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Me OUSMANE SEYE, AVOCAT : WADE EST VICTIME D’UN COMPLOT

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Me OUSMANE SEYE, AVOCAT : WADE EST VICTIME D’UN COMPLOT

Il fut l’avocat de l’Etat du Sénégal dans l’affaire des Chantiers de Thiès, conseiller de l’ombre du Président Wade, durant ces épisodes assez volcaniques de la vie nationale. Me Ousmane Sèye, dans ses nouveaux habits de politique engagé à Grand-Yoff, a bien accepté de se soumettre à nos questions. Pour, à la fois, analyser les positionnements politiques, avec le retour au Parti démocratique sénégalais (Pds) d’Idrissa Seck, contre qui il avait « plaidé ». Il évoque ces retrouvailles, l’œil rivé sur Macky Sall, l’autre fils chassé de la maison du père qui se refuse aujourd’hui à le rejoindre et la montée en puissance du pôle Benno. Me Sèye décortique aussi les relations entre la Presse et le Pouvoir. Il estime ainsi que le malentendu procède d’une absence dialogue. Un dialogue qui, s’il est instauré, pourrait permettre de lever les malentendus qui, selon lui, sont derrière les blocages dans le démarrage de la Télévision Futurs Médias (Rfm).    

Comment analysez-vous la démission de Moustapha Touré de la présidence de la Commission électorale nationale autonome ?

Je dois dire que la Cena m’interpelle à double titre. Je suis un ancien de l’Onel. J’y étais entre 1999 et 2002. Ce qui m’a permis de faire toutes sortes d’élections (la présidentielle de 2000, le référendum, les législatives, les locales et les sénatoriales en 2001). J’y ai acquis une certaine expérience et je fais donc partie de la famille des contrôleurs d’élections. C’est un travail qui demande beaucoup de courage, d’abnégation et de compétence. Ceux qui contrôlent les élections doivent être vigilants, d’une manière permanente. J’ai lu dans la presse que le président de la Cena avait rendu sa démission. Le principe, en ce qui concerne les institutions, c’est le respect de leur composition, de leur fonctionnement et de leur durée déterminée par la loi. Il y a même une certaine presse qui a parlé de la jurisprudence Mbaye Jacques Diop. Je le dis en passant, je fais même partie des gens qui avaient été heurtés par la suppression du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes), surtout de la manière dont cette institution a été dissoute.

Une institution qui était quand même budgétivore...

Non ! Il avait commencé à faire un excellent travail. Le Craes avait pris son envol. Il avait commencé à rayonner sur le plan international. Mais on a supprimé le Craes pour mettre en place la même chose avec le Conseil économique et social. Et je crois que le Craes faisait mieux. Il fallait procéder à la suppression de cette institution parce qu’on ne pouvait pas la dissoudre sans violer la Constitution. Je suis pour le respect de la durée des institutions telle que prévue par la loi. Je fais donc ce détour pour dire qu’en ce qui concerne le président de la Cena, on dit qu’il a démissionné. Mais la démission, il faut le dire, est un acte volontaire, qui est prévu par la loi. Et l’autorité ne peut que prendre acte.

Exactement, Moustapha Touré serait parti à cause de pressions exercées par le chef de l’Etat en personne.

Ça, c’est vous qui le dites. 

Le journal La Gazette a donné l’information qui n’a pas été démentie.

Moi, je n’ai pas la preuve qu’il a démissionné suite à des pressions du président de la République ou d’une quelconque autorité. Je considère que c’est un acte volontaire. Si vous êtes président de la Cena, personne ne peut vous faire partir. Si vous avez démissionné, c’est que vous avez accepté de le faire volontairement et on ne peut qu’en prendre acte.

