MAME LESS CAMARA : ''L'image des femmes est dévalorisée dans les médias''

L'utilisation de mots ‘'péjoratifs féminisés'' et la ‘'ghettoïsation'' des femmes dans les rédactions participent à la dégradation de l'image des celles-ci dans les médias, ont soutenu, hier, les journalistes Mame Less Camara et Codou Bop.

Mame Less Camara et codou Diop introduisaient des communications sur ‘'Médias et société : les mots, les images, les chiffres pour dire les femmes'', à l'occasion d'un séminaire intitulé ‘'Les médias devraient-ils former des citoyennes ?'' organisé par le Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti) avec la Fondation Konrad Adenauer. ‘'La place et une bonne image de la femme ne sont pas prises en compte dans les médias'', a estimé Codou Bop, soulignant la ‘'faible représentativité et responsabilisation'' de la femme au sein des rédactions.

Selon elle, les femmes sont confinées dans les rubriques « société » et sont écartées des sujets politiques ou économiques qui deviennent l'apanage des hommes parce que ‘'plus valorisants ou prestigieux'' pour eux. Codou Bop s'insurge aussi contre le fait que ‘'les articles qui parlent des femmes sont mal valorisés parce qu'ils ne font pas vendre ou quand ils sont traités par les hommes journalistes, ces derniers les présentent comme des histoires de « bonnes femmes »''. Selon elle, les hommes, d'une manière générale, ont mis en place ‘'des choix qui défavorisent la femme et qui la réduisent à sa fonction sociale''. Une telle attitude retarde, a-t-elle poursuivi, la ‘'vision des femmes comme citoyennes à part entière et quand on parle de citoyen on ne parle plus de sexe''. Bien que reconnaissant, d'un côté, la responsabilité des femmes journalistes à se complaire dans le choix des hommes en se laissant faire, elle mesure d'un autre, toute la difficulté qu'elles ont à allier leurs activités professionnelles avec leur vie d'épouse et de mère de famille face à un rythme de travail et à des horaires contraignants. Codou Bop, une des premières diplômées du Cesti, en appelle à ‘'plus de responsabilité à la place des mots, des images et des chiffres'' pour parler des femmes dans les journaux. Selon elle, l'aspect genre mérite d'être intégré dans la formation des professionnels de l'information. Quant à Mame Less Camara, il a axé son intervention sur le rapport de force entre homme et femme, soulignant que ‘'le journaliste est celui qui se situe au bout de ce rapport et à travers son travail, il rapportait des faits avec des mots qui souvent ont été produits par les hommes''. ‘'Même s'il n'y a pas une volonté manifeste de parti pris des médias, ils ne sont pas en dehors de la société et constituent une sorte de prolongement des valeurs et traditions'', analyse Mame Less Camara. ‘'De ce fait, on retrouve toute la difficulté, la complexité, l'ambivalence et l'ambiguïté à remettre en question des valeurs qui émanent du Coran sur le rôle et la place de la femme dans la société'', a-t-il encore souligné. Il propose que les acquis en matière d'égalité et d'équité entre les hommes et les femmes soient pérennisés à travers des mécanismes forts capables de capter et d'analyser ce qui se passe.

‘'Le rôle véritable des médias, dans ce sens, est de monter l'image des femmes, leur participation et leur implication dans le processus de transformations sociales et d'être acteurs de cette transformation'', a affirme M. Camara.