Constituant l’une des 5 facultés de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), la Faculté des Lettres et Sciences humaines (Flsh) se caractérise par un effectif surabondant, créant une certaine promiscuité souvent à la base des multiples problèmes, mais également un taux d’échec élevé et déficit d’encadrement.
La Faculté des Lettres et Sciences humaines (Flsh) est la plus peuplée de l’Ucad. C’est même superfétatoire de le dire, tant cela saute aux yeux pour tout arrivant à l’université. A chaque année, la faculté, qui compte 13 départements, reçoit des milliers de nouveaux bacheliers. Pour cette année universitaire, elle a reçu officiellement plus de 9000 dossiers sur les 18.933 reçus par l’Ucad. Le doyen, le Pr. Saliou Ndiaye, regrette que tous les bacheliers non orientés dans l’institution et dans d’autres universités, essayent de trouver leur point de chute à la Flsh qui devient, de fait, « le réceptacle de la lie d’une promotion de bacheliers », imputant la responsabilité de cette massification à tous. « Les autorités qui font des pressions, les étudiants qui se solidarisent systématiquement avec ces bacheliers de second voire de troisième choix, l’administration et la communauté qui cèdent à ces pressions par civisme, par solidarité ou par complaisance ». Le Pr. Ndiaye propose que les organes statutaires édictent les conditions d’admission en 1ère année de Duel, en tenant compte des « capacités d’accueil, d’encadrement et de gestion administrative ». La massification est réelle, comme en témoignent les chiffrent de l’année dernière. En effet, en 2006-2007, la Flsh comptait 23.000 étudiants. Les conséquences sur les études et l’encadrement sont nettes.
Beaucoup de problèmes
L’un des premiers écueils auxquels fait face la faculté, c’est la faiblesse de sa capacité d’accueil et l’absence d’infrastructures adéquates. Conçue à l’origine (en 1965) pour accueillir 600 étudiants, elle a accueilli, l’année dernière, 23.000 étudiants « sans aucune nouvelle construction, avec 3 amphithéâtres et 20 salles de cours, soit un total de 7.230 places, 03 étudiants pour une place ». Le doyen Saliou Ndiaye de poursuivre que 23 ans après son inauguration, un seul amphithéâtre (l’amphi Mbaye Guèye) de 200 places a été ajouté. « Il reste d’ailleurs inutilisable, car il y a un problème d’écoute. Son traitement acoustique reste une priorité pour favoriser de bonnes conditions d’écoute », souligne M. Ndiaye. Certes, a ajouté le Pr. Saliou Ndiaye, pour cette année académique, la faculté pourra disposer des locaux pédagogiques de la Faseg (faculté de gestion), rappelant que de nouvelles infrastructures sont en construction. Il est à noter que les stratégies destinées à contourner l’obstacle de la surpopulation ont atteint « leurs limites ». Il en est de même de la « gestion rationnelle et automatisée des effectifs ». Ces stratégies sont, entre autres, la mutualisation des amphis de l’Ucad, la construction de nouveaux amphis, la programmation des enseignements en feux continus, la subdivision des enseignements magistraux en cohortes pour que les amphis puissent les contenir, l’organisation des enseignements les samedis après-midi, la programmation des examens le dimanche, le recours aux vacataires avec des volumes horaires qui excèdent largement ce que les textes réglementaires autorisent, la proposition des surcharges horaires à l’enseignant titulaire.
L’autre problème est sans nul doute le déficit d’encadrement, notamment pour les mémoires de Maîtrise, de Dea. Selon le doyen Saliou Ndiaye, le nombre d’étudiants ayant besoin d’un directeur de recherche s’établit comme suit : 1980 en Maîtrise, 283 au Dea, 478 au Doctorat de 3e Cycle et 51 en Thèse d’Etat, non sans rappeler que l’encadrement des travaux de recherche obéit à des conditions académiques strictes (Décret n°81-94 du 16 février 1981 abrogeant et remplaçant le titre 4 du décret 70-1142 du 13 octobre relatif à l’organisation des études à la Faculté des Lettres et Sciences humaines ».
Aussi pour encadrer un mémoire de Maîtrise, l’enseignant doit avoir un grade de Maître-assistant et pour le Dea et la Thèse, être de rang magistral (Maître de Conférence ou Professeur titulaire). « A cet effet, le déficit d’encadrement ne peut être comblé par un recrutement d’assistants seulement », note M. Ndiaye, indiquant que « 17 assistants ont été recrutés au titre de l’année universitaire 2006-2007 » et que le recteur est favorable à la création d’autres postes pour cette année.
Faible taux de réussite
La Flsh connaît aussi un important taux d’échec. « Le taux global de réussite est de 23,98 % », affirme le doyen. Il précise que cela cache des disparités. « Si l’on prend les extrêmes, le département de Sociologie a un taux de 83,67 % et 6,9 % en Allemand », appelant à une « réflexion sur les causes, notamment les conditions de travail des enseignants et d’études des étudiants (organisations des enseignements et évaluations) ». La massification a des conséquences sur les évaluations, « au nombre de 400 » et qui constituent de « véritables travaux d’Hercule », car engagent « des dépenses considérables et mobilisant des personnels sur une durée très importante (7h à 23h pendant 5 semaines, 2 fois par an) pour 120 enseignants, 40 personnels administratifs, techniques et de service (Pats). Or, la scolarité compte un nombre insuffisant de secrétaires « 5 titulaires pour 23.000 étudiants » et d’ordinateurs. Et dire que les secrétaires s’occupent des inscriptions, de la délivrance des cartes, du classement des dossiers, de l’établissement des listes d’examen, de la réception des copies et du désanonymat des relevés de notes, des attestations de réussite (frappe et délivrance), des fiches pédagogiques des admis.
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