Mais vous ne trouvez pas bizarre que le président d’une institution aussi importante que la Cena démissionne aux lendemains d’élections locales, dans un contexte où on parle de possibles élections anticipées…

Monsieur Kéba Mbaye avait démissionné dans un contexte plus grave, à la veille de proclamation des résultats électoraux. C’était même plus grave. Est-ce qu’on s’était posé les mêmes questions ? On n’avait pas dit qu’il était contraint à la démission. Au moment des proclamations des résultats, il y avait un blocage, il y avait la valse des dossiers entre la commission nationale de recensement des votes et le Conseil constitutionnel. Il avait rendu une décision, un arrêt, et il est parti. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je considère que la démission reste un acte volontaire. Je ne peux pas comprendre qu’une personnalité puisse occuper de hautes responsabilités à ce niveau soit contrainte à démissionner. Personne ne peut le faire. Il a ses raisons propres. Il a démissionné. Je ne peux pas croire à des pressions qui auraient raison de lui. Sinon, il avait d’autres moyens pour faire comprendre aux gens qu’il subissait des pressions. Il pouvait s’adresser à l’opinion etc… Il ne l’a pas fait. Je ne vais donc pas chercher loin…

Vous n’entrevoyez pas des conséquences, relativement à la crédibilité du processus électoral ?

La seule conséquence, c’est son remplacement par une autre personne.

Vous avez peut-être une idée sur le bon profil pour le remplacer?

Les partis politiques ont l’habitude de contester toutes les personnalités nommées à la tête des organes de contrôle. Depuis la création de l’Onel, il y avait le général Niang, puis son remplaçant le général Carvalho qui a démissionné. Carvalho avait fait l’objet de contestation, puisqu’on lui reprochait d’être un parent de Diouf. Il faudra s’attendre à d’autres contestations quand on nommera son successeur. De toutes les façons, la loi définit les critères pour être membres de la Cena. Si on les respecte, il n’y aura pas de problèmes. Le Sénégal regroupe de compétences capables de mener à bien cette mission.

Le problème, c’est le contexte. Est-ce que vous n’avez pas peur que tout cela s’emballe, que le processus ne soit plus contrôlable ? On sort des locales remportées par l’opposition dans certaines grandes localités. Aujourd’hui, on parle de présidentielle anticipée. L’hypothèse d’une chute du régime est même devenue crédible, selon plusieurs observateurs…

Une chute ? Comment ça ?

Que vous soyez battus à la prochaine présidentielle. Un responsable de la majorité présidentielle Serigne Mbacké Ndiaye a même dit que beaucoup d’entre vous iraient en prison, si vous perdez les élections. Cela traduit un état d’esprit, non ?  

J’ai entendu certaines déclarations qui ne peuvent être inspirées que par la peur. «Si on perd, il y en aura qui seront en prison», ça n’engage que ceux qui le disent. De toutes les façons, moi, je n’ai jamais volé. Je n’ai donc pas peur. Je crois que le Sg du Pds a la tête sur les épaules. Et il n’a pas peur. Maintenant, la manière dont les élections locales ont été perdues par la Coalition Sopi pose problème. Avant de faire quoi que ce soit, il fallait analyser ces résultats.

Ce qui n’a pas été fait ?

Si on l’a fait, cela l’a été de manière superficielle. J’ai l’impression qu’au-delà d’une certaine désaffection des populations par rapport au régime en place, il y a des problèmes qui sont liés au comportement arrogant de certains à l’endroit des militants, à la rupture de certains responsables avec leur base, à l’accaparement des richesses de certains responsables au détriment des militants. Car, on ne peut pas comprendre qu’il y ait des responsables de l’État ou du parti qui sont immensément riches et qu’à côté, il y ait des gens qui vivent dans la misère et qui sont en plus sensés les défendre. C’est très grave. Il faut remédier à ce déséquilibre. Il faut analyser tout cela. Parallèlement à cette situation, il faut voir que le Pds est un parti un peu particulier. Ce n’est pas un parti ouvert, généreux comme le Secrétaire général. Il y a une différence fondamentale.

Vous voulez dire que l’entourage de Wade n’est pas ouvert aux compétences ?

Non, il n’est pas ouvert aux autres militants, aux débats et critiques, aux compétences etc… Dès fois, tu peux avoir l’impression que les gens préfèrent les « béni-oui-oui » aux compétences qui sont à la disposition du parti. Par rapport à tout cela, si on analyse le fond, il y a même un complot au Pds.

Vous semblez dire que Président est pris en otage.

C’est possible. Si on analyse la manière dont la coalition Sopi a perdu les locales, on peut supposer qu’il y avait des responsables qui n’avaient pas intérêt à ce qu’on gagne et qui ont œuvré pour la défaite du parti.

