Université Cheikh Anta Diop de Dakar: Le campus étouffe

Difficile de se frayer un chemin à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, par ces temps qui courent. Tant le temple du savoir, par vocation, s'est transformé à un véritable marché Sandaga. S’y ajoute que ce périmètre de la connaissance a perdu de son lustre d'antan ; d'où la colère de certains étudiants rencontrés. ,Bien des autorités de ce pays sont passées par l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Mais ce temple du savoir suffoque.

D’abord au niveau des effectifs : 45000 nouveaux bacheliers, l’ont envahie cette année, selon le recteur Abdou Salam Sall. De ce fait elle a dépassé sa capacité d'accueil. Conséquence : elle a perdu en esthétique et en quiétude. Un étranger qui y débarque fraîchement reste ébahi face à ce phénomène. C'est la guerre partout pour les « bleus » en particulier : à la police pour légaliser, au restaurant, au guichet de vente des tickets de restauration, au service de la scolarité pour les besoins d’inscription, à l'office du baccalauréat, au service médical. Idem dans les toilettes, devant lesquelles il faut se boucher le nez et faire la queue. "Franchement, c'est très dur. Les élèves dés qu'ils ont le bac, sont pressés de venir à l'université. Dés qu'ils voient la queue interminable, ces jeunes sont découragés », rapporte ce nouvel étudiant. Les longues queues partout ont aussi enrichi le lexique des étudiants : C’est le cas du mot "jaalgati", utilisé pour qualifier ceux qui veulent passer outre cet ordre, renseigne Mademba, sur pied depuis l’aube pour « l’impératif » du petit-déjeuner. Pour solutionner cette difficulté, cet étudiant en DEA à la faculté des sciences et techniques soutient qu'il faut créer d'autres guichets pour la vente des tickets, construire un autre poste de police pour la légalisation. Au niveau de l'inscription, il préconise l’augmentation des guichets. Il urge donc pour les autorités de désengorger l'université Cheikh Anta Diop, de l’équiper et de la rénover. Déjà de jeunes étudiants regardent vers le centre régional de Bambey et se demandent ce qui retarde son ouverture ; tant leur milieu d’évolution actuelle est devenu un facteur et un espace de stress. C’est le ministre Moustapha Sourang qui est donc interpellé.