuritaire et la création d’une nouvelle direction de la Formation et de la Communication, lors de 9è revue du Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef), le ministre Kalidou Diallo, dans cet entretien, rappelle la raison qui sous-tend cette initiative. Il s’agit principalement de relever le niveau d’entrée dans l’enseignement afin d’améliorer la qualité, talon d’Achille du système éducatif sénégalais.

Lors de la 9è revue du Pdef, vous avez annoncé la fin du projet des volontaires et du quota sécuritaire et la création d’une nouvelle direction de la Formation et de la Communication. Qu’est-ce qui explique une telle initiative ?

Il faut d’abord rappeler que le projet des volontaires de l’Education est né dans un contexte particulier. Au départ, il avait comme vocation de recruter des volontaires de l’Education avec une bourse de 50.000 FCfa par mois, une formation de trois semaines sans droit syndical ni sécurité sociale encore moins un droit à la retraite. Comme vous le savez, tout cela a évolué. Depuis l’avènement de l’Alternance, non seulement les volontaires deviennent, 2 ans après, des maîtres contractuels mais aussi leur salaire a dépassé largement celui d’un instituteur débutant de la fin des années 1990. Il subit aussi une formation pour en sortir avec un diplôme pédagogique. Il a la sécurité sociale, la pension de retraite. Et s’il a le diplôme pédagogique, il est titularisé. Donc l’enjeu actuel, c’est plutôt leur formation et également la communication gouvernementale sur les questions d’éducation et de la visibilité au niveau de l’opinion publique sur ce que fait le gouvernement. C’est pourquoi, j’ai dit que la nouvelle direction chargée de la Formation et de la Communication va prendre en charge un certain nombre de prérogatives de l’ancien projet des volontaires et aller au-delà. Donc on peut dire que du point de vue qualitatif, nous avons fait une évolution.

En ce qui concerne le quota sécuritaire qui faisait qu’une partie des enseignants était recrutée à partir de tests très contestés du reste avec une seule discipline (le français), nous avons vu des dérapages avec le cas de Bignona où une élève qui a eu 16 et a été contestée. Je lui ai fait refaire le concours avec une dictée de niveau Cm1 et elle a fait 14 fautes. Cela vaut dire que ce n’était pas du tout transparent. Mais depuis l’année passée, nous avons introduit trois disciplines (français, mathématiques et une matière au choix entre l’histoire et la géographie, sciences naturelles ou langue avec bien sûr l’arabe). Cette année, il n’y a eu aucune contestation sur la transparence du concours. Donc, il y a eu une évolution très positive. Sur les 3.500 admis de cette année, les 3.000 sont passés par concours et les 500 par le quota sécuritaire. Il y avait 32.000 candidats et 28.500 échecs. Nous avons dit qu’on va choisir le quota sécuritaire non pas n’importe comment mais parmi les gens qui ont fait le concours et qui ont exprimé le désir de devenir enseignant. Mais choisir 500 personnes sur 28.500 candidats sans critère, cela posait des problèmes d’éthique. d’autant plus que les syndicats, les partenaires économiques et financiers et la Banque mondiale contestaient ce mode de recrutement. Ils estimaient qu’il y avait un parti-pris.

Effectivement, ce mode de recrutement a toujours été décrié par les syndicats notamment. Est-ce à dire que vous avez cédé à la pression ?

Non. Il ne s’agit pas de céder à la pression parce que les syndicats n’en n’ont jamais fait un point radical. En plus, la plupart des syndicats sont quotataires comme du reste d’autres. Mais j’ai plutôt pensé que qualitativement, le système a connu une évolution et que du point de vue éthique, démocratique et de justice sociale, il fallait relever le niveau de qualification des enseignants. C’est pourquoi, parallèlement à la suppression du quota sécuritaire, nous avons décidé de relever ensemble le niveau de recrutement des enseignants au niveau du baccalauréat. C’est dire que s’il y a un bachelier et un breveté, on va préférer ceux qui ont le bac à la place de ceux qui ont le Bfem. Parce qu’en France et ailleurs, aujourd’hui le niveau minimum pour enseigner à l’élémentaire c’est la licence.

Donc on entre maintenant dans l’enseignement avec le bac ?

Oui. On entre dans l’enseignement avec le baccalauréat au minimum.

Le Sénégal a besoin environ de 5.00 enseignants par an pour atteindre l’Education pour tous en 2015. En mettant fin au volontariat, pensez-vous pouvoir recruter assez d’enseignants ?

Mettre fin au projet des volontaires ne signifie pas mettre fin au volontariat. Je ne peux pas remettre en cause le processus par lequel on entre dans l’enseignement. Mais la direction de la Formation peut bien prendre en charge cette question. C’est dire qu’on peut faire 2 années de volontariat, 2 années de maître contractuel et devenir enseignant dès qu’on a son diplôme. Pas dans un projet mais dans le cadre d’une direction. Ce sont des questions de statut qu’il faut discuter et négocier. Mais en tant que ministre, je ne peux pas prendre la décision de remettre en cause un tel processus. Il faut faire la distinction entre supprimer le projet des volontaires et mettre fin à ce processus de recrutement des volontaires.

