Dakar, 22 août (APS) - Une petite marmite posée sur un fourneau tenu en laisse à l'aide d'un fil de fer et, autour du cou, des tasses à jeter enfilées comme des perles : avec un tel attirail devenu son label, le vendeur de ''café Touba'' se repère facilement dans les artères de Dakar qu'il arpente nuit et jour à la recherche du client.
Apparemment, le jeu en vaut la chandelle pour ces bonshommes, généralement de la confrérie mouride, et vendeurs d'un café moulu localement et que la légende rattache à la ville sainte de Touba, si ce n'est à son fondateur Cheikh Ahmadou Bamba.
Pour Aïnina Diallo, un vendeur du liquide noir rencontré à la Médina (vieux quartier de Dakar), ''le café rapporte de l'argent''. Elève en classe de première au collège Saint Michel, il a mis à profit les vacances pour donner un coup de main à sa mère, histoire, dit-il, de ne rester ''à rien faire''.
Déjà en plein dans le commerce, il explique qu'avec un kilogramme de ''café Touba'' acheté à 800 FCFA, il peut avoir de quoi remplir ''cinq fois la cafetière'' et obtenir à chaque cafetière écoulée un bénéfice de 550 FCFA. Cela fait deux mois qu'il a troqué livres et cahiers contre les verres de ‘'café Touba'' servis chaud et mousseux à une clientèle qui en demande toujours.
Originaire de Touba, Bassirou Lèye, un vendeur qui officie à la cité Claudel, reconnaît également qu'il s'en tire bien, même si côté bénéfice cela varie.
''Parfois, explique-t-il, je m'en sors avec 3000 FCFA, d'autres fois je peux arriver à un bénéfice de 4000 FCFA. Il m'arrive même d'atteindre des pics de 5000 FCFA''.
Au lieu du kilogramme de café, il en achète huit à raison de 1300 FCFA le kg et ainsi les bénéfices peuvent augmenter sensiblement jusqu'à permettre à cet homme, installé à Dakar depuis trois ans, de se marier et de ...s'acheter un terrain.
Le même discours peut être tenu par Modou Mbaye, un homme qui vend du ''café Touba'' depuis onze ans. Etabli aux Parcelles assainies où il officie en même temps, Modou entretient sa famille avec un tel commerce qu'il a appris à exercer, car chez lui, dans sa région d'origine, on ne connaît pas beaucoup ce genre de boulot.
''Personne de ma région ne sait que je suis un vendeur de café. Les gens pensent que je fais un boulot qui rapporte beaucoup d'argent parce qu'ils me sentent plus ou moins à l'aise'', indique-t-il dans sourire.
Modou Fall, vendeur à la place de l'Obélisque à Colobane, entretient, avec son commerce, ses parents restés à Touba Darou Miname et, avec le reste de ses bénéfices, trouve de quoi payer son loyer. Talibé de Serigne Bassirou Mbacké, tient-il à préciser, il lui arrive, durant les jours fastes, de se retrouver avec un gain de 5000 FCFA. Tout comme, hélas, il peut rester une journée durant sans voir l'ombre d'un acheteur.
Quoi qu'il en soit, des vendeurs de ''café Touba'' se sont regroupés en une sorte de mutuelle pour tirer meilleur parti de leurs activités. C'est le cas de certains talibés de Serigne Modou Kara qui ont formé depuis 1995 une association œuvrant pour leur guide. Dans ce cadre, ils ont installé une buvette baptisée ‘'Firdawsi Café'' à la Gueule Tapée (quartier populaire de Dakar).
Pape Cheikhou Dia, vendeur de café et membre de l'association explique qu'avec un bénéfice de 5000 francs pour un kg de breuvage commercialisé, ils divisent en trois parties leurs revenus : la première est réservée au grand Magal de Touba, la deuxième, au Magal de Darou et la dernière partie au fonds social.
Avec un tel procédé, l'association a pu secourir beaucoup de gens, notamment ''des disciples qui ont perdu leurs parents ou qui doivent se marier et qui n'ont pas les moyens'', révèle M. Dia selon qui c'est ‘'grâce à Cheikh Ahmadou Kara Mbacké'' qu'il font ça, sans compter que ‘'le café Touba a des vertus thérapeutiques extraordinaires''.
En vérité, les hommes ne sont pas les seuls à faire ce commerce. Des femmes s'y sont lancées à l'image de Rokhaya Diop qui vend du ''café Touba'' depuis six ans.
''Mon mari ne travaille pas. C'est grâce à la vente du café Touba que je prends soin de mes 7 enfants et de mon mari aussi'', explique-t-elle.
La seule difficulté rencontrée à ce niveau demeure, selon la jeune femme qui a son commerce à Colobane, ''l'attitude des agents du service d'hygiène et de la mairie qui ne cessent de nous (elle et ses collègues) demander de quitter les lieux''.
''J'ai mon certificat médical de visite et de contre-visite que je renouvelle tous les trois mois. Donc, ils doivent nous laisser en paix, car on a que la vente du café Touba pour subvenir à nos besoins''.
Quant à Fatma Fall, une vendeuse de 35 ans établie à Keur Serigne Mourtalla Mbacké, le café lui permet de payer sa location et d'aider ses deux enfants.
Divorcée depuis longtemps, cette serveuse du liquide noir peut avoir 6. 000 FCFA par jour. Mais elle signale le cas de clients qui, sous prétexte de souscrire un abonnement viennent prendre leur breuvage durant un laps de temps, puis un beau matin ils disparaissent sans payer ni laisser d'adresse...
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