L’excision continue de faire des malheurs au Sénégal, et la chanteuse Sister Fa, elle-même victime de cette pratique, s’est engagée à sensibiliser les populations pour son abandon. Elle compte utiliser sa musique pour réussir dans son dessein, révélation qu’elle a faite lors de son point de presse d’hier.
L’éducation sans l’excision. Telle est la volonté de la chanteuse Sistre Fa, qui s’est engagée dans une campagne de sensibilisation pour l’abandon de l’excision, puisqu’elle-même étant une victime de cette pratique. «J’ai été excisée par ma mère et je ne me souviens même pas de l’âge que j’avais à ce moment. Elle ne l’a pas fait par méchanceté, mais pour que je ne sois pas marginalisée dans notre communauté», a-t-elle révélé, hier, lors de son face-à-face avec la presse. Elle s’est jointe aux efforts de l’Organisation non gouvernementale Tostan pour promouvoir la santé et la dignité des femmes, à travers une série de spectacles sur le territoire national. Elle s’active pour une sensibilisation sur les risques et conséquences de l’excision, grâce notamment à la tournée de projection du film «L’Appel de Diégoune», réalisé en 2008 en langue Diola par le village du même nom situé en Casamance, l’Ong Tostan et le collectif belge Respect. «Nous ne sommes pas là pour lutter contre l’excision, mais pour sensibiliser les populations sur cette pratique», a ajouté l’artiste originaire de Thionck Essyl (Bignona) qui, compte utiliser sa musique pour véhiculer son message. C’est ainsi qu’elle s’est rendue avec son orchestre –composée d’européens– le 4 février dernier à Ziguinchor où elle a donné un concert, avant de se produire le 6 février à Thionck Essyl, à l’occasion de la Journée internationale pour l’abandon de l’excision. «Je voulais une nouvelle fois m’investir pour les droits humains dans ma région d’origine», a-t-elle expliqué. Et poursuivant son propos, elle ajoute : «L’excision s’est inclinée devant la musique.» «Il y a maintenant 4 201 communautés qui ont abandonné la pratique de l’excision», s’est félicité, pour sa part, Malick Guèye, responsable de la Communication de l’Ong Tostan. Il se fixe comme objectif d’œuvrer avec son organisation pour que le Sénégal soit le premier pays africain à abandonner cette pratique d’ici à l’horizon 2012-2015. Il se réjouit d’ailleurs des résultats satisfaisants obtenus, avec une sensibilisation dans soixante-dix (70) villages. «L’abandon de l’excision a permis une amélioration de la communication, l’émergence d’un leadership féminin, le maintien des filles à l’école, mais aussi un changement des croyances dans les villages visités», a-t-il renseigné. Toutefois, il ne se voile pas la face quant au refus de certaines communautés à abandonner cette pratique. C’est pourquoi, il a annoncé le lancement d’un plan d’action dans les prochains jours. Cependant, Sister Fa et l’Ong Tostan ne comptent pas se limiter à Ziguinchor. Ils nourrissent l’ambition de toucher d’autres localités où l’excision continue d’être pratiquée, notamment le Fouta où «94% des filles sont excisées». Mais aussi dans les pays de la sous-région, comme la Guinée, le Mali ou encore le Burkina Faso. La chanteuse sera en spectacle le 12 février prochain à Dakar pour terminer sa tournée de sensibilisation.
5 Commentaires
Alinom Di Attihom
En Mars, 2013 (01:28 AM)Enracinement
En Mars, 2013 (15:58 PM)Alpulhaarmandingue
En Mars, 2013 (16:03 PM)Joola
En Mars, 2013 (23:01 PM)Auxjoolas
En Mars, 2013 (06:32 AM)Participer à la Discussion