Malveillance, indisponibilité, cherté des prix et manque de suivi dans les services offerts. Ce sont autant de raisons qui expliquent la volte face des patients vis-à-vis des établissements publics de santé au profit des pharmacies. D’ailleurs, l’installation dans les officines de pharmacie d’espaces dits « Points santé » autrement appelés par les patients « soigne tout », grâce à ses multiples fonctions, est très sollicitée par les populations surtout celles de la banlieue.
Les structures sanitaires sont pour les populations les voies les mieux indiquées pour se faire consulter. Mais, avec l’installation dans les officines de pharmacie d’espaces dits « points santé », les pharmacies sont devenues des lieux de convergence des populations. En tout cas, c’est le constat fait dans une pharmacie sise à Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar. À l’entrée, une foule immense fait le pied de grue en attendant d’accéder aux services souhaités. D’un côté, des hommes, des femmes accompagnées ou pas de leurs enfants assis sur des bancs attendent impatiemment leur tour. De l’autre, est posté l’appareil autrement appelé par les populations « soigne tout » et sur lequel les patients montent à tour de rôle afin de disposer d’informations sur leur tension artérielle, leur poids, etc.
Cet appareil, selon un pharmacien, qui a préféré garder l’anonymat, informe à la fois et de manière électronique ou physique des mesures sur le poids, la taille, la tension mais aussi édifie la personne sur les excès qu’elle a tant du point de vue de son poids que de la graisse qui circule dans son organisme. Du côté des populations, on apprécie positivement les services offerts. « L’accueil est très chaleureux. On nous donne de bons conseils et les prix sont abordables. Ils varient entre 500 et 1000 F Cfa. Donc, ils sont accessibles à tous », témoigne une femme enceinte accompagnée de son mari. Même son de cloche chez un jeune homme de 25 ans qui, selon lui, « se sent plus en sécurité dans les pharmacies que dans les dispensaires ou l’attente est interminable avant d’être reçu par un médecin ». Quant à Bator Sow, âgé de soixante ans, marchant avec des béquilles, il raconte le calvaire enduré dans un des hôpitaux de la place pour justifier sa présence sur les lieux. « J’ai couru pendant des mois derrière un médecin pour se faire prescrire une ordonnance », déplore M. Sow qui considère que les établissements publics de santé sont malveillants. D’ailleurs, c’est ce qui explique, à ses yeux, cette ruée des populations vers les pharmacies.
À Pikine aussi, c’est le même scénario. Des patients, tickets à la main s’agglutinent devant le comptoir pour se faire prendre la tension en attendant de recevoir les conseils du pharmacien. Interrogée sur les raisons de sa présence, une jeune dame, la trentaine répond : « C’est ma fille qui a de la fièvre et une diarrhée chronique accompagnée de vomissements ». Si notre interlocutrice a tenu à venir à la pharmacie et non à se rendre dans une structure sanitaire, c’est parce que, selon elle, dans les hôpitaux et centres de santé « on vous demande trop d’argent et en plus vous n’êtes pas bien suivis contrairement aux pharmacies ». Dans le même sillage souligne un jeune homme, l’air maladif : « J’ai choisi de venir dans cette pharmacie parce qu’on donne des conseils pratiques ». Pour lui, dans les postes de santé, il est difficile de voir un médecin pour se faire consulter.
De son côté, le pharmacien soutient, pour sa part, que l’installation de ces « Points santé » n’est pas une volonté de concurrencer les centres de santé. Au contraire, précise-t-il, c’est pour être plus proche des populations afin d’assumer leur rôle de conseils. À son avis, c’est l’absence de dispositif médical efficace dans la banlieue qui justifie l’affluence massive des populations vers les pharmacies, surtout en cas d’urgences. Il ajoute pour préciser que « contrairement aux médecins, les pharmacies travaillent 24 heures/24 et reçoivent sans rendez-vous ». D’où le choix porté par les populations sur elles.
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