C'est pour juguler le fléau de l'émigration clandestine et son lot de victimes qu'une rencontre d'experts s'est ouverte, depuis hier, à Dakar. Objectif : réfléchir les voies et moyens d'endiguer le mal. Des émigrés clandestins sénégalais en partance pour les Îles Canaries se sont retrouvés... en Gambie. Au pays de Yahya Jammeh, nos compatriotes ont été, dès leur contact avec le littoral, acheminés vers le commissariat de Police de Sérékounda où ils ont séjourné pendant quarante-huit heures. Puis, ils ont été transférés à l'école sénégalaise de Banjul où on leur aurait fait savoir qu'‘ils sont libres de partir’, selon une source anonyme. Mais, jusqu'aux dernières nouvelles, ils y seraient détenus. Une autorité de l'ambassade du Sénégal en Gambie que nous avons contactée par téléphone à Banjul, ne confirme ni n'infirme la présence de ces émigrés sur le sol gambien. Elle se refuse à donner de plus amples informations sur cette affaire, nous renvoyant au ministère des Affaires étrangères. En tout cas, ce que l'on peut affirmer, c'est que la pirogue au bord de laquelle ils avaient pris place pour rallier l'Espagne, n'est pas arrivée à destination. Pis, elle a chaviré, occasionnant beaucoup de pertes en vies humaines dans ce groupe d'environ 70 personnes. Seules 60 d'entre elles ont pu être transbordées et ramenées en Gambie où elles se trouveraient encore. Attendant, certainement, que le Sénégal veuille bien les y récupérer. C'est pour éviter de telles déconvenues aux jeunes de la sous-région tentés par l'émigration vers l'Espagne à bord d'embarcations de fortune que se tient à Dakar, depuis hier, la première réunion des hauts fonctionnaires de la prochaine conférence Europe-Afrique sur la migration et le développement, prévue à Rabat, les 10 et 11 juillet prochain. Présidant son ouverture, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Me Ousmane Ngom, conviendra que, ‘pour le continent africain qui compte à lui seul 50 millions de migrants, 50 % des personnes déplacées et 28 % des réfugiés dans le monde, la migration est devenue un phénomène particulier qu'il est urgent de gérer, de façon rationnelle et concertée, avec nos partenaires’. Cette réunion des experts de deux jours (du 6 au 7 juin), vise à ‘poser les jalons d'un dialogue renouvelé, sincère, plus large et fécond, entre l'Europe et l'Afrique, sur la problématique de la migration et du développement’, souligne le ministre de l'Intérieur. Selon Me Ngom, l'histoire de l'humanité, de l'antiquité à nos jours, est faite de migrations. Et que la migration elle-même a toujours été et demeure un moteur de l'histoire. De ce fait, elle concerne la vie et l'épanouissement des citoyens d'abord. Elle a des conséquences sur le développement économique et un impact considérable sur le devenir des nations. Toutefois, le fait d'aspirer à éradiquer totalement la migration serait, à en croire Me Ousmane Ngom, ignorer les immenses avantages sur les plans socio-politique et économique. Mais aussi et surtout négliger l'apport du brassage des peuples, le dialogue des cultures, l'alliance des civilisations et le devenir de l'humanité. Ainsi, la problématique centrale de la réunion des hauts fonctionnaires, loin de chercher à arrêter les flux migratoires internationaux, va plutôt identifier la meilleure manière d'optimiser les bénéfices qui en découlent pour le bonheur de tous. Car dans un contexte actuel de mondialisation, plus qu'une nécessité, ‘c'est devenu un grand défi de mettre sur pied une bonne politique concertée de gestion des migrations’, note Me Ngom. Et d'ajouter, ‘notre préoccupation majeure est de fixer nos populations dans nos pays, avec des programmes de développement qui favorisent l'épanouissement individuel et collectif ainsi que l'espoir de prospérité économique’. Pour mener ce combat, il faut, d'après lui, utiliser la qualité des ressources humaines au service du développement endogène des pays africains qui regorgent de potentialités considérables. Cette réunion est le début d'un processus qui se poursuivra jusqu'à la prochaine rencontre de Rabat (initiée par le Maroc, la France et l'Espagne). Elle constitue une démarche qui aboutira à la mise en œuvre d'un plan d'action. Car, comme l'ont confirmé, l'ambassadeur du Sénégal à Bruxelles, Mame Balla Sy et Georg Lennkh de l'Union européenne, il urge de passer aux actes.
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