Le ramadan, mois béni de l’islam est par excellence un moment de partage pour les fidèles musulmans. Mais les mendiants de Dakar n’ont pas senti les largesses de leurs coreligionnaires. Pour cause, leur revenu n’a guère évolué.
Lorsqu’on se promène dans les grandes artères de la ville de Dakar, on se surprend de rencontrer des mendiants à tout bout de chemin. On les dépasse tendant la main aux passants et aux automobilistes, par exemple, auprès des feux de signalisation, au niveau des rond-points, à la cité des Eaux, vers Castors, du côté de Sahm, sur l’avenue Cheikh Anta Diop et au niveau de la grande mosquée de Dakar, sur l’avenue Malick Sy , entre autres. La très passante avenue Malick Sy a cette particularité d’être très fréquentée par les mendiants de tout acabit. Elle est tous les jours remplie de mendiants. Il s’agit de handicapés moteurs, de talibés (élèves des écoles coraniques), des femmes et des hommes en parfaite santé. On les reconnaît à vue d’œil par les haillons qu’ils portent et leurs mines fatiguées qu’accentuent la chaleur et les rigueurs du mois de ramadan.
Lorsqu’on leur pose la question de savoir comment se porte la mendicité durant ce mois béni de ramadan ? Les mendiants qui opèrent à Dakar et ses environs, disent ne pas observer une amélioration de leur revenu journalier par rapport à la situation d’avant.’Cette période du ramadan n’entraîne que la fatigue et sans aucune évolution sur notre revenu’, se plaint Mohamed Camara, un jeune mendiant malien, résident au quartier Sam-Sam de Thiaroye, mais rencontré devant la grande mosquée. Il reconnaît volontiers qu’il ‘est mendiant depuis sept ans, mais son revenu ne cesse de baisser depuis lors’.
Sa situation est identique aux autres mendiants bien que cela soit leur unique gagne-pain. Il soutient que ‘cela est lié au fait que tout le monde est devenu mendiant, même les personnes en parfaite santé et sans aucun handicap. Ils rivalisent avec nous les handicapés. C’est pourquoi nous ne pouvons rien avoir à cause d’eux’. Une situation qu’il déplore énormément. ‘Je suis handicapé moteur, je ne parviens même pas à me nourrir en mendiant, si je trouve du travail, je vais laisser la mendicité à ces derniers qui rivalisent avec nous’, lâche-t-il du bout des lèvres.
Et de poursuivre : ‘même si le peuple a triplé ce qu’il donnait durant ce ramadan, ils ne peuvent sentir d’augmentation du fait du nombre élevé de mendiants dans la capitale’.
Un autre mendiant manchot du nom d’Omar Diallo, habitant la Médina, soutient pour sa part ‘le manque de solidarité des riches’. Son constat est que ‘les riches du Sénégal ne sont pas du tout généreux. Et même s’ils doivent donner de l’aumône, ils préfèrent le donner a ceux qui ne sont pas handicapés’.
A l’intérieur de la grande mosquée, se trouve un groupe de mendiants originaires de la Guinée Conakry assis à l’ombre pour se reposer. Parmi eux, se trouve Mouhamadou Barry, un jeune mendiant avec des béquilles vivant entre la gare routière ‘Pompier’ et la Médina. Pour lui ‘tout est question de chance dans la vie de l’homme. Il y a des jours fructueux où ils gagnent beaucoup mais aussi des jours de vaches maigres avec des recettes très décevantes’. Il déplore à son tour ‘le manque de solidarité de la population, dont les dons ne se limitent qu’à quelques morceaux de sucre, des miettes de colas et à quelques habits’.
Un autre de ses compatriotes, mendiant dénommé Abdourahmane Ba ‘salue la venue du mois de ramadan qu’il considère comme un moment béni pour toute la Ouma islamique’. Néanmoins, il est du même avis que ses camarades, ‘le ramadan n’a pas influé sur notre revenu’, jure t-il.
Cependant, les talibés (élèves de l’école coranique) sentent eux une amélioration sur leur revenue durant le ramadan. Même si l’augmentation n’est pas très considérable.
Par rapport à cet état de fait, Mahmoudou Sy, un vieux d’un âge très avancé a lui sa propre explication. ‘Le peuple donne de la charité qu’il préfère verser dans les caisses des mosquées. Pour contribuer aux séances de lectures du coran et pour assurer une rupture du jeûne pour les musulmans dans ces mosquées ’, avance-t-il.
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