Ce ne sont pas des accusations légères, pouvez-vous nous citer quelques noms ?

Je ne cite aucun nom. C’est aux responsables du Pds de faire une analyse approfondie des résultats, au cas par cas. La politique a ses règles. Les gens pensent que faire la politique se limite à faire des meetings et des déclarations. Mais, il y a un travail de base à faire. La politique a des fondements scientifiques. Par exemple, au niveau de Grand-Yoff, j’ai une organisation de jeunes élèves et étudiants et je leur ai demandé de faire une enquête sociologique dans le quartier. On a établi un questionnaire. Il s’agit de voir qui composent les familles établies dans la localité, les sources de revenu, le pouvoir d’achat, le taux de chômage, les partis politiques dominants, voir pourquoi on adhère à tel parti au lieu d’un autre etc… Cela nous permet d’avoir une photographie sociale des populations de Grand-Yoff. Pour soigner une maladie, il faut faire un diagnostic. Vous ne pouvez pas prétendre venir en aide ou défendre les intérêts des populations sans connaître leur composition sociologique. Ce qui est valable à Grand-Yoff l’est partout ailleurs.

A vous entendre, on a l’impression qu’il  y a un déficit de matière grise au Pds.

Elle existe, mais elle n’a pas d’initiative. Elle n’est pas habituée à un débat politique scientifique, mais à un débat politicien. Les gens se bousculent aujourd’hui pour occuper des postes et détourner de l’argent et venir investir dans la politique. Ces derniers cherchent à rentabiliser leurs investissements et après, ils vont se couper des populations. Ils vont même les fuir. Ils ne pourront plus les défendre. Alors les populations vous diront qu’elles ne voient leurs responsables. C’est la politique de l’argent. Ensemble dans un parti, si les militants réfléchissent sur leurs problèmes, ils trouveront forcément des solutions. Il n’y a pas de problème sans solution. 

A qui incombe la faute ?

Mais à l’ensemble des responsables.

N’est-ce pas le Président qui est à l’origine de tout ça ?

Non !

Parce qu’il est à la tête, il est le chef de famille. Et l’atmosphère d’une vie familiale dépend beaucoup de l’attitude du chef de famille.

Le Président est un grand stratège, il donne des instructions précises au niveau du parti et de l’État. Mais est-ce que ses instructions sont appliquées à la lettre ?

C’est trop facile d’évacuer la responsabilité du Président… N’a-t-il pas des moyens de contrôle ?

Il faut qu’il mette des moyens de contrôle. Il a les moyens de contrôler si ses instructions sont effectivement appliquées. Il lui arrive de nommer et de responsabiliser des personnes. Qui ne prennent pas leurs responsabilités ou bien qui transforment les instructions à leur profit personnel. Par exemple, on prend un commissaire politique à qui on demande de procéder aux renouvellements de base dans une localité donnée. Ce dernier, au lieu de répondre aux exigences de la base, préfère investir ses amis qui n’ont pas un poids politique. Il ne se rend pas compte que telle personne est plus représentative qu’une autre. Les populations ne sont pas bêtes. Il faut une politique fondée sur la réalité et sur la vérité non pas sur le mensonge, la délation et la trahison. Même si c’est difficile.

Finalement, est-ce que vous n’avez pas l’impression que les populations ont aujourd’hui une maturité politique que les hommes politiques n’ont pas ?

Justement, ce que je veux faire comprendre aux responsables politiques et au Sg du Pds d’abord et à la coalition Sopi, ce ne sont pas les militants qui élisent, mais les citoyens. Le Pds sait pertinemment qu’il n’a jamais gagné des élections avec ses militants. C’est pourquoi d’ailleurs, le Président est toujours allé dans les élections avec une alliance. Que ce soit les partis de l’opposition ou de la mouvance présidentielle, ils ne peuvent pas compter sur leurs militants propres pour gagner des élections. Il faut convaincre les citoyens parce qu’ils sont les plus nombreux, plus déterminés à voter que les militants politiques. Et ces populations attendent du pouvoir la satisfaction de leurs besoins. Le parti n’est qu’une machine électorale qui doit se connecter aux citoyens pour les amener à voter pour lui. Il faut un vaste mouvement citoyen. C’est pourquoi, à mon niveau, j’ai un vaste mouvement dans mon secteur composé d’élèves, d’étudiants, de jeunes et de femmes. Et j’entends les fédérer pour en faire un mouvement citoyen qui dépasse même le Pds.