Donc le volontariat continue ?

Le volontariat en tant qu’entrée dans l’enseignement va continuer. On peut même changer la dénomination mais il faut un concours pour y entrer, c’est-à-dire que le mode d’entrée va changer et la formation va s’améliorer. Il est évident que nous avons largement dépassé déjà la bourse de 50.000 FCFa par mois, parce que les volontaires, aujourd’hui, ont vu leurs salaires multipliés par 3 depuis 2000. Donc si l’objectif à l’époque était d’ordre financier, cela n’a plus de sens aujourd’hui. Le problème financier ne se pose plus.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que politiquement le pouvoir s’est bien servi du quota sécuritaire c’est pourquoi il veut y mettre fin ?

Non, il ne faut pas dire que le pouvoir s’est servi du quota sécuritaire. Depuis que je suis arrivé au ministère de l’Education, le recrutement du quota sécuritaire n’a jamais suivi les critères politiques. Ce sont les critères sociaux qui ont prévalu pour appuyer des familles où il n’y a pas d’emploi, mais aussi des fils d’enseignants, des fils de déshérités. Il n’y a pas donc de critère politique dans le quota sécuritaire. La réalité du terrain montre bien que le quota sécuritaire n’est pas un recrutement politique mais plutôt un recrutement social et qui était lié à des besoins selon les localités. Car si on faisait à l’époque un concours national, par exemple à Bignona ou à Matam où il y avait un déficit d’enseignants, traditionnellement on devrait prendre sur un lot de gens qui sont de Matam. Ou bien on prend au niveau national une sorte de réserve qui va boucher les trous. Aujourd’hui, lors du concours, certains quittent Dakar pour aller se présenter par exemple à Sédhiou, d’autres Saint-Louis pour Tambacounda. Il vaut mieux donc faire un concours national et accepter les gens en fonction des directions qu’ils demandent dans la mesure du possible, c’est-à-dire en fonction non seulement des Inspections départementales de l’éducation (Iden) mais aussi des capacités d’accueil des Ecoles de formation d’instituteurs (Efi) dans les régions.

Vous évoquez des critères sociaux. Est-ce que ces critères doivent guider l’entrée dans l’enseignement ?

J’ai répondu à la question. J’ai dit que ce qui doit guider l’entrée dans l’enseignement c’est d’abord la vocation, le vouloir et avoir le niveau, avoir le baccalauréat et réussir au concours. C’est pourquoi j’ai pris ces décisions.

Quelles seront réellement les prérogatives de la direction de la Formation et de la Communication ?

On est en train de stabiliser les prérogatives de cette nouvelle direction car n’oubliez pas que nous avons beaucoup de directions, de structures qui s’occupaient de formation. D’abord les directions de l’Enseignement, qu’elles soient élémentaire, moyen secondaire ou préscolaire. Elles avaient des divisions de formation. Que ce soit aussi la direction des Ressources humaines qui, jusque-là, s’occupait de la formation. Donc, il faut créer une véritable direction de la Formation. Chaque direction du ministère a également sa structure de communication. Il faut donc tout fédérer et faire en sorte que la nouvelle direction s’occupe exclusivement de la formation et de la communication.

Quel bilan tirez-vous de l’année en cours à quelques mois des examens. Pensez-vous que tout se déroulera normalement eu égard aux menaces de grève ?

Globalement, c’est une année stable comparée aux autres années parce qu’il n’y a pas eu une grève nationale d’envergure. Il y a eu juste quelques soubresauts très localisés dus souvent à des collectifs. Je pense que le Cuse (Cadre unitaire des syndicats d’enseignement), en ce qui le concerne, s’était engagé, dans le cadre du protocole, de faire en sorte qu’à long terme, il puisse créer les conditions d’une stabilité durable. Et le gouvernement s’était engagé, à son tour, à tout faire pour respecter les accords. De part et d’autre, il y a eu des efforts et je pense que c’est ce qui explique les résultats que nous avons. C’est également le cas avec le Cusems en tant que cadre à l’époque avec qui nous avons signé des accords que nous sommes en train de respecter. Mais il y a quelques difficultés çà et là que nous tenterons de régler. Mais de façon globale, je pense qu’il y a un dialogue permanent avec les syndicats. Il y a un nouvel état d’esprit qui est en train de se créer et je suis très optimiste que la culture syndicale de grève, de marche va progressivement s’effriter au profit d’un syndicalisme de proposition, de développement, d’un syndicalisme responsable et qui fait de l’élève et de l’école sa centralité.



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