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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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SOUS LA MENACE DE L’HIVERNAGE : Médina Gounass vit dans l’angoisse

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SOUS LA MENACE DE L’HIVERNAGE : Médina Gounass vit dans l’angoisse
A Médina Gounass, un quartier de la banlieue de Dakar, on se passerait bien de la pluie. Car, en réalité, elle n’a fait que des dommages aux habitants. Du coup, quand l’hivernage approche, c’est le branle-bas de combat. Tout le monde se hâte comme il peut pour « lutter » contre les éventuelles inondations. Des efforts vains car l’eau parvient quasiment toujours à avoir le dessus ; mais que faire ! L’heure est aux réunions, à l’achat de gravats et de sable. Toutefois, l’angoisse est toujours là. Devant les promesses encore non tenues du maire, on scrute le ciel, certain qu’il va ouvrir ses vannes dans quelques semaines. Médina Gounass un des quartiers les plus pauvres et les plus peuplés de la banlieue dakaroise vit toujours dans la peur.

Un sol encore humide. Des flaques d’eau tout le long de la route principale menant vers le Lycée Limamou Laye. Des maisons en état de délabrement très avancé. Tel est le décor présenté par la commune d’arrondissement de Médina Gounass, un quartier de la banlieue dakaroise. L’un des quartiers les plus populaires. A l’approche de la saison des pluies, l’angoisse règne encore en maître chez les habitants. On n’a pas encore oublié les tribulations de ces dernières années. D’ailleurs, comment est-ce possible puisque l’eau est toujours là, menaçant, envahissant les maisons abandonnées. Dans le quartier Amadou Hann, tout près de la mairie d’arrondissement, on s’attelle déjà aux « préparatifs de la saison des pluies ». Mariama Ndiaye est en train d’écailler le poisson, dehors, pendant que de jeunes garçons, à l’aide d’une brouette, déversent le long du mur de la maison, les gravats qu’elle avait achetés la veille au prix de 20.000 francs. « Chaque année c’est comme ça », raconte-t-elle : « c’est pour protéger le mur, sinon l’eau va envahir la maison ». Le sourire aux lèvres malgré les tracas quotidiens et l’inquiétude permanente, elle ajoute : « il y a des années, les eaux avaient envahi toute ma maison. J’ai finalement remblayé et remblayé encore jusqu’à presque atteindre le toit pour élever le mur et reconstruire des chambres. C’est ce que font presque tous les gens ici. Pour dire que si j’avais épargné tout cet argent j’aurai pu avoir une villa toute neuve ». Si Mariama Ndiaye a pu trouver un peu de sous pour acheter du gravats, ce n’est hélas pas le cas de la vieille Ndèye Mboup. Assise devant son étal, elle est l’une des victimes des inondations de l’année dernière. Elle fait partie de ceux qui ont le plus souffert de cet incident malheureux. « Je peux dire que l’angoisse est le lot quotidien de tous les habitants du quartier, dont moi principalement ; surtout en cette période où la saison des pluies approche ». Le regard lointain, elle ajoute : « j’étais en train de me demander, où je pourrais trouver de l’argent pour acheter un camion de gravats ». Ndèye Mboup n’est pas propriétaire de la maison ; celle-ci appartient à son fils. Ce dernier travaille certes, mais il est encore loin d’être apparenté à Crésus. Les temps sont durs et les habitants de Gounass se battent tout de même pour sortir de ce marasme économique qui « empeste » leur existence. Une population dont la principale activité est le commerce, la mécanique et la menuiserie. Et si la pluie est une aubaine pour les croyants, c’est d’un autre côté une hantise pour les habitants de la localité. Car, outre le fait qu’ils ne dorment pas du sommeil du juste durant toute la saison, ils ne peuvent pas travailler correctement non plus pendant cette période. Du moins pour certains. Babacar Samb fait partie de ceux-là. Menuisier de son état, ce garçon, la trentaine consommée, tient son atelier aux abords de la route. Tous les ans, il se voit obligé de fermer boutique pour rejoindre l’atelier de son frère qui se trouve de l’autre côté. « Il y a pourtant une motopompe mais cela ne fonctionne pas normalement », avance-t-il. Il revient à son atelier si l’appareil évacue l’eau et repart rejoindre son frère au cas où il est en panne ; car l’eau envahit tout l’atelier. Dix camions de sable, révèle-t-il, ont été achetés pour remblayer. Quant à Babou Ndiaye, il reste deux mois sans travailler, attendant que la saison des pluies retourne d’où elle était venue. Le menuisier est un membre actif de l’association créée par les habitants de la localité, appelée, Mouvement And soxali médina Gounass. « Nous devons rencontrer la mairesse Woré Sarr dans les prochains jours pour discuter de l’hivernage qui arrive. Elle nous avait promis une canalisation pour évacuer les eaux, mais jusqu’à présent rien n’est fait. Pourtant, elle avait donné un délai de 15 jours. Vous leur demandez pourquoi en dépit de tous ces tracas, qui se pérennisent, la coalition Sopi 2009 arrive à gagner la localité de Médina Gounass, lors des joutes électorales, la réponse reste la même, la mairesse a loué des cars « Ndiaga Ndiaye » pour faire venir les sinistrés logés à « Jaxaay » ; et ce sont eux qui ont voté pour elle. « Il leur a même donné à manger », lance, Babacar Samb. Le menuisier de poursuivre : « ici les gens sont pauvres. Alors la mairesse en profite, donnant 2.000 francs par-ci, 1500 francs par-là pour gagner des voix. Le pire, c’est qu’on ne la voit même pas. Elle a déménagé à la cité Gadaye ». Du haut de ses 72 ans, le vieux Mor Siby est visiblement abattu par le stress et une angoisse existentielle. Avec quatre épouses dont trois vivant sous le même toit dans sa maison à Gounass, le vieux Siby déménage chaque année, chassé par les eaux. Il se débrouille pour trouver un toit où loger sa famille. C’est souvent des bonnes volontés qui l’aident puisqu’il n’a plus aucune source de revenu. « Jamais la mairesse n’a fait quelque chose pour moi », se plaint-il.