Est-ce que les retrouvailles de la famille libérale peuvent régler vos problèmes politiques?

Oui ! Il ne faut pas se casser la tête, pour gagner des élections, il faut de l’arithmétique, il faut additionner les voix.

Ce qui n’est pas toujours vrai…

Si ! Le Parti socialiste, à la veille de l’élection présidentielle de 2000, a laissé partir Djibo Kâ et Moustapha Niasse, qui ont créé leurs partis. Mais, à l’arrivée, le Ps a perdu les élections. Ces personnes-là étaient parties avec des militants. Aujourd’hui, c’est la même chose avec le Pds. Si on ne rassemble pas la famille libérale, pour aller à l’élection, on peut perdre les élections. Le Président a raison d’essayer de rassembler la famille et de créer ce qu’il appelle l’« Alliance Sopi pour demain ». Mais je me rends compte qu’il n y a que des rencontres au sommet des états-majors. Je crains donc qu’il y ait une rupture entre ces états-majors et la base. Or, c’est la base qui vote. Et les états-majors ne peuvent contraindre aucun citoyen à voter, si ce dernier n’est pas convaincu du programme, s’il n’est pas convaincu que la victoire de ce candidat ne règle pas ses problèmes. Il faut associer la base à ses rencontres, il faut avoir une vision politique claire sur l’avenir politique du Sénégal. Il faut une stratégie, un plan cohérent et déroulé avec froideur, si l’on veut des résultats.

Mais pensez-vous qu’il soit cohérent d’appeler Idrissa Seck à des retrouvailles après lui avoir craché dessus ? Cela ne crée-t-il pas un brouillage dans la tête des militants libéraux ?

Je ne peux pas trop m’avancer sur ce terrain. J’ai été l’avocat de l’Etat. J’ai donc joué un rôle dans le différend Idrissa Seck/État du Sénégal. En tant que citoyen, je considère qu’Idrissa Seck n’a jamais quitté le Pds. Car, il a toujours dit qu’il est du Pds. Sur le plan, c’est quelqu’un qui a été constant dans son discours.

Pourtant, il s’est présenté contre le Pds lors de la dernière élection présidentielle sous la bannière de Rewmi.

Il y a été contraint. En tout cas, la constance dans sa démarche et ses déclarations me font croire qu’il n’a jamais quitté le Pds. Ce qu’il a toujours revendiqué.

Vous avez été l’avocat de l’État contre Idrissa Seck, il y a eu beaucoup de bruits autour de milliards détournés, le protocole de Rebeuss etc… Aujourd’hui, Wade et Idrissa Seck se retrouvent, c’est un arrangement ou quoi ?

Je ne peux pas me prononcer. A la limite l’histoire m’a donné raison. C’est un différend politique. Je ne peux pas en dire plus.

Et tous ces deals dont on a fait état ?

Çà, c’est vous les journalistes qui le dites. Vous avez tout écrit.

Mais vous aviez fait des déclarations assez dures contre Idrissa Seck?

Bien sûr. Si vous faites la comparaison entre mes déclarations et ce qui se passe aujourd’hui, vous saurez que l’histoire m’a donné raison. J’en suis même fier.

Ah oui ?

Bien sûr, faîtes votre revue de presse.

Pensez-vous qu’Idrissa Seck puisse être déterminant dans la suite des événements politiques.

Pourquoi pas ? Dans une élection, toutes les voix comptent.

Mais il y a des problèmes entre lui et Karim.

Il y a un candidat qui s’est déclaré, c’est le Président. Tous les militants et responsables qui œuvrent pour la victoire de ce candidat, ne doivent pas avoir de différends. Aujourd’hui, comme le disait Mao, il y a la contradiction principale et les contradictions secondaires. La principale, c’est la victoire de Wade à la prochaine présidentielle. Si elle est réglée, il y a maintenant les secondaires : les positionnements au niveau de l’Etat, au niveau des postes qu’il faut occuper etc.

L’organisation d’élection anticipée arrange t-elle réellement le Pds dans ce contexte de crise généralisée ?

C’est la presse qui écrit des choses.

La presse a visiblement bon dos.

Non, je ne vous attaque pas du tout. Je suis l’avocat de la presse. J’ai d’excellents rapports avec elle. J’adore la presse. Je reste l’allié de la presse. Si je n’étais pas avocat, je serais devenu journaliste. C’est un métier qui me passionne. Mais je dois dire qu’il n’y a aujourd’hui aucune raison pour organiser d’une élection anticipée. A l’époque, j’étais la première personne à demander l’organisation d’élections anticipées des législatives parce qu’il fallait une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui l’organisation d’élections anticipées est dépassée. Il n’y a que deux ans qui nous séparent de 2012 et j’ai l’impression que ni le pouvoir, ni l’opposition ne sont prêts à affronter des élections.

Pourtant, il y a des actes qui sont en train d’être posés. Le Président est en pré-campagne, il reçoit tous les jours des responsables libéraux au Palais et semble bien pressé de finaliser ses projets… Il y a assez d’éléments qui crédibilisent cette hypothèse.

J’entends souvent des gens le dire. Mais la gestion d’un État est politique. Donc, c’est de manière permanente que le président de la république doit faire de la politique. 

Mais, il doit travailler.

C’est le travail. La gestion d’un État, c’est de la politique au quotidien. Il est élu pour ça. Il est élu par une coalition politique. Toutes les préoccupations se règlent par des voix politiques. La voie économique a un soubassement politique. Il faut bien cibler les priorités et il le fait. Il travaille pour donner corps à sa vision.

On insiste, le Président ne peut quand même pas passer son temps à recevoir des gens et à faire de la politique parce qu’il gère l’Etat.

Un président de la République est là pour concevoir. Il doit recevoir des personnes, recueillir leurs opinions, donner des directives et des instructions que le gouvernement applique. Il n’est pas là pour autre chose. S’il passe son temps à voyager, à discuter et à recevoir des personnalités et des compétences aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, c’est qu’il ne fait que son travail. L’opposition a été la première à organiser Benno Siggil Senegaal, à l’époque le Président n’avait pas créé l’«Alliance Sopi pour demain». Pourquoi l’opposition devrait-elle faire quotidiennement de la politique qu’on refuserait au pouvoir ? Dites-moi au nom de quoi l’opposition a le droit de faire de la politique et pas Me Wade ?

Sauf que l’âge du capitaine Wade pose problème.

La capacité d’un individu à gérer ou agir ne dépend pas fondamentalement de son âge. J’estime que le Président est beaucoup plus apte à gérer le pays que des gens qui ont trente ou quarante ans. Mais tous les gens qui gravitent autour de l’opposition sont vieux. Le président Amadou Makhtar Mbow est plus âgé que Me Wade. Il gère les Assises nationales et personne n’a trouvé à dire. L’opposition est donc mal venue pour parler de l’âge du Président. Ils ont fait appel à plus vieux que Wade pour gérer leurs Assises. Alors comment peuvent-ils faire confiance à Amadou Makhtar Mbow et ne pas faire confiance à Wade ? Il faut être sérieux. Pourquoi, ils n’ont pas remis en cause l’âge de Monsieur Mbow ? L’essentiel, c’est d’être compétent. Il y a des gens qui ont dix ans qui sont malades.

Comment voyez-vous les perspectives politiques à court terme ?

Comme dans toutes les grandes démocraties, on va se retrouver dans ce que l’on appelle une bipolarisation de la vie politique entre le Benno et le Sopi. C’est-à-dire entre le Ps et le Pds.

Vous résumez cela entre ces deux entités ?

Benno va se regrouper autour du Ps et la coalition Sopi ou Alliance Sopi pour demain autour du Pds. Ce qui démontre que le Sénégal est une grande nation démocratique sur le plan politique. C’est ce qui se passe aux Etats-Unis, en Angleterre qui va se passer au Sénégal. Le candidat qui va diriger le Sénégal sortira forcément de ces deux coalitions.

Pensez-vous que quelqu’un comme Macky Sall va se ranger derrière Ousmane Tanor Dieng ?

Il a plutôt intérêt à se ranger derrière la coalition Sopi.

Ou derrière Benno ?

Non ! Il n’a rien à voir avec Benno. Macky Sall est un pur produit du parti libéral. Sa famille naturelle, c’est le Pds. Je ne crois pas qu’il ait un différend fondamental avec le Pds…

L’autre question, ce sont les relations, jugées électriques, entre la presse et le pouvoir.

Je ne vois pas pourquoi d’ailleurs, il y a des relations heurtées. Je pense que, de part et d’autre, il y a une confusion des rôles. On dit souvent que le l’État et le parti au pouvoir ont des problèmes de communication. Cette communication, si elle est portée par des hommes crédibles et que le contenu est crédible, il ne peut pas y avoir de problème. Mais si un des deux fait défaut, ça donne de mauvais résultats… On ne peut pas dire que l’État et le parti au pouvoir communiquent mal parce que cette communication est mal relayée par les organes de presse sur place. Si à ceux-là, on donne des informations crédibles par le canal d’hommes crédibles, il n’y aura aucun problème. Je pense qu’aussi bien l’État que le Pds peut faire passer sa communication à travers les médiats publics mais aussi privés. Maintenant si le Pds créé son groupe de presse, je ne suis pas contre. Les partis politiques doivent créer des organes de presse, des journaux d’opinion. Il ne faut cependant pas faire la confusion entre les organes de presse d’opinion et les organes de presse de l’État qui véhiculent la politique de l’État. Rien ne s’oppose à ce que l’État et le Pds fassent passer leurs communications dans les organes privés. Qui ne cherchent que l’information. Je pense qu’il faut surtout s’appuyer sur ces organes de presse pour faire une bonne communication.

Mais comment vous expliquez-vous, dans un Etat de droit, qu’un groupe de presse comme Futurs médias, qui n’a pas mis le feu dans le pays, qui a monté un projet de télévision crédible, se voit refuser la licence par le Président Wade, sous prétexte que le financement proviendrait de l’étranger, alors que c’est l’argent du promoteur ?

Pour avoir côtoyé Youssou Ndour, je crois que c’est un garçon sérieux. Je suis également au courant qu’il allait mettre sur pied une chaîne professionnelle. Et c’est vrai qu’on en a besoin. Maintenant l’État a ses réalités. Je ne crois pas que l’État a décidé, de façon irréversible, de refuser à Youssou Ndour sa télévision. Il appartient aux deux parties de s’asseoir et de faire des concessions mutuelles pour arriver à une solution. Qui va arranger les deux parties ?  L’opinion nationale et internationale ? Moi, je me définis comme un ami de la presse. Je souhaite vivement que cette télévision voit le jour (…). Si on me sollicite, je pourrais jouer aux bons offices car j’estime qu’on a besoin d’une télévision privée professionnelle... J’estime par exemple que l’Obs est un très grand journal, bien crédible, qui est géré par le groupe Futurs médias. De même que la Rfm qui fait du bon travail. Je ne vois pas pourquoi ce même groupe ne gérerait pas une télévision. Ce serait un plus dans le paysage médiatique sénégalais. Il faut se parler et non pas essayer de forcer les choses. Ce n’est pas une question de rapport de force. On ne peut jamais se battre contre un État. Il faut essayer de convaincre avec des arguments solides les responsables de l’État.

Ce n’est pas le Groupe Futurs Médias qui bloque la machine, ce serait plutôt du côté du Président et de son entourage.  

Je connais le Président. C’est un démocrate. C’est le premier à avoir créé un journal privé au Sénégal. Ce n’est pas cette personne-là qui va décider d’une manière arbitraire d’interdire une télévision privée dans ce pays. Il a certainement ses raisons. Il est généreux politiquement parlant, je crois qu’il ne cherche qu’à être convaincu de la nécessité de donner au groupe Futurs médias une licence. Il n’hésiterait pas s’il est convaincu. Mais la télévision reste un médium très sensible. Il faut y regarder de plus près pour l’autoriser. Le monde est aujourd’hui dirigé par les médias. Qui sont devenus un pouvoir. On comprend fort bien que l’État soit un peu plus vigilent pour accorder la licence. Ce n’est pas un refus catégorique ou une volonté de nuire. Je pense que si les deux parties se parlent, il y aura une solution et je prie pour cela.



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