L’eau des robinets est « impure »

A côté de ses eaux stagnantes, il y a l’eau « impure » des robinets. La vieille Adja Diallo ne se complique pas la vie ; tous les jours elle achète des sachets d’eau d’une valeur de 900 francs, voire 1200 francs, servant uniquement à boire. Et pour les autres besoins, elle chauffe l’eau avant d’en faire usage. « C’est cela notre quotidien, car l’eau est de mauvaise qualité. Il faut reconnaître que tout le monde ne peut pas se permettre d’acheter des sachets d’eau ». Ce qui est sûr, c’est que les boutiquiers ne se plaignent pas trop. En effet, les sachets d’eau se vendent comme de petits pains. I Diallo est boutiquier, « Al hamdou Lilah ça marche. Mais, il faut dire que cela fait presque deux ans qu’il en est ainsi. Les habitants sont obligés d’acheter de l’eau à Guinaw Rail (un quartier se trouvant à quelques kilomètres) pour leurs besoins. Si tu n’en as pas les moyens, tu te contentes de cette eau impure, tout en se remettant à Dieu ». A en croire le boutiquier, à force de mettre cette eau dans un bidon, le fond fini par prendre une couleur noirâtre. Face à ces plaintes des habitants de la localité de Médina Gounass, votre serviteur s’est rendu à la mairie pour rencontrer Woré Sarr, mais elle n’était malheureusement pas sur les lieux. A 11 heures. Sa secrétaire, une jeune dame assise devant son ordinateur, semblait s’ennuyer pour n’avoir rien à faire. Elle nous apprend que la mairesse se rend quotidiennement à l’assemblée nationale pour l’affaire de la vice-présidence qui est d’actualité au Sénégal (argument fallacieux d’autant que les deux chambres ont voté la loi depuis longtemps et le Parlement en a fait de même avant-hier mardi). Notre tentative de joindre une autorité pouvant nous édifier sur la situation est restée vaine car même les adjoints au maire n’étaient pas présents à cette heure de la journée